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Kunstmuseum - Hauptbau, Bâle
Bâle : « ¡Hola Prado ! »

Deux collections en dialogue

Article mis en ligne le 19 avril 2017
dernière modification le 26 août 2017

Durant ses travaux de transformation en 2015, le Kunstmuseum Basel a prêté dix œuvres majeures de Picasso au Museo Nacional del Prado de Madrid. En 2017, c’est au tour du Prado de confier au musée bâlois 26 œuvres de la fin du XVe jusqu’au XVIIIe siècle.

Ce généreux prêt est loin de ternir la richesse de la collection madrilène. Organisée conjointement avec l’équipe à Madrid, cette exposition aborde les liens entre les deux institutions à travers 24 duos d’œuvres (dont quelques rares trios). Ainsi, les œuvres de Titien, Zurbarán, Vélasquez et Goya dialoguent avec celles de Memling, Goltzius et Rembrandt.

Voici un exemple d’un rapprochement d’œuvres : Peu avant la Réforme, Hans Holbein le Jeune révolutionne l’art sacré avec son Christ mort au tombeau, une nature morte semblable à un distillat du récit biblique qui redéfinissait les thèmes et les limites de la peinture religieuse. Près d’un siècle plus tard, Francisco de Zurbarán peignait, suite à la Contre-Réforme, un tableau encore plus radical dans la pure tradition du bodegón, la forme espagnole de la nature morte qui privilégie la représentation sobre et détaillée de repas. Il reproduit à la perfection un agneau aux pattes attachées dont il est presque possible d’effleurer la précieuse laine mérinos. Il s’agit bien entendu de l’Agnus Dei de l’évangile selon Jean, l’un des symboles les plus anciens du Christ. Ces deux œuvres invitent à réfléchir à la représentation du fils de Dieu. Chez Zurbarán, cette réflexion deviendra un thème pictural, puisque le peintre apparaîtra sous les traits de Saint Luc dialoguant silencieusement avec le Christ en croix.

Naturellement, l’exposition présentera aussi un bodegón profane du Prado mis en regard avec le somptueux repas de Georg Flegel du Kunstmuseum. Et Hans Holbein le Jeune peut aussi se mesurer avec les peintres d’histoire et les portraitistes italiens : avec Titien dont le tableau Ecce Homo dialoguera avec La flagellation de Holbein, ou avec Giovanni Battista Moroni dont le Portrait d’un soldat sera opposé au Bonifacius Amerbach de Holbein le Jeune. Cette manifestation couvre aussi d’autres genres telle la peinture d’histoire religieuse et mythologique, l’allégorie ou le paysage.

Les 54 œuvres s’expliquent mutuellement : l’observation des liens et des différences fournit la base pour des conclusions complémentaires. La mise en regard permet la mise en évidence des points de départ qui se révèlent parfois au premier coup d’œil, parfois seulement après une observation plus détaillée. C’est ainsi que s’écrit l’histoire de l’art – ou, tout au moins, c’est ainsi qu’elle devrait s’écrire.

Du 8 avril au 20 août 2017