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Festival International du Film Fantastique de Neuchâtel (NIFFF)
Neuchâtel : Bilan NIFFF entre frissons et ravissement

Petit diaporama du Festival International du Film Fantastique de Neuchâtel (NIFFF).

Article mis en ligne le septembre 2008
dernière modification le 19 septembre 2008

par Caroline BRINER

Avec plus de 20’000 spectateurs, le Festival International du Film Fantastique de Neuchâtel (NIFFF) a clos sa 8e édition sur le plein succès, comme d’habitude. Un public toujours plus nombreux pour une couverture médiatique toujours plus vaste ; des critiques élogieuses, une crédibilité croissante… Qu’en avons-nous nous-mêmes pensé ? Petit diaporama du festival qui s’est tenu entre le 1er et le 6 juillet.

Pas de doute. L’offre du NIFFF est toujours plus grande. Cinq compétitions, quatre rétrospectives, un open air, une exposition, un symposium sur les images numériques, une table ronde sur la coproduction, des projections spéciales, des invités prestigieux (Joe Dante, George Romero et Syd Mead notamment) et enfin le lancement d’un nouveau prix lié aux créations digitales : l’édition 2008 fut gargantuesque !

Syd Mead

Quand on sait que le festival « n’a pas encore atteint sa vitesse de croisière », selon les propos de sa directrice artistique Anaïs Emery, on est en droit de se demander si l’objectif final n’est pas un peu démesuré. Si le public se dit ravi d’une telle offre, certains confessent également ne guère savoir quels choix opérer dans cet océan de projections et de conférences. Et d’achever le festival frustré, faute de n’avoir tout pu visionner. Outre l’aspect quantitatif, l’on peut aussi saluer le soin apporté à présenter la diversité de la production du cinéma fantastique. Dans l’espace, dans le temps et dans les styles. Face à une telle palette, il faut admettre qu’on ne peut que trouver les couleurs pour peindre son tableau idéal et repartir avec sous le bras, heureux à l’idée de l’accrocher chez soi !
Les prix décernés en cette édition 2008 sont un beau reflet du regard ouvert de la manifestation. En effet, sciences-fictions, films d’auteur, comédies noires ou encore romance fantastique ont été primés. On est donc loin d’un festival qui n’a d’yeux que pour le film d’horreur, comme cela avait pu jadis lui être reproché.

Avenir du Prix Animago 
En fait, un seul aspect inquiète réellement : le Prix Animago. Annoncée cet été et tenant sa première édition l’an prochain, cette compétition est dédiée aux créateurs de contenus digitaux en Suisse et comporte 11 catégories. Rappelant un brin le Grand Prix Romand de la Création, Animago existe déjà en Allemagne, dans le cadre d’une rencontre professionnelle nommée Digital Creation Days. Avec ce concours, le NIFFF veut renforcer son image de plateforme de promotion du fantastique en Suisse. Son idée est louable. Mais son public le suivra-t-il ?
Si le symposium Imaging The Futur sur les images numériques a souvent fait salle comble, le Prix Animago a rencontré un succès plus mitigé. Parmi les quelque 80 curieux qui se sont rendus au lancement de cette compétition (qui consistait en la projection des œuvres primées en 2007 en Allemagne), nombreux sont les dépités qui ont quitté la salle au fil des quarts d’heure… Apparemment, ces œuvres, certes technologiquement impressionnantes, mais trop souvent publicitaires, n’ont guère convaincu. Le public du NIFFF n’est peut-être attiré que par les effets spéciaux livrés dans un cadre fictionnel... Le festival s’exprimera à ce propos cet automne.

« Vincent le Magnifique » de Pascal Forney

Palmarès de la 8e édition


Prix H.R.Giger « Narcisse »

 du meilleur film (Compétition Internationale) : Sleep Dealer de Alex Rivera (USA/Mexique)

 mentions spéciales (Compétition Internationale) : Let the Right One in de Tomas Alfredson (Suède) et Tokyo ! de Bong Joon-ho, Leos Carax et Michel Gondry (France/Japon /Allemagne/Corée du Sud)

 du meilleur film suisse (Concours SSA/ Suissimage du court-métrage suisse) : Vincent le Magnifique de Pascal Forney

 de la meilleure vidéo d’art (Compétition Actual Fears, 1ère année) : The Counterfeiters de Katia Bassanini.

Nomination pour le Méliès d’or

 Méliès d’argent du meilleur long-métrage européen (Compétition Internationale) : Let the Right One in de Tomas Alfredson (Suède)

 meilleur court-métrage européen : Scary de Martijn Hullegie (Pays-Bas).

 Prix Mad Movies du meilleur film asiatique (Compétition asiatique) : Om Shanti Om de Farha Khan (Inde)

 Prix TSR du Public : CJ7 de Stephen Chow (Hong-Kong)

 Prix de la jeunesse : Let the Right One in de Tomas Alfredson (Suède)

 Prix Titra Film : Tokyo ! de Bong Joon-ho, Leos Carax et Michel Gondry (France/Japon/ Allemagne/Corée du Sud).

Le cinéma fantastique suisse
La production de films fantastiques existe en Suisse, et le NIFFF est là pour nous le rappeler ! Dix films ont concouru à la compétition de courts-métrages. Principalement romandes, ces réalisations prouvent que les Suisses maîtrisent toujours mieux les techniques cinématographiques. De bons scénarii (Sainte Barbe ; Die Seilbahn ; Vincent le Magnifique), une photo réussie (Dead Bones), une lumière bien maîtrisée (Rien ne va plus).
Certains jouent même l’audace (Monsieur Sélavy) ! Malgré tout, le public a tardé à se mettre dans le bain et à applaudir les œuvres. La faute peut-être à un programme comprenant trop de films lents. Le NIFFF a également organisé des projections spéciales, une très intéressante exposition sur les designers helvètes travaillant à Hollywood et une table ronde sur le réseau des coproductions européennes. Last but not least : le premier concours d’Actual Fears, dédié aux vidéos d’art fantastique suisses. Dix courts ont été projetés parallèlement à une exposition au CAN, le Centre d’art neuchâtelois, co-organisateur de la compétition. Axé sur les peurs, ce nouvel événement, remarqué notamment pour son juke-box animé par un médium, permit d’aborder le fantastique avec un autre regard, et d’autres battements de cœur…

Caroline Briner