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Musée de Carouge
Carouge : L’Ours

Le Musée de Carouge célèbre l’ours sous toutes ses facettes.

Article mis en ligne le juillet 2009
dernière modification le 13 septembre 2009

par Andrea TEANO

Dans le cadre du Printemps carougeois 2009 consacré aux sept péchés capitaux, le Musée de Carouge illustre le thème par une exposition sur l’Ours. De divinité qu’il représentait depuis la nuit des temps, il devint au Moyen Age l’incarnation de plusieurs péchés : gourmandise, paresse, luxure ou encore colère et envie. Chassé de nos forêts, il s’abrite désormais sous les couvertures, dans les chambres d’enfants.

Une enfilade de quatre salles et un corridor, où le visiteur aura tout loisir de s’étonner de la diversité, pour ne pas dire l’antagonisme, des symboles et autres fonctions de l’imaginaire qui ont été associés, au cours des âges, à l’ours.

Les péchés capitaux
La première salle, où se dresse, immobile (qu’on se rassure) et majestueux, un spécimen polaire, illustre par les textes et les objets l’histoire immémoriale de l’ours divinisé, réputé invincible, l’ours totémique des guerriers germains. Elle dit aussi la condamnation chrétienne de cet animal – saint Augustin, par exemple, déclarant dans ses Sermons sur l’Ancien Testament et les Evangiles : « ursus est diabolus » (l’ours est diabolique). Cependant, les armoiries féodales raconteront encore longtemps le courage, la bravoure, la majesté en les symbolisant par l’ours.
Les péchés capitaux apparaissent au XIIe siècle pour se stabiliser cent ans plus tard. On sait qu’ils représentent le reflet inversé des sept vertus cardinales et théologales, qui sont la prudence, la tempérance, la force, la justice, la foi, l’espérance et la charité. Les animaux serviront à illustrer ces péchés. A lui tout seul, l’ours en cumulera cinq : la luxure, la colère, la gourmandise, l’envie et la paresse. Il est évident que cette représentation négative de l’ours obéit à une politique d’éradication du paganisme. Roi du bestiaire païen de l’Europe germanique, celtique, slave et scandinave, écrit Michel Pastoureau, il faut bien le doter de tous les vices, ou presque, pour le faire descendre de son trône.

Dans la chambre des enfants
Dès la fin du XIXe siècle, l’ours s’invite dans la chambre des enfants. Baloo, Winnie, Frozzie Bear ou encore l’inoubliable Petzi, toutes ces aventures ont pour protagoniste l’ours, sans qu’il y manque, ici non plus que dans les prêches médiévaux, le discours destiné à l’édification morale de l’enfance et de la jeunesse. On découvre également la richesse des arts inspirés par la figure de l’ours. Gravures, tableaux de scène de chasse, mais aussi la sculpture sur bois de Brienz dont il est proposé plusieurs pièces fort belles. Il n’est pas jusqu’à l’arctophilie – c’est ainsi qu’on désigne le fait de collectionner des ours en peluche – qui ne mérite son espace au musée de Carouge, et ici on notera combien, jusque dans ces figures invariablement pouponnes et pourtant si différentes, se retrouve, une fois encore, l’incroyable multiplicité de sens qui s’attache à celui qui les inspire.

Andrea Teano

Musée de Carouge (pl. Sardaigne 2) « L’Ours ». Jusqu’au 6 septembre.