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Avril à la Cinémathèque
Cinémathèque suisse - avril 2016

Programme

Article mis en ligne le 5 avril 2016
dernière modification le 5 mars 2016

par Raymond SCHOLER

Focus sur le réalisateur anglais Peter Greenaway, avec une rétrospective proposant treize films en projection.

Peter Greenaway
Encore une rétrospective Greenaway sans (les quatre parties de) The Tulse Luper Suitcases et A Life in Suitcases , épopée labyrinthique et surréaliste consacrée aux pérégrinations de l’artiste multidisciplinaire et prisonnier professionnel Tulse Luper, dont l’examen de ses 92 valises provoque une plongée dans l’histoire du 20e siècle qui occupe cinq longs métrages réalisés entre 2003 et 2005 avec des comédiens prestigieux. Les 10 heures nécessaires à la projection de cette lubie parfaitement expérimentale et ésotérique ont peut-être rebuté le programmateur, surtout après les largesses accordées en mars à Babel de Boris Lehman. Mais comme Greenaway conçoit cette expérience comme un projet décidément multimédia, autant se le coltiner sur YouTube.

« The Draughtsman’s Contract »

Les autres longs métrages ne manquent pas à l’appel. À commencer par The Falls (1980), pseudo-documentaire qui explore 92 (nombre fétiche de Greenaway et numéro atomique de l’uranium) personnes parmi les 19 millions dont le nom commence par Fall… et qui ont été touchées par un « événement violent inconnu ». The Draughtsman’s Contract (1982), premier succès planétaire de l’auteur, décrit un contrat libidineux entre un jeune dessinateur arrogant et sa commanditaire, l’épouse délaissée d’un riche propriétaire : il pourra librement disposer des charmes de la dame en échange de douze dessins reproduisant sa propriété. Les dessins semblent annoncer un sinistre événement. Savoureux éclairage du microcosme de la landed gentry à la fin du XVIIe siècle.

Andréa Ferreģol dans « A Zed & Two Noughts »

A Zed & Two Noughts (1985) tourne autour des thèmes naissance/symétrie de la vie/mort/anti-symétrie de la décomposition. Oppose de façon mémorable des toiles de Vermeer à des images de putréfaction. The Belly of an Architect (1987) joue sur la liberté des lignes droites, assimilées à la vie, à laquelle répond l’enfermement du cercle, qui évoque la mort. Un architecte américain vient à Rome pour organiser une exposition en hommage à Boullée. Sa femme le trompe et lui annonce qu’elle est enceinte. Souffrant de maux d’estomac incurables, dessaisi de son œuvre et privé de sa femme, il se suicide, alors qu’elle met au monde son enfant.

« Drowning by Numbers »

Drowning by Numbers (1988) est un puzzle cérébral sur les jeux, la vie et leur combinaison. Trois générations de femmes se débarrassent de leurs maris et subjuguent le juge pour les innocenter. D’ailleurs tout le monde dans ce film est obsédé par des énumérations ou des règles de jeu. Au spectateur de les répertorier. The Cook, the Thief, his Wife & her Lover (1989) se consacre à la nourriture, au bon et au mauvais goût, aux orifices du corps, à leurs fonctions et à la façon dont plaisirs et dégoûts s’y rapportant sont si étroitement liés. Prospero’s Books (1991) fait de Prospero non plus le manipulateur de personnes et d’événements, mais leur créateur : tous les rôles sont donc récités par John Gielgud, qui, grâce à la magie que lui confèrent ses livres, peut inventer l’intrigue susceptible de redresser les torts qui lui ont été faits. The Baby of Mâcon (1993) dénonce la religion et la crédulité d’une humanité terrassée par des épidémies et des persécutions au XVIIe siècle. Blasphématoire, cru et cruel, d’une beauté terrifiante.

Vivian Wu dans « The Pillow Book »

Dans The Pillow Book (1996), un mannequin japonais se met en quête d’un calligraphe-amant qui utiliserait son corps en lieu et place de papier. Dans 8 1/2 Women (1999), où le fils d’un riche homme d’affaires genevois transforme le manoir familial en maison close privée pour consoler son père de la mort de son épouse, Greenaway fait l’inventaire des fantasmes du mâle occidental. Incidemment, il s’agit du dernier Greenaway sorti en Suisse. Nightwatching (2007) essaie de décrypter La Ronde de Nuit de Rembrandt où Greenaway voit la trace d’un crime et le soupçon d’une conspiration des marchands d’Amsterdam.

F.Murray Abraham dans « Goltzius and the Pelican Company »

Dans Goltzius and the Pelican Company (2012) l’auteur ressuscite Hendrik Goltzius, le plus grand graveur du XVIe siècle, et lui fait illustrer des scènes licencieuses de l’Ancien Testament. Dans Eisenstein in Guanajuato (2015), le cinéaste russe, écartelé entre ses commanditaires (Staline, Mrs Upton Sinclair), s’échappe au Mexique et découvre la passion amoureuse et l’amour physique.

Vingt Ans de LACS
Depuis 20 ans, les Amis de la Cinémathèque suisse contribuent à l’acquisition par celle-ci de classiques du 7e Art. Le traditionnel Marathon LACS a lieu dans la salle du Cinématographe, le 2 avril, après l’A.G. de l’association ; cf. programme de la journée et « rejoindre les amis » sur www.cinematheque.ch

Raymond Scholer