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Nifff - Neuchâtel International Fantastic Film Festival 2010
Neuchâtel : Le NIFFF a déjà 10 ans

Le NIFFF fête son anniversaire !

Article mis en ligne le juillet 2010
dernière modification le 13 août 2010

par Frank DAYEN

10 ans, l’occasion d’un bilan. Pas seulement celui du festival, qui a gagné
en crédibilité autant qu’en fréquentation, mais aussi celui du genre
fantastique : les évolutions techniques ont permis de repousser les limites
du grand écran. Pour faire le point, le NIFFF organise un symposium autour des images de synthèse, en plus des deux compétitions (film fantastique et nouveau cinéma asiatique) et de trois rétrospectives.

Depuis sa création, le NIFFF n’a cessé de cerner le genre fantastique. Aujourd’hui plus qu’avant, puisque le travail des images évolue de plus en plus vite. Le symposium “Imagining the pictures” constitue la table-ronde incontournable, ne serait-ce que pour se glisser dans le processus de création d’Avatar, LE phénomène cinématographique de 2009, ou pour prendre au sérieux les “Serious games”, ces jeux vidéo au service des thérapies médicales. Y sera attablé le président du jury Douglas Trumbull, responsable photo de 2001, Odyssée de l’espace de Kubrick et des effets spéciaux sur Blade Runner de Ridley Scott. On lui doit encore la photo du film Star Trek et Rencontre du 3e type de Spielberg. Autres membres du jury et témoins de cette (r)évolution des images cinématographiques, Greg Broadmore, connu pour les effets spéciaux de King Kong de Peter Jackson, et le Zurichois Ueli Steiger, chef op des films de Roland Emmerich (Godzilla ; Le Jour d’après…).
A ces trois noms s’ajoute celui de Nancy Allen, mythique icône de Carrie ou le bal du diable, Dressed to kill et Blow up, de son ex-époux Brian de Palma, et policière dans les trois Robocop. Le jury aura à se prononcer sur les huit films de la compétition internationale, où croisent Gaspard Noé, Nick Cohen, Christopher Smith et où des villageois s’avèrent des vampires (Stigoi), des chasseurs de baleines massacrent des touristes (Reykjavik whale watching massacre), un prof commence à voir des fantômes (The Eclipse), un guerrier viking muet se retrouve sur une île étrange (Valhalla raising) et un homme recherche sa femme et son fils mystérieusement disparus (Strayed).

« La Paloma » de Daniel Schmid

Vous avez dit fantasiatique ?
A côté du cinéma asiatique contemporain, qu’il a toujours célébré dans sa compétition “New cinema from Asia”, le festival propose trois rétrospectives. D’abord, celle des films gras québécois (entendez qui se donne de la peine, du courage, en québécois), dont l’industrie est parvenue à atteindre l’efficacité technique de la production hollywoodienne sans perdre la vision personnelle de ses auteurs, artisans d’une sous-culture dans un immense pays. La deuxième rétrospective honore le cinéma punk du Japonais Sogo Ishii, qui utilise le fantastique comme contre-culture. Entre les deux s’affiche un panorama du film fantastique suisse – mais oui, ça existe ! – de 1934 à nos jours. Histoire d’y (re)découvrir, entre autres, Swissmade, 2069 (1969) et Grauzone (1979) de Fredi Murer, La Paloma (1987) de Daniel Schmid, Requiem (1988) d’Alain Tanner, ou Marthas Garten (1991) de Peter Liechti.

Frank Dayen

NIFFF, du 4 au 11 juillet ; www.nifff.ch ; rés. 032 730 50 31 ; ticket@nifff.ch.

Rencontre avec Anaïs Emery, directrice du NIFFF


Comment célébrer le 10e anniversaire du festival ?
Anaïs Emery : En occupant une salle supplémentaire de 400 spectateurs, le Théâtre du Passage ; ce qui permettra d’élargir notre programmation. En augmentant la durée du festival à sept jours complets. Et en incluant de nouveaux lieux de réflexion (comme ces rencontres littéraires sur la fantasy et la S.F. organisées avec la Maison d’ailleurs d’Yverdon), ou en projetant des avant-premières européennes ou mondiales. Par exemple, le dernier film du Suédois Mans Marlind (membre du jury), Shelter, avec Julianne Moore et Jonathan Rhys-Meyer, les nouveaux Michael Winterbottom et Neil Jordan, ou encore la formidable production russe Inhabited island (2008), épopée galactique de deux fois deux heures au budget colossal, aux effets spéciaux stupéfiants et au casting national prestigieux.

« Enter The Void » de Gaspard Noé, France. Prix H.R. Giger « Narcisse » du meilleur film

Quels changements a vécu le NIFFF depuis ses débuts ?
Nous sommes passés d’une vingtaine de films à une centaine, et de 4’000 spectateurs à 23’000 l’an dernier. Parce que l’identité du festival en tant que promoteur et lieu d’échange privilégié du fantastique s’est affirmée – le soutien de Office Fédéral de la Culture le confirme -, le NIFFF a gagné en indépendance. Il nous est devenu plus facile d’obtenir des films, de choisir ceux que nous désirons, en fonction de nos critères. Nous ne sommes plus obligés de "boucher des trous" dans notre programmation.

Donc, tout va bien dans le meilleur des mondes ?
Nous pourrions certes améliorer notre visibilité en Suisse, parce qu’au contraire des autres pays, il n’existe pas ici de communauté autour du cinéma fantastique. D’un autre côté, ceci est peut-être notre chance, car il n’existe pas d’école qui cristalliserait une vision unique de ce genre. Nous devons donc encore lutter pour qu’il soit pleinement reconnu et répéter que le fantastique est le genre qui fait le plus travailler les gens du cinéma : éclairages, trucages, techniques poussent davantage le médium à ses limites. Les réalisateurs les plus créatifs de notre temps - Lynch, Cronenberg, Spielberg, De Palma, Peter Weir, Sam Raimi, Peter Jackson, Tim Burton... – ne viennent-ils pas du fantastique ?

Propos recueillis par Frank Dayen