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A Genève
Festival AMR

Aperçu de la programmation 2008 de l’AMR jazz festival.

Article mis en ligne le avril 2008
dernière modification le 27 avril 2008

par Nicolas LAMBERT

C’est le printemps. Finis les marrons grillés vendus à prix d’or dans les rues basses. Avril : on garde quelques fils, poussés par une crainte païenne des dictons, ou à cause de ce vent qui souffle et fait tourbillonner la blonde chevelure au premier plan de cette affiche. Vent violent qui n’est pas la bise, vent fiévreux qui n’est pas le foehn, mais bien le souffle de créativité qui chaque année nous ramène l’AMR jazz festival en même temps que les hirondelles.

Non contente d’offrir une programmation de qualité tout au long de l’année, d’organiser des jam sessions, des ateliers, de mettre à disposition un centre musical ragaillardi, de s’impliquer dans tout ce qui peut servir la cause des musiques improvisées, de grimper chaque été aux Cropettes… l’AMR, association sans pareille, « la Mémère » de tous les musiciens voués à la spontanéité, migre pour la vingt-septième fois de son Sud des Alpes, poya qui paîtra le feu trois jours durant (du 18 au 20 avril 2008) à l’Alhambra (le 17 avril, la soirée d’ouverture aura lieu à l’AMR).

Henri Texier by Guy Le Querrec

La formule est simple : le festival est l’occasion d’accueillir des artistes d’envergure internationale, qu’ils viennent d’une rive ou l’autre de l’Atlantique. Notez que l’envergure est un terme qui s’applique aux ailes déployées plus qu’aux têtes ou chevilles gonflées. La programmation n’est en effet pas racoleuse ; les têtes d’affiche ne sont pas de ces capitales mégalomanes qui nécessitent des salles dont le gabarit symphonique sied mal au jazz. Non, ce sont des têtes, des mains, des poumons d’affiche qui sont reconnus, influents, vénérés, mais d’un public averti, intéressé, qui apprécie qu’un artiste ne soit pas pétrifié par la célébrité.
Autre entreprise honorable, l’AMR associe à chacun de ces jazzmen un ou deux groupes locaux, les célébrités de notre terroir, que ce soient les piliers de la scène romande ou une relève prometteuse. À chaque jour donc son généreux paquet, ficelé d’un verre dans le foyer accueillant et artdécoratif de l’Alhambra.

Jeudi, soirée sous le signe d’une recherche profonde mais accessible à tous ceux qui savent ce que le bouillonnement a de musical. Vinz Vonlanthen ouvre les frontières d’un univers solistique dont il a inventé la langue et les sons puis cède la place à « l’Argent » d’Yves Robert, concept qui mêle musique écrite et improvisée et échantillons d’entretiens avec des professionnels de la pécune. Les pensées se développent, se chevauchent, la parole est comme distribuée par la musique, ou alors est-ce la musique qui prend la dictée ?

Vendredi, le coup d’envoi est donné par les « gregarios » d’un Gruppetto aux compositions euphorisantes, suivi de près par un Tamagochi nourri par les genres peu souvent croisés d’un père quartet de jazz et d’une mère quartet à cordes. On reste au violon avec le fabuleux, l’affable FAB trio : Joe Fonda, Barry Altshcul et un Billy Bang qui esquive tant le classique que le manouche pour explorer la force râpeuse de son instrument dans tout ce que le blues comprend comme énergie interactive et originelle.

L’Argent groupe
© Edouard Caupeil

Samedi, LeBocal, collectif d’Annecy, exhalera son fin dosage d’arrangements et de dérangements, potion magique digne de Zappa, capable de transformer un chanteur métal en crooner. Evénement guitaristique déroutant à prévoir avec Cosa Brava, le dernier projet de Fred Frith.
Dimanche après-midi, l’enlacement musical du duo Chloe Lévy – Yannick Délez précède Jerry Granelli, aux commandes d’une formation qui n’est pas sans évoquer le rock : batterie, basse, deux guitares, pour une ballade sur la brèche, une fusion apaisante, la coulée tranquille de la lave.
Le soir, Michel Wintsch aura composé pour l’appétit dévorant des jeunes loups du No Pub Tree, tout comme Henri Texier et son Strada Sextet aux cuivres fougueux et à la rythmique barbare.
De quoi en décoiffer plus d’un.

Nicolas Lambert

Prélocations aux points de vente de la Ville de Genève (Alhambra, Arcade du Pont-de-la-Machine, Genève-Tourisme, Grütli), chez Disco-Club (22, Terreaux-du-Temple) et à l’AMR (10, rue des Alpes). Réservations à l’AMR +41 (0)22 716 56 30. Concerts à 20h30 le 17.4 à l’AMR, à 20h le 18.4, 20h30 le 19.4, 14h30 puis 20h30 le 20.4 à l’Alhambra.