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Musée des beaux-arts de Berne
Berne, Musée des beaux-arts : Rétrospective Hodler

Le musée de Berne propose aux amateurs d’art une rétrospective de grande ampleur pour célébrer l’enfant du pays.

Article mis en ligne le mai 2008
dernière modification le 11 août 2008

par Régine KOPP

C’est une rétrospective de grande ampleur que le musée de Berne propose aux amateurs d’art pour célébrer l’enfant du pays. Et le musée n’a pas lésiné avec les moyens, pour que cette exposition soit le plus important événement de son histoire.

Avec un budget de 2 millions de francs suisses, c’est aussi l’exposition la plus chère organisée par le musée. La raison en est simple : les primes d’assurance élevées pour les œuvres d’un artiste entré dans la cour des grands.

Autour de la vie, la mort…
L’exposition intitulée « Une vision symboliste » montre 150 œuvres de toutes les périodes de création, regroupées dans des séries chronologiques. D’ailleurs, pour que l’institution soit à la hauteur de l’événement, un scénographe a participé au travail d’accrochage des deux commissaires Matthias Frehner, l’actuel directeur du Kunstmuseum de Berne et Katharina Schmidt, l’ex-directrice du Kunstmuseum de Bâle dont le savoir-faire à la fois intelligent et sensible, sans esbroufe, en matière de conception et de réalisation d’expositions mérite d’être relevé.

L’exposition a lieu sur trois étages et occupe presque tout l’ancien immeuble. Plutôt que de s’articuler autour de catégories esthétiques comme le romantisme, le réalisme ou le symbolisme dans lesquelles l’œuvre de Hodler s’inscrit, ce sont des thèmes comme l’amour, la mort, la vie, la vieillesse, l’espérance, la communion avec la nature qui guident le visiteur tout au long du parcours. Avec une idée judicieuse, celle de jalonner la visite d’autoportraits, réalisés au même moment que les œuvres montrées.

En quête d’unité
Ce sont tout d’abord les œuvres de jeunesse qui retiennent l’œil du visiteur, œuvres de facture réaliste mais qui annoncent déjà les préoccupations de l’artiste. Les personnages comme Le Faucheur (1878) qui n’est pas sans nous rappeler ceux peints par Jean-François Millet, Le Furieux (1881), ou Le paysan qui médite (1888) mais aussi la nature avec les arbres, Le bois des frères (1885), Sapin foudroyé (1883), les lacs et surtout Dialogue intime avec la nature (1884) et sa conception mystique de la nature. Mais derrière la réalité, se cache une vérité plus profonde, qui met l’homme en quête d’une unité harmonieuse avec la nature. Toute une salle nous introduit dans cette thématique avec d’une part, La Nuit (1890), œuvre impressionnante, qui marque le début de son expression symbolique, auquel répond Le Jour (1889/90) dont toutes les trois versions ont pu être réunies pour la première fois et qui représente des femmes saluant dans une gestuelle théâtrale le jour et le soleil levant.
A partir des années 1890, la symétrie dans la composition des paysages et des personnages devient un principe essentiel. Des formes semblables se répètent : avec ce parallélisme, Hodler veut montrer l’ordre de la nature et son unité avec l’homme. Une œuvre comme L’Eurythmie (1895) en témoigne, de même que L’Elu (1893) qui incarne un jeune garçon, symbolisant l’énergie vitale mais aussi l’innocence et l’espérance, ou Les Ames déçues (1892) et Les Las de la vie (1892).

Vision symboliste
Pour ne pas étouffer le visiteur dans cette forêt de symboles, des regroupements de paysages du lac de Thoune ou des sommets de la Jungfrau sont intégrés au parcours. Le deuxième acte de cette vision symboliste, situé un étage plus bas est placé sous le signe du Désir (1907/08) et de L’Amour (1907/08).On retrouve les paysages, que ce soit plusieurs versions du lac Léman, des Dents de Midi ou des sommets des alpes bernoises, qui ont la même caractéristique d’être réduits à l’essentiel.
Le parcours prend fin au sous-sol avec les œuvres peintes par Hodler quelques années avant sa mort. D’une part, l’ensemble impressionnant et terrifiant autour de Valentine Godé-Darel, la femme qu’il a aimée et qu’il peint agonisante puis morte. D’autre part, les paysages, l’obsession du lac Léman et du Mont-Blanc, avec « ce charme des couleurs qui est surtout dans leurs accords, dans la répétition de nuance d’une même couleur », écrit Hodler. Des paysages qui évacuent tous les détails réalistes, presque abstraits qui nous font rêver.

Régine Kopp

Jusqu’au 10 août 2008