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Musée Rath, Genève
Genève : Alberto Giacometti

Magnifique rétrospective au Musée Rath.

Article mis en ligne le décembre 2009
dernière modification le 5 février 2010

par Catherine GRATTON

Ouverte depuis le 5 novembre, la rétrospective consacrée à Alberto Giacometti (1901-1966) présente pour la première fois au public romand l’intégralité de son œuvre.

Après L’atelier d’Alberto Giacometti au centre Pompidou (2007), Giacometti l’Egyptien au Kunsthaus de Zürich (2009) et Giacometti à la fondation Beyeler de Riehen (2009), voilà que le Musée Rath, à son tour, programme cet artiste fascinant. Loin de lasser, l’exposition actuellement présentée à Genève permet au visiteur de re-découvrir la carrière du sculpteur, dessinateur et peintre d’origine grisonne, que la vie conduit à deux reprises à s’établir à Genève.

Déconstruction
Entre 1919 et 1920, il profite de son passage à l’école des beaux-arts pour découvrir la cité du bout du lac et ses collections, puis de 1942 à 1945, la guerre l’empêchant de rentrer à Paris, il s’installe dans une chambre de l’Hôtel de Rive (aujourd’hui disparu). Durant cette période tourmentée, l’artiste déconstruit plus qu’il ne produit. Entre ses mains, la matière devient poussière. Rares sont les œuvres conservées de cette période, représentées toutefois dans l’exposition par trois sculptures qu’il réalise d’après un modèle vivant : son neveu Silvio. Son séjour genevois le conduit également à rencontrer celle qui deviendra son épouse et son modèle favori : Annette Arm.
Le programme d’exposition est ambitieux puisqu’il décline, à travers plus de deux cents œuvres, l’ensemble de la carrière de l’artiste. Respectant un principe chronologique, chaque salle met en relation des œuvres sculptées, peintes et dessinées, reflétant les questionnements de l’artiste. En effet, un doute permanent semble habiter l’esprit de Giacometti qui tout au long de son existence ne cesse d’interroger la représentation du monde environnant. Le doute engendre la crise qui à son tour et de manière paradoxale engendre le processus créatif, comme l’explique la commissaire de l’exposition Nadia Schneider : « l’échec, qu’il accepte volontiers, doit donc être compris comme un échec méthodique qui lui sert à vérifier son travail de manière autocritique et à tirer des conclusions qui lui permettent d’avancer ».

Figure humaine
Développant un langage formel propre à l’avant-garde parisienne et au mouvement surréaliste, Giacometti s’en éloigne dès 1935 pour se recentrer sur la figure humaine. Avant de parvenir à de nouvelles propositions plastiques, il cherche à se libérer des conventions et des « expressions stylistiques intériorisées ». Sa démarche le conduit à réduire de manière intuitive les formes de son sujet, répondant ainsi à une volonté de ne représenter que ce qu’il voit, à sa juste échelle. Il dira de cette période : « De 1935 à 1940, je recommençais à faire des bustes comme je l’avais appris à l’Académie […]. Mais je ne voyais que les détails et pas l’ensemble de la tête. Alors comme je voulais voir l’ensemble, je le faisais reculer. Et à mesure qu’il reculait, la sculpture diminuait, diminuait… ». Après son exil genevois, son retour à Paris en 1945 lui permet encore d’évoluer et d’aboutir à de nouvelles solutions plastiques. Cette époque, considérée comme la période de maturité, est parfaitement représentée à l’étage inférieur du Musée Rath où défilent des chefs-d’œuvre comme l’Homme qui marche (1947), le Chariot (1950) ou encore le Chien (1951).
Pour répondre à la problématique inhérente à l’œuvre de Giacometti – à savoir l’influence de l’espace sur notre perception de l’objet – relevons le choix pertinent d’une scénographie minimale, où les murs et les socles blancs invitent le regard du visiteur à ne se concentrer que sur la matière de l’objet.

Catherine Gratton

Informations pratiques :
Musée Rath, Genève, jusqu’ au 2 février 2010. T+41 (0)22 4183340
Catalogue : Alberto Giacometti. Edition Français-anglais. 240 pages. CHF 48.-