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A la Comète, scène nationale de Châlons en Champagne
Châlons : Kader Belarbi

Kader Belarbi présentait Liens de tables, A nos amours et La Pavane du Maure à la Comète.

Article mis en ligne le avril 2010
dernière modification le 28 août 2011

par Stéphanie NEGRE

Danseur étoile de l’Opéra de Paris, Kader Belarbi est artiste associé à La Comète pour la saison 2009-2010. Avec le Ballet du Capitole, il présente le 23 février 2010 son premier programme. Pour cette soirée placée sous le thème du lien, il propose une de ses toutes premières œuvres, Liens de tables, une création, A nos amours, et La Pavane du Maure, chef-d’œuvre de 1949 de Jose Limon qu’il interprète avec la danseuse étoile de l’Opéra de Paris, Monique Loudières.

K Belarbi et M Loudieres dans « La Pavane du Maure »
Photo David Herrero

Créé en 2001 par le Ballet du Rhin, Liens de table montre une famille qui se déchire autour des préparatifs du repas. Sur le quatuor n°8 de Dimitri Chostakovitch, le père et la mère tente de préserver - d’imposer ? - chacun à leur manière l’unité, alors que les enfants veulent marquer leur indépendance. Après quelques facéties, la fille rentre vite dans le rang ; le fils exprime une vraie rébellion, plus violente et profonde. La table joue un rôle à part entière. Symbole des réunions familiales, elle devient véritable barrière signifiant au fils son exclusion. Autour de cette table, Kader Belarbi dramatise l’éternelle opposition entre parents et enfants et le choix d’une musique composée au retour de Dresde en ruine n’est pas anodin. Face aux tenants des apparences et des convenances, il donne vie à la remise en question de l’ordre, des liens, établis.

Présenté en deuxième partie, la Pavane du Maure est une variation autour d’Othello. Jose Limon l’imagine comme un huis clos à quatre, Othello et Desdémone d’une part, Iago et Emilia de l’autre. Sur le thème récurent et envoutant de la pavane de Purcell, il rassemble ses quatre personnages dans une ronde qui scande la narration et renforce l’impression d’inéluctabilité du destin. Dansée avec les costumes de Pauline Lawrence, la version est somptueuse avec Kader Belarbi en seigneur ombrageux et Monique Loudières en victime innocente. Kazbek Akhmedyarov et Evelyne Spagnol, Iago et Emilia, tiennent fort bien leur rôle à leurs côtés. Cette œuvre possède une grande intensité dramatique due au parti pris d’une intrigue resserrée autour de ses héros, à la grande part donnée par le chorégraphe à l’interprétation théâtrale et à la ronde qui clôt chaque scène. Élément central de la chorégraphie, elle symbolise ce qui fera le lit de l’odieuse machination qui conduira à l’assassinat de Desdémone : la fausse amitié entre Othello et Iago.

Gaelle Riou, Raphael Paratte et K Akhmedyarov dans « A nos amours »
Photo David Herrero

Pour finir, A nos amours, dernière œuvre de Kader Belarbi, montre l’amour à trois âges de la vie : l’adolescence avec les premiers émois amoureux, la maturité, période des questionnements et des tempêtes, la vieillesse enfin, avec la plénitude de l’amour. Sur scène, les trois générations sont interprétées par trois couples présents tout le long du ballet sur la scène. Les jeunes se découvrent, les adultes doutent et se brouillent sous l’œil émus des anciens. Qui sont-ils en réalité ? Trois générations d’une même famille ou bien un couple qui revoit son passé ? On ne sait pas mais en tous les cas, A nos amours est un formidable hymne à la flamme qui ne s’éteint jamais, à l’amour qui dure envers et contre tous.

Stéphanie Nègre