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Neuchâtel International Fantastic Film Festival, du 1 au 9 juillet
Neuchâtel : NIFFF 2011

Neuchâtel International Fantastic Film Festival 2011 : Du rouge au litre !

Article mis en ligne le 1er juillet 2011
dernière modification le 10 décembre 2014

par Frank DAYEN

Du sang versé, consécutif à un acte violent. C’est sur cette définition anglaise du mot gore que le NIFFF a bâti une bonne partie de son programme 2011. Au menu, le symposium Imaging the future et trois classiques : la sélection officielle de la compétition internationale, la compétition des courts-métrages suisses et un échantillon de ce que le nouveau cinéma asiatique a de meilleur.

Parmi les mets de saison : limportante rétrospective gore ("Just a film"), les sélections "Ultra movies", "Films du 3e type" et "From Russia with screams", ainsi qu’une carte blanche au réalisateur Eli Roth et un hommage au romancier Jack Ketchum.

Représenter la violence stylistiquement, passe encore, mais faire du sang versé un véritable art semble difficile à expliquer. Pourtant, depuis Méliès, de nombreux cinéastes se sont interrogés sur une esthétique du sang. Ni Buñuel ni Romero n’ont attendu la couleur pour couper au rasoir l’œil d’un chien andalou ou filmer le repas de morts-vivants s’empiffrant d’entrailles humaines. Avec "The Revenge of Frankenstein" (1958) de Terence Fisher, "Les Yeux sans visage" (1960) de Franju et "La Maschera del Demonio" (1960) de Bava, le NIFFF offre un aperçu du gore des premiers temps.
Cependant, il faut tout de même constater que le cinéma en couleur a permis un réalisme plus effrayant, une esthétique plus détaillée. Le réalisateur le plus représentatif de cette période reste sans doute Herschell Gordon Lewis, dont le "2000 Maniacs" (1964), deuxième opus de sa "Blood Trilogy", dans lequel un village de paysans dégénéré du Sud des Etats-Unis s’amuse à torturer des touristes, a multiplié les rejetons.
Les années 70 et 80 marquent l’apogée du genre. Le gore – ou splatter (de gicler, éclabousser, s’écraser) – y est servi à toutes les sauces : à la comédie ("House" (1977) d’Obayashi ou "Street Trash" (1987) de Muro), à la pornographie (Buio Omega" (1979) de Joe d’Amato), à la pseudo-scientifique ("Shivers" (1975) de Cronenberg ou "Re-Animator" (1981) de Stuart Gordon), à la forestière (le classique "The Evil Dead" (1985) de Sam Raimi), à la new yorkaise ("Driller Killer" (1979) de Ferrara) ou à la diable (le savoureux "L’Aldila" (1981) de Fulci).
Aujourd’hui, Eli Roth est un de ceux qui tentent de renouveler le genre. Invité du NIFFF, le réalisateur d’"Hostel" (2005) présentera trois œuvres incontournables.

En compétition
Le plat de résistance, la compétition internationale de longs-métrages, comprend pas moins de 12 films, originaires de Corée comme de Colombie, des Etats-Unis aux Pays Bas, de l’Australie à la France, en passant par Porto Rico, l’Allemagne et la Norvège. On remarquera au passage qu’aucun long-métrage suisse ne sera montré au NIFFF cette année ; depuis "Sennentuntchi" (2010) de Michael Steiner, le cinéma fantastique tarirait-il en Suisse ?
Parmi les découvertes, les sélections "New Cinema from Asia" et "Ultra Movies" promettent de bons moments, que ce soit avec les derniers Takashi Miike et Tsui Hark, la comédie musicale "Underwater Love" d’Imaoka, l’œuvre de Park Chan-wook tournée à l’iPhone, l’extravagante "Balada triste de trompeta" de l’Espagnol de la Iglesia et surtout les très attendues "Nuits rouges du bourreau de jade" de Carbon et Courtiaud (production franco-hongkongaise).
Soulignons enfin le film de clôture, le dessert quoi, "Melancholia" (2011), du polémique Lars Von Trier. Kirsten Dunst (Prix de la meilleure interprète féminine à Cannes) et Charlotte Gainsbourg y incarnent deux sœurs en conflit dans un contexte de fin du monde causé par une météorite.
Pour visionner cette quantité de films – et assister aux multiples conférences organisées -, cette édition du NIFFF gagne une salle de projection de plus, signe d’une santé fer qui exclut toute perfusion.

Frank Dayen

NIFFF, du 1 au 9 juillet, www.nifff.ch.