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Livre d’art et expositions
Genève, Maison Tavel : Les vertiges d’Humerose
Article mis en ligne le juillet 2007
dernière modification le 4 août 2007

par Jean-Michel OLIVIER

On ne présente plus Alan Humerose, photographe genevois dont le travail, depuis plus de vingt ans, allie intelligence et singularité. Les plus fidèles lecteurs de Scènes Magazine se souviennent d’ailleurs qu’il fut l’un des premiers collaborateurs du journal.

Depuis, cet insatiable chasseur d’images a multiplié les expositions (dont une au Japon) et les publications. Mentionnons, parmi celles-ci, Bien sûr la photographie, avec une belle préface de Nicolas Bouvier (La Chaux-de-Fonds, 1992), un ouvrage à deux voix, Duolithique, avec des textes de Pascal Rebetez (D’Autre Part, 1997) et les splendides planches de L’Herbier Humerose (Glénat, 2005) dont certaines, agrandies au format de drapeaux, ont pavoisé le pont du Mont-Blanc l’année dernière.

Dans le saint des saints
À mille lieues de l’exhibition de fleurs géantes, Humerose nous entraîne aujourd’hui dans le secret le plus secret : les réserves des bibliothèques et des musées, des conservatoires et des entrepôts. Entreprise fascinante et proprement infinie !
Grâce au photographe, dont la présence est si discrète qu’elle laisse le spectateur en proie à sa fascination, nous rencontrons les ombres du passé, nous explorons notre mémoire et nous déambulons au milieu des trésors oubliés (mais, bien sûr, soigneusement étiquetés : on n’est pas en Suisse
pour rien !).
Manuscrits entassés, masques mortuaires recouverts de patine, figurines de Wayang Kulit prêtes à vous raconter le Ramayana, innombrables têtes d’animaux, cartons remplis à ras bords de silex ou de fossiles, écorces d’arbres, parures de plumes, corail multicolore, etc. On se rend compte à quel point l’homme occidental a la passion des restes et des vestiges. Combien il aime accumuler, répertorier, classifier, momifier. Les réserves secrètes que nous ouvre Humerose nous donnent le vertige, comme si l’on découvrait à sa suite (c’est-à-dire presque clandestinement) une immense nécropole souterraine.
Que de merveilles ! Que de chef-d’œuvres qui ne verront peut-être jamais le jour, comme dirait Baudelaire :
Maint joyau dort enseveli
Dans les ténèbres et l’oubli…

Accompagnées de textes d’Antonin Moeri, d’Alain Bagnoud et de Jean-Pierre Keller (entre autres), les photos d’Humerose se déclinent en tons secrets et tamisés, comme les intérieurs de Vermeer qui aimait le silence et les lumières feutrées. Elles laissent l’imagination déambuler au gré des découvertes et des surprises.
Avec son illustration exacte du Vertige des Réserves, Alan Humerose nous offre son travail le plus abouti, tant dans sa conception que dans sa réalisation (magnifique travail d’impression de Jean Genoud). Un livre indispensable à toutes les bibliothèques !

Jean-Michel Olivier

Les œuvres d’Alan Humerose sont à voir :

 à la Maison Tavel (Puits-St-Pierre 6, Genève). Le vertige des réserves, photographies d’Alan Humerose, voyage photographique et capricieux dans les arcanes des collections publiques. Jusqu’au 2 septembre.

 au Musée historique des porcelaines (Château, Nyon). L’herbier Humerose. Jusqu’au 9 septembre

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