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Monaco Dance Forum
Monaco : Dance Forum 2010

Coup de projecteur sur Krisztina de Châtel et Itzik Galili.

Article mis en ligne le septembre 2010
dernière modification le 28 août 2011

par Emmanuèle RUEGGER

Cette manifestation, dont le directeur artistique n’est autre que Jean-Christophe Maillot, est entrée dans sa troisième phase. Effectivement, le Forum était dédié pendant la saison 2009/2010 au centenaire des Ballets Russes et ceci en trois étapes. Le dernier acte ne compte pas moins de 10 créations, et des grands noms invités tel que Itzik Galili ou Jiři Kylián.

En l’espace d’un dimanche, nous avons pu assister à deux représentations du Forum. En début de soirée une pièce de Krisztina de Châtel avait lieu sous le célèbre chapiteau de monégasque.
Krisztina de Châtel, née en Hongrie mais travaillant aux Pays-Bas, a souvent des idées hors du commun. Ainsi elle a créé à Amsterdam un ballet pour les éboueurs ! A Monaco, elle s’est penchée sur le cas des sapeurs pompiers.

« La danse des sapeurs pompiers » de Krisztina de Châtel.
Crédit : photo Alice Blangero

Sauvés
La pièce commence comme avait fini celle d’Amsterdam : il y a trois container sur la « piste », d’où sortent des jambes et des bras. Ce sont les membres des six danseurs qui vont évoluer avec les pompiers. Soudains les grandes portes s’ouvrent, et au son des ouvertures de Gioachino Rossini, entre le grand camion des pompiers, tous gyrophares allumés. L’effet est grandiose. Entrent ensuite de plus petits camions, et tous ensemble, ils exécutent un ballet autour de la piste. Quand les pompiers descendent de leurs véhicules, les danseurs s’approchent d’eux et bougent autour d’eux. Parfois, un pompier tient une main ou soulève une danseuse, mais au fond ils ne dansent pas vraiment. Krisztina de Châtel a voulu mettre en relief le corps d’un pompier dans l’exercice de sa fonction. Ainsi, on les voit monter à l’échelle, déplier des tuyaux d’arrosage, porter leurs casques. Il y a quand même une évolution. Un peu de virtuosité s’en mêle. Les voilà qui font des pompes en rythme (toujours sur les ouvertures de Rossini qui conviennent on ne peu mieux), ils jouent avec les échelles, font des figures d’acrobatie. Et les danseurs ? Ils sont au nombre de six, pour sept pompiers. Leur chorégraphie est dynamique mais raffinée. Souvent, ils évoluent seuls sans les pompiers.
La pièce se termine par un final de rêve, le camion ayant déployé son échelle, les pompiers l’ayant escaladée, ouf, nous sommes sauvés !

« Flatland » de Itzik Galili.
Crédit : photo de Karel Zwaneveld

Jeu de couleurs
La pièce d’Itzik Galili, présentée à 22 heures sur la terrasse du Casino, s’articule en trois parties. La première, qui est la meilleure, est fascinante. Le sol est quadrillé comme un jeu d’échec et chaque carreau est illuminé d’une couleur différente qui peu changer rapidement (pour cette pièce, Galili s’est inspiré de l’œuvre du peintre néerlandais Piet Mondriaan). Les danseurs évoluent en passant d’un carreau à l’autre. Ils forment ainsi des angles ou des diagonales à l’envie. Leur gestuelle prend souvent le dos comme point de départ, un dos plié vers l’avant dans un soutenu. C’est un élément que l’on trouve aussi fréquemment chez Forsythe. La chorégraphie se déploie rapidement et demande un grand dynamisme de la part des danseurs, qui sont excellents.
Aussi, ceux-ci sont essoufflés, comme on peut le constater dans la troisième pièce, qui consiste en un dialogue entrecoupé de danse, entre un membre de la compagnie et un chorégraphe imaginaire, tyrannique. Il parle en voix off et fait recommencer sans cesse sa variation au pauvre danseur.
La compagnie d’Itzik Galili, le Dansgroep Amsterdam, est à nouveau plus nombreuse sur scène pour la troisième partie. L’espace est à nouveau compartimenté, cette fois par des panneaux carrés verticaux, déplacés par des danseurs. Cela permet de faire disparaître ou apparaître les artistes. La gestuelle est toujours souple et dynamique et les danseurs ont un grand mérite.
On peut se demander, en quoi ces pièces évoquent les Ballets Russes, mais peu importe, elle sont fascinantes, là est l’essentiel.

Emmanuèle Rüegger