Matta est à l’honneur ces temps-ci. En effet, après avoir orné les murs de la galerie Interart à Genève - avec des œuvres de ses débuts qui sont visibles jusqu’au 25 janvier 2013 - il sera exposé au musée Frieder Burda de Baden-Baden du 19 janvier au 2 juin 2013, sous le titre « Matta - Fictions ».

De sa naissance au Chili en 1911 à lsa mort en Italie en 2002, Roberto Matta a sillonné de nombreux pays, et est considéré comme un des peintres majeurs du XXe siècle. Ses peintures anticipent sur les sphères fantastiques de la science-fiction et des jeux informatiques. Il exposait en 1937 déjà à Paris avec les surréalistes et montrait dans ses peintures des rêves de fantaisie cosmique. Son œuvre a généré d’importantes impulsions dans les années quarante. A travers leur abstraction, les images du Chilien d’origine reflètent toujours l’histoire contemporaine.

L’exposition organisée au musée Frieder Burda jette un regard neuf sur l’œuvre de Matta, dont l’actualité est stupéfiante pour la peinture moderne. Un grand peintre est de nouveau à découvrir.
Bien que Matta ne soit pas représenté dans la collection Frieder Burda, sa peinture avec ses couleurs et ses formats immenses convient fort bien au musée.
L’architecture de celui-ci offre l’espace nécessaire aux peintures de cet artiste.
Les travaux exposés proviennent en partie de la collection familiale, mais des prêts considérables ont aussi été consentis par des collections privées internationales et des musées, entre autres la nouvelle galerie nationale de Berlin, le Tate de Londres, le Moderna Museet de Stockholm et le Museo Thyssen Bornemisza de Madrid.

Au contraire d’autres artistes latino-américains de renommée internationale comme Diego Rivera ou Frida Kahlo, Matta a quitté son pays natal directement après ses études d’architecture en 1933 et n’est revenu que rarement au Chili. Il s’est installé à Paris, a travaillé un an travaillait avec Le Corbusier et a très vite noué contact avec d’autres artistes.
Il voyageait fréquemment en Espagne. Avant tout il écrivait des contributions pour une revue surréaliste et a commencé à peindre lui-même à partir de 1937. C’est Dalí qui lui a suggéré de choisir Matta comme nom d’artiste et qui l’encourageait à montrer ses dessins extraordinaires à André Breton. Celui-ci était enthousiasmé par l’idéalisme, l’énergie et l’ingéniosité du jeune artiste. Marcel Duchamp est devenu son ami et influençait son développement personnel et artistique. Il considérait que Matta était le peintre le plus profond de sa génération.

Lorsque la deuxième guerre mondiale a éclaté, Matta a émigré en Amérique, où il a immédiatement été couronné de succès. En 1948 il est revenu à Paris, puis s’est s’installé deux ans plus tard en Italie. A partir de là, il voyageait souvent à Cuba et restait en contact avec les artistes et intellectuels de gauche.
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Dans les années 1940, Matta avait anticipé sur les développements essentiels de l’expressionnisme abstrait. Après la deuxième guerre mondiale, ses personnages reflétaient l’actualité politique et sociale.
Sa peinture se situe entre la figuration et l’abstraction. Le point de départ de celle-ci était souvent le dessin sur lequel il saisissait des espaces qu’il élargissait avec la couleur. Sa palette se différenciait de plus en plus en partant des couleurs primaires - rouge, jaune et bleu - qui déterminaient ses premières œuvres.

Signalons que cette exposition a été organisée en collaboration avec le Bucerius Kunstforum de Hambourg, où elle était montrée en automne 2012. Matta / Fictions rassemble des œuvres de toutes les phases de création de l’artiste, de même que des installations en plusieurs parties, tridimensionnelles qui saississent le spectateur et le “tirent“ dans l’espace fictif. C’est dans de telles mises en scène entre l’espace de l’image et le spectateur, que la vision architecturale de Matta s’exprime.

Du 19 janvier au 2 juin 2013