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Festival de Cannes
Rencontre : Gilles Jacob

Quelques mots du président, Gilles Jacob, à la presse.

Article mis en ligne le juillet 2009
dernière modification le 15 juillet 2009

par Firouz Elisabeth PILLET

Le Président du Festival de Cannes et de la Cinéfondation livre ses impressions sur cette 62ème édition et explique les enjeux de la Cinéfondation qui aide les jeunes cinéastes à se faire connaître.

La sélection de l’édition 2009 donne l’impression d’un grand éclectisme quel est votre sentiment jusqu’à présent sur ce festival ?
Gilles Jacob : Il est un peu tôt pour dire si ce festival est réussi ou pas. Mais il est vrai qu’il y a une bonne sélection, une atmosphère très studieuse et nous sommes contents de cela car ainsi on se refonde sur le cinéma, ce qui est l’essentiel. Quand on songe au Festival de Cannes, c’est montrer la diversité de tous les cinémas du monde et surtout, le renouvellement des générations. C’est ce que j’ai voulu dès les années 78 en créant la Caméra d’Or qui était un prix pour un premier film. Puis, on a continué avec cette même cohérence pour le renouvellement des jeunes. Cela a été la création de la Cinéfondation en 98, quelques années plus tard la Résidence de la Cinéfondation. La Cinéfondation s’occupe des films d’étudiants qu’on récompense et qu’on aide ensuite à faire leur film ; la Résidence, c’est l’endroit où ils vont écrire un scénario. A Paris, on les immerge dans une profession en langue française. Ensuite, c’est l’Atelier où on les aide à terminer des films en cours d’élaboration et qui manquent un peu de financement. Toutes ces actions forment cette cohérence et commencent à donner des fruits puisque cette année, onze des anciens élèves et des anciens résidents de la Cinéfondation se retrouvent dans les diverses sections du Festival de Cannes. C’est très enrichissant pour nous et cela montre que ce n’est pas vain, que cela sert à quelque chose. Par exemple, cette année, le réalisateur russe Nikolaï Khomeriki, ancien résidant de la Cinéfondation, revient pour la deuxième fois dans la section Un certain Regard et, j’espère, reviendra dans la Compétition officielle.

Gilles Jacob

Etre à l’affût de nouveaux talents est votre motivation première ?
Le Festival de Cannes, c’est le glamour, les célébrités, mais aussi les révélations, les découvertes. Cannes c’est aussi un festival de journalistes : il y a 4500 journalistes du monde entier qui viennent ici. Ils sont évidemment ravis de voir Alain Resnais ou Tarantino mais ce qui les intéressent, c’est de découvrir. Le Festival de Cannes a besoin de locomotives comme Resnais ou Tarantino pour tirer le train mais on s’intéresse aux trains de demain. J’ai entendu cette accusation comme quoi le Festival de Cannes est un club fermé où se retrouvent toujours les mêmes réalisateurs. Les grands réalisateurs font les bons films ; l’année où ils ont tourné, on ne va tout de même leur fermer la porte. En même temps, on ne perd pas de vue les nouvelles découvertes et les nouvelles générations. Venir à Cannes redonne à tous les cinéastes l’énergie de faire de nouveaux films, de continuer, parce qu’ils vont voir les films des autres, se rencontrent entre cinéastes.

Comment les sélectionnez-vous les candidats à la Cinéfondation ?
Il y a la lecture du scénario plus l’oral qui dure entre 15 et 25 minutes. On réinvente tout le temps. On n’élimine pas, on choisit ceux dont on pense qu’ils vont être les cinéastes de demain. Le cinéma est une industrie prototype, chacun y fait ses essais. Le cinéma n’a que 100 ans : il y a eu les pionniers, puis les nouveaux pionniers, puis les futurs pionniers, mais on est toujours dans les pionniers. Les cinéastes sont des sismographes qui sentent à l’avance ce qui va se passer dans le monde. C’est une sensibilité, ce sont des visionnaires qui recréent le monde, comme un rétroviseur le long d’une route qui, à la fois, regarde le passé et est tourné vers l’avenir.

Rencontre avec la presse, Firouz-Elisabeth Pillet