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Musée d’art et d’histoire, Genève
Genève : Alexandre Perrier

L’exposition permet au visiteur d’apprécier et d’observer une lente évolution vers un art toujours plus dépouillé

Article mis en ligne le juillet 2009
dernière modification le 25 août 2009

par Catherine GRATTON

L’exposition présentant l’œuvre du peintre genevois Alexandre Perrier (1862-1936) rassemble au Musée d’art et d’histoire près de 80 peintures, une sélection de dessins et de pastels ainsi que des carnets de croquis.
Le choix de présenter ces différents supports et techniques de travail offre une vision claire du processus créatif d’un artiste aussi intéressant qu’inconnu du grand public.

Né à Genève le 17 mai 1862, Alexandre Perrier s’engage après ses études au collège sur le chemin des arts appliqués. En effet, dès 1881, il entreprend à Mulhouse une formation de dessinateur d’impression sur étoffe. Sa vocation comme artiste peintre se révèle dès 1883, comme en témoigne une lettre qu’il adresse à sa mère :
Ces derniers temps, il s’est fait une grande révolution chez moi. (…) Tous les sentiments et les passions qui sommeillaient en moi, faute de stimulant, se sont éveillés et ont réagi sur le corps aussi bien que sur l’esprit, à tel point que la vue qui s’affaiblissait chez moi est presque totalement raffermie.

Récompense
Peu après son arrivée à Paris en 1891, il parvient à présenter deux tableaux au Salon des Indépendants, parmi lesquels figure une œuvre, aujourd’hui conservée dans les collections du Musée d’art et d’histoire de Genève, conçue dans la mouvance néo-impressionniste : la Jeune Convalescente. Au contact d’artistes et d’écrivains suisses installés à la même époque dans la capitale française, tels qu’Albert Trachsel, Ferdinand Hodler, Rodo ou Eugène Grasset, Alexandre Perrier s’adonne pleinement à son art. Son travail est récompensé par une médaille de bronze à l’Exposition Universelle de Paris en 1900 et présenté aux côtés d’œuvres de Cuno Amiet et Ferdinand Hodler, à la Sécession de Vienne.
De retour à Genève, sa peinture se concentre désormais sur les thèmes du paysage et de vues de montagnes, qu’il développe dans un langage raffiné. Sa touche précise s’allie à un subtil jeu tonal qu’il enregistre sur des carnets de croquis lors de ses longues promenades. Puis, dans la solitude de l’atelier, il recompose à partir de cette mémoire dessinée les formes essentielles libérées du modèle réel.
Sur cette démarche singulière, Charles Ferdinand Ramuz écrira :
Dans un paysage, il ne s’attachait qu’aux sentiments d’ensemble ou plutôt, si je pouvais dire, à sa musique.

Evolution
L’exposition, articulée selon un développement chronologique qui décline invariablement des Visions de montagne, permet au visiteur d’apprécier et d’observer une lente évolution vers un art toujours plus dépouillé, où la touche plus libre dissocie couleur et dessin.
Au sortir de ces salles lumineuses, le vœu exprimé par Alexandre Perrier voilà presque un siècle dans l’un de ses cahiers, se réalise pleinement :
Si celui qui sort de mon exposition emporte cette vision de lumière et d’atmosphère qui fait ma joie quand je me trouve en pleine nature, alors je pourrai jouir pleinement de la vie et m’en aller en toute sérénité.

Catherine Gratton

Alexandre Perrier. Musée d’art et d’histoire de Genève, 2, rue Charles Galland, jusqu’au 23 août 2009. Ouvert de 10 à 17 heures (fermé le lundi)