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Musée d’ethnographie de Genève
Genève : Villa Sovietica

Le MEG de Conches propose un voyage émotionnel dans le quotidien russe.

Article mis en ligne le novembre 2009
dernière modification le 2 juillet 2010

par Julie BAUER

Du 2 octobre au 20 juin 2010, dans l’annexe du Musée d’ethnographie de Genève (MEG), à Conches, se tient une exposition atypique présentant, de la cave au grenier, quelques mille objets soviétiques d’usage quotidien.

Imaginée par la commissaire Alexandra Schüsler et son équipe, Villa Sovietica joue avec la curiosité du visiteur, explore les différents sens de celui-ci et met en lumière l’architecture de la villa Lombard. Un voyage émotionnel pour s’interroger sur notre mode d’interprétation d’une culture.

Emotions
Dès son arrivée, le visiteur est accueilli par un tapis rouge formé de 52’000 petites bulles de latex inégales qui l’obligent à regarder où il pose ses pieds. Il reçoit une carte contenant les informations qu’il pourra consulter à sa guise car, dans cette exposition, ni texte, ni panneau ne sont disposés sur le parcours, l’expérience fait appel avant tout aux émotions de chacun.
Le chemin de la visite est déterminé par la verticalité du bâtiment. Cela débute donc dans la cave, la couche de l’humus, où se trouve un capharnaüm d’objets de la vie quotidienne de l’ex-URSS qui se mêle à des pièces de la collection européenne du MEG ainsi qu’à des objets en provenance d’Emmaüs. Se déplacer dans ce dédale n’est pas une tâche aisée. Le spectateur expérimente la saturation visuelle, et s’interroge sur l’omniprésence de la matérialité dans sa vie quotidienne, tout en essayant de distinguer les objets soviétiques des objets occidentaux. Au passage, il marchera sur de la vaisselle et laissera vagabonder son regard jusque dans les recoins les plus inaccessibles.

La visite se poursuit au rez-de-chaussée, un étage consacré aux collectionneurs. Certains objets aperçus au sous-sol, tels que des pin’s à l’effigie de Lénine, des tchebourachkas, sorte de Mickey Mouse soviétiques, des décorations de Noël, des appareils électroniques, sans oublier les célèbres matriochkas, ont été extraits de l’humus et mis en avant dans des vitrines traditionnelles de musée. A l’autre bout de la pièce, le visiteur est ensuite attiré par l’odeur entêtante provenant de la véranda entièrement tapissée d’oignons dont la signification peut être sujette à de multiples interprétations. La dernière salle de ce niveau, s’ouvre sur une installation de plusieurs machines attachées ensemble qui projettent sur les murs blancs des diapositives de l’époque soviétique.

Questionnements
Le palier suivant est consacré aux anthropologues et à leurs questionnements. Ceux-ci invitent le visiteur à vivre deux expériences. L’une s’adresse à l’ouïe avec l’écoute de salves d’applaudissements d’intensités différentes qui sortent d’un vieux poste de radio, unique objet trônant dans une pièce totalement dépouillée. Les diverses interprétations vont du totalitarisme à la métaphore sur le travail accompli par les concepteurs de cette exposition. L’autre expérience s’adresse à la vue et, plus particulièrement, fait appel au sentiment voyeuriste en jouant avec la curiosité de chacun, la tentation de regarder dans un trou de serrure ou de voir un salon soviétique que l’on ne pourra apercevoir qu’en grimpant au sommet d’une échelle. Cette disposition se veut une prise de conscience pour el public que le cadrage ainsi que son regard sont guidés par la volonté des concepteurs, comme c’est le cas dans tous les musées.
Enfin, la visite s’achève au grenier. Un étage dédié à la production artistique et artisanale, donc au toucher. Tout au long du périple, le visiteur a effectué une purification pour arriver à ce lieu de création qui n’est séparé des étoiles et du ciel que par un bout de plafond. Celui-ci est invité à confectionner une figurine. La seule contrainte imposée, c’est la couleur : le blanc. Le but, selon Alexandra Schüsler, est de « remplir de figurines blanches ce grenier. Elle seront, en quelques sortes, les fantômes de la maison ».

En complément à Villa Sovietica, le MEG de Carl-Vogt accueille du 18 septembre au 8 novembre l’exposition Cadrer l’Est qui présente les photos prises par l’équipe lors du voyage de terrain durant les recherches autour de la collection soviétique.

Julie Bauer

Infos :
Villa Sovietica, ch. Calandrini, 7, 1231 Conches.
Jusqu’au 20 juin 2010, du mardi au dimanche, 10h-17h.