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Galerie Sonia Zannettacci
Genève : Olivier O. Olivier
Article mis en ligne le 1er juillet 2010
dernière modification le 3 avril 2013

par Rosine SCHAUTZ

Olivier O. Olivier est né à Paris le 1er mai 1931. Le nom et la date lui vont à merveille : des yeux pleins de printemps solidaires derrière des lunettes rondes qui soulignent l’air de rien son patronyme.

Qui peut le plus craint le pire Olivier O. Olivier

Initié dès son plus jeune âge aux joies de la science des solutions imaginaires, comme disait Jarry, notamment grâce à son professeur de lycée Emmanuel Peillet, l’un des fondateurs du Collège de Pataphysique, puis membre du mouvement Panique, créé en France par Arrabal et par le regretté Topor, Olivier O. Olivier n’a eu de cesse de voir la vie comme un terrain de jeu absurde, y débusquant çà et là cocasseries, étrangetés hétéroclites et bizarreries fantasques qu’il nous restitue avec finesse et esprit dans ses tableaux. En témoignent certains titres de ses œuvres passées ou présentes : Le Retour de l’éléphant prodigue, série qui met en scène un éléphant vainqueur porté par des croque-morts prisonniers des pattes pachydermiques, voire confondus avec elles, ou encore sa suite peinte de tauromachies sur glace, Cinq heures, Les Capes, Le Paseíllo, l’Oreille, dont les noms évoquent pêle mêle les moments attendus dans toute corrida classique, entre sol y sombra.

Mais les titres n’expliquent pas tout d’une oeuvre, loin de là. Il faut regarder, scruter encore et encore les peintures, examiner la subtilité et la sûreté du trait, le voir se substituer aux sourires premiers, spontanés, qui affleurent chez l’observateur pressé. Olivier n’a pas ‘une bonne idée’ par tableau, ni un thème ‘à couvrir’ ou mettre en scène, ou pire, à ‘communiquer’. Il nous emmène dans son monde surréaliste, parfois mélancolique, monde où les distractions simples, éphémères, oniriques ont tout loisir d’exister, comme celle par exemple de jouer du violon sur des cheveux longs, sur quelques doigts d’une main ou à même le pavillon de l’oreille, et celle de jouer des flots de notes sur un piano à queue noir perdu au milieu d’une mer démontée.

Il faut donc aller, ou retourner peut-être encore une fois, à la galerie pour mieux entrer dans cet univers fabuleux au sens strict du terme où surgissent bêtes féeriques, animaux perdus, samouraïs assis en attente d’un combat à mener, pêcheurs prestidigitateurs qui savent lever des poissons du bout des doigts en dompteurs facétieux qui auraient subitement, magiquement, les pleins pouvoirs sur l’imagination loufoque de l’artiste et du spectateur.

Exposition pleine de délicatesse, donc d’humour, exposition irriguée par une conception malicieuse du monde, empreinte aussi de gai savoir, de poésie qui surgit par surcroît, en oblique en quelque sorte, qui vient corroborer ce qu’expliquait l’artiste en 1993 : « …je voudrais montrer qu’il y a un monde infini à côté, faire regarder ici tout en laissant penser que c’est aussi là-bas que cela se passe… Je peins une chose mais ce qui compte est plus loin ».

Rosine Schautz

Olivier O. Olivier
Galerie Sonia Zannettacci
jusqu’au 26 juin 2010