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Musée historique de Berne
Berne, Musée historique : Charles le Téméraire

L’exposition du Musée historique de Berne évoque, jusqu’au 24 août, les fastes et le déclin de « Charles le Téméraire (1433-1477) ».

Article mis en ligne le juillet 2008
dernière modification le 25 août 2008

par Régine KOPP

Mise en scène glamour pour évoquer les fastes et le déclin du dernier des ducs de Bourgogne. L’exposition « Charles le Téméraire (1433-1477) » présentée actuellement et jusqu’au 24 août au Musée historique de Berne, puis reprise au Musée Groeninge de Bruges (27 mars-21 juillet 2009) est exemplaire dans son concept qui fait dialoguer les chefs-d’œuvre artistiques avec le récit historique dans toute sa dimension dramatique.

Les quatre directeurs du projet – Peter Jezler, Susan Marti, Raphael Barbier et Gabriele Keck – n’ont pas lésiné sur les moyens offerts par les nouveaux médias, donnant à leur démarche un caractère interdisciplinaire, afin d’offrir l’illusion au visiteur de s’être approché le plus possible des authentiques témoins d’une page capitale de l’histoire européenne.

Moment fondateur
Il est vrai que le Musée Historique de Berne détient une partie du fabuleux butin bourguignon dont la célèbre tapisserie aux mille fleurs forme la pièce maîtresse. Mais pour réaliser une exposition d’une telle envergure et réunir plus de 250 œuvres d’art, il a également fallu convaincre une quarantaine de musées nationaux et internationaux parmi les plus prestigieux comme Le Louvre, le British Museum, le Metropolitan, le Getty, le Kunsthistori-sches Museum de Vienne ou les Musées royaux d’Art et d’Histoire de Bruxelles de prêter des pièces exceptionnelles.
L’exposition se propose donc de raconter l’ascension, le fastueux train de vie de sa cour et la chute de Charles le Téméraire qui régna sur les Pays-Bas de Bourgogne et la Bourgogne. Assoiffé de pouvoir, il a fait de son duché l’une des plus grandes puissances de l’occident, assurant le passage de la fin du Moyen-Age à la Renaissance, en réorganisant de manière moderne son administration. Mais, victime de ses ambitions, mal lui en a pris de faire la guerre aux Confédérés, dont il a sous-estimé les pulsions sanguinaires et la sauvagerie guerrière. C’est l’échec le plus cuisant pour Charles qui perd son campement à Grandson et Morat en 1476, sa vie à Nancy en 1477. Paradoxalement c’est un des moments fondateurs de l’histoire suisse, résumé par cet adage célèbre : à Grandson, le butin, à Morat, le courage, à Nancy, la vie.

Accueil fastueux
L’entrée du visiteur dans l’exposition correspond à l’entrevue de Trèves, en 1473, au cours de laquelle Charles le Téméraire rencon-tre l’empereur Frédéric III. Pour devenir roi, il ambitionne de donner sa fille Marie en mariage à Maximilien, le fils de l’empereur. Mais le mariage sera repoussé. Une grande salle a été reconstituée pour mettre le visiteur en situation et lui permettre d’imaginer les festivités. Le trône de Charles mais aussi, sur son cheval, le fantôme de l’empereur Frédéric III en armures d’origine accueille le visiteur. Le tout dans un faste inouï, agencé avec des chefs-d’œuvre religieux et profanes, allant des étoffes somptueuses aux vaisselles et reliquaires d’or et d’argent, les armures d’apparat : autant d’objets dont on peut admirer les originaux.
Et pour compléter l’illusion, des tournois, des danses et de la musique participent à la fête. Parmi les œuvres peintes, c’est le retable de Hans Memling, peint pour un homme d’affaires brugeois, qui retiendra notre attention. Il s’agit en effet là d’une œuvre maîtresse de la peinture flamande primitive, exposée pour la première fois en Suisse. La statuette votive que Charles le Téméraire offrit à la ville de Liège, œuvre tout en or, réalisée par un des meilleurs orfèvres de l’époque, figure parmi les objets exceptionnels, au même titre que le livre de prières de Charles réédité en fac-similé et prêté par le Getty Museum ou le célèbre buste en bronze de Charles Quint (arrière petit-fils de Charles) en provenance du Kunsthistori-sches Museum de Vienne qui a également prêté le collier de l’ordre de la Toison d’Or, ordre fondé par Philippe le Bon, père de Charles le Téméraire.
On ne saurait que trop féliciter les initiateurs de cette exposition d’avoir réussi à raconter des événements historiques de manière ludique et vivante, pour un public de 7 à 77 ans, offrant également un catalogue en français ainsi que de nombreuses activités périphériques comme des joutes chevaleresques ou une reconstitution d’un parc médiéval.

Régine Kopp

www.charlesletemeraire.org
jusqu’au 24 août 2008