Arts-Scènes
Slogan du site

Cinéma Danse Expositions Musique Opéra Spectacles Théâtre

Centre Paul Klee, Berne
Berne : Emil Nolde

Hommage

Article mis en ligne le 27 novembre 2018
dernière modification le 5 mars 2019

Le Centre Paul Klee consacre son exposition d’hiver à Emil Nolde, l’ « artiste nordique », comme le nomme Klee dans le portrait qu’il a fait de lui en 1939. Nolde et Klee n’étaient pas seulement contemporains ; c’étaient aussi des amis qui se rendaient visite l’un l’autre et qui, dans les années 1920 et 1930, ont régulièrement correspondu.

Emil Nolde, l’un des plus importants représentants de l’art moderne, compte parmi les artistes les plus connus du 20ème siècle. Son œuvre se caractérise par l’exceptionnelle intensité des couleurs. Pour échapper à la tradition artistique européenne et créer un langage formel qui lui soit propre, le peintre s’intéresse au grotesque, au fantastique et à ce qui relève pour lui de l’exotique. Quelle que soit la forme sous laquelle Nolde a été confronté à l’Autre, à l’inconnu, il semble que cela ait stimulé son travail et l’ait libéré des habitudes et des normes artistiques. Ces différents aspects, qui traversent toute sa création tel un fil rouge, sont présents dans les quelque 170 œuvres de l’exposition.

À l’occasion du 60ème anniversaire d’Emil Nolde, Klee a rédigé un éloge pour un recueil d’hommages, qui fut publié en 1927. Bien que Klee s’y caractérise lui-même comme un être éloigné de la terre, il percevait entre eux comme une affinité élective : « Nolde est plus que seulement lié au sol, il est aussi un démon de cette région. Même si l’on réside soi-même ailleurs, on perçoit en permanence la présence de ce parent choisi, ce cousin des profondeurs. » Nolde constatait également : « Nous étions très différents, mais il reconnaissait sans restriction la valeur de mon art, alors qu’il peignait lui-même dans un tout autre style, et ça c’était très appréciable. »

L’exposition du Centre Paul Klee ne cherche pas à confronter les deux artistes, car leurs langages plastiques sont trop dissemblables, mais se concentre cependant sur des aspects de l’œuvre de Nolde qui traversent toute sa création tel un fil rouge et qui ce retrouvent aussi constamment chez Klee. Les deux artistes partagent la même fascination pour le grotesque, le fantastique et l’‹ exotique ›. Les figures grotesques leur permettent de commenter les événements de leur temps avec un œil critique. Dans des représentations fantastiques, Nolde se libère totalement de modèles et d’idées toutes faites, tandis que, pour Klee, le règne des esprits, celui des créatures démoniaques et autres hybrides offrent un monde parallèle fascinant. Au début du 20ème siècle, l’‹ exotique ›, tout ce qui se situait en dehors de la tradition européenne, permit à Klee et Nolde, ainsi qu’à bon nombre de leurs contemporains, d’avoir accès à un nouveau langage formel.

Du 17 novembre 2018 au 3 mars 2019