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A la galerie Daniel Besseiche, Genève
Genève, Galerie Besseiche : Monique Orsini

Analyse des travaux de Monique Orsini, qui s’inscrivent dans la grande tradition de l’abstraction lyrique.

Article mis en ligne le mars 2008
dernière modification le 23 mars 2008

par Françoise-Hélène BROU

Les travaux de Monique Orsini, artiste française d’origine corse et vietnamienne, s’inscrivent dans la grande tradition de l’abstraction lyrique et où transparaît par ailleurs un raffinement tout oriental. Un langage certes informel mais qui trouve son inspiration et ses images fondamentales dans les éléments naturels, comme l’eau, le végétal ou le minéral.

Monique Orsini. Série “Nuages flottants“, peinture sur toile, 80x40 cm

Monique Orsini expose ses œuvres récentes à la Galerie Daniel Besseiche. On y découvre une peinture informelle de facture classique rappelant les grands maîtres de l’abstraction lyrique française comme Soulages, Hartung, Bram van Velde ou Zao Wou-Ki. Les thèmes privilégiés de l’artiste s’inspirent de la nature et de ses phénomènes, ainsi ses formes et matières transcrivent-elles une calligraphie naturaliste où se dessinent, au rythme d’une fluidité ondoyante, terres, eaux, végétaux et minéraux. L’amplitude de l’écriture orchestre les surfaces dans une sorte de figuration du mouvement qui étonnamment demeure empreinte d’un hiératisme solennel, comme si la véhémence du geste se tempérait au gré d’une intériorisation progressive du propos pictural. Car si les peintures d’Orsini peuvent donner l’idée d’une certaine écriture automatique, à la manière des surréalistes, ou le sentiment d’une gestualité explosive, au sens de l’action painting, ses compositions gardent pourtant une distanciation expressive et un lyrisme contenu qui leur confère une gravité toute méditative.

Monique Orsini. Série “Nuages flottants“, peinture sur toile, 80x40 cm

L’urgence du geste scripteur se trouve en effet équilibrée par l’architecture élaborée des formes découpées en gros plans insolites et dont les tracés suggèrent à la fois énergie et matière, vitesse et immobilisme. Cette caractéristique reflète l’esprit du Zen selon lequel l’œuvre se crée au fur et à mesure du déplacement du pinceau sur le champ de la toile, scellant de la sorte la fusion du rythme et de l’esprit avec le mouvement du monde vivant. Les jeux de contrastes entre transparence et opacité, ombre et lumière, vitesse et lenteur, concourent à transposer les représentations d’Orsini dans une dimension autre que celle du trivial espace naturaliste.

Un espace diagonal et transversal fait de correspondances souterraines où le vol immobile de l’oiseau-mouche, la symétrie rayonnée des fleurs et feuilles, les taches, stries, ocelles et camaïeux des ailes de papillons, l’irisation éthérée des vents et nuages, les opalescences des schistes et micas, dessinent à l’envi un univers de métamorphoses et de combinaisons plastiques et chromatiques faisant fusionner l’esthétique et le géométrique.

Ces flux d’énergie transposés sur la toile révèlent une « écriture voyageuse » entraînant le regard dans les méandres du visible et de l’invisible, au cœur même de l’acte pictural qui soudain devient espace de communication.

Françoise-Hélène Brou

Orsini « Ecriture voyageuse ». Galerie Daniel Besseiche, 4 rue Henry Fazy, Genève. Du 13 mars au 3 mai 2008.