Du 6 au 16 août 2008 s’est déroulée la 61e édition du Festival international du Film de Locarno, une édition mitigée tant par la compétition internationale que par le choix des membres du jury international, ainsi qu’aux prix attribués, à l’image de la météo capricieuse qui régna sur la cité tessinoise durant ces dix jours.

Rendez-vous majeur du cinéma d’auteur indépendant, le Festival du Film de Locarno a décerné le samedi 16 août son 61e palmarès. Le Léopard d’Or, plus haute distinction de la manifestation suisse, est revenu au long-métrage mexicain Parque Via d’Enrique Rivero. Un autre film latino-américain, Duenas, décrivant la bourgeoisie huppée de Lima, semblait pourtant flairer le Léopard mais le goût des festivaliers n’a pas rejoint celui des membres du jury sur ce point…

Cette attribution du Léopard d’Or à Parque Via consacre une révélation effective – première œuvre du mexicain Enrique Rivero – qui figure la réclusion d’un homme dans une maison qui appartient à un autre et s’apprête à être vendue. Misant sur le naturel des comédiens non professionnels, répétant peu et encourageant la spontanéité, le cinéaste longtemps établi à Madrid porte un regard plus ou moins renouvelé sur la mégalopole de Mexico qui l’a vu naître. Le Mexique s’est retrouvé ainsi à l’honneur.
Récipiendaire du Prix Spécial du Jury, 33 Scenes of Life de Malgoska Szumowska confirme quant à lui la résurgence du cinéma polonais sur la scène internationale au travers d’une fiction qui s’attache à l’exutoire d’une jeune artiste confrontée à la maladie et la désagrégation du nid familial. Fidèle à son envergure, Locarno comprend aussi différents jurys qui, cette année, auront décerné plus d’une vingtaine de prix, mentions non comprises !

Parmi les nombreuses autres récompenses qui ont été attribuées au cours de ce rendez-vous majeur, on mentionnera aussi :
Le prix de la mise en scène a été attribué au Canadien Denis Côté pour son film Elle veut le chaos.
L’acteur Tayanç Ayaydin a remporté le prix d’interprétation masculine pour The Market-a Tale of Trade de Ben Hopkins, et l’a fait savoir en direct depuis la Piazza Grande qui l’a ovationné au moment où sa mère a décroché le téléphone depuis la Turquie, et Ilaria Occhini, le prix d’interprétation féminine pour Mar Nero signé du réalisateur italien Federico Bondi.
A noter enfin que le prix du public a été décerné à Son of Rambow du cinéaste anglais Garth Jennings, une comédie mettant en scène deux adolescents qui tentent de réaliser un remake de Rambo, film emblématique de la carrière de Sylvester Stallone. Ce film, à l’humour décalé et tendre, a touché autant le public auquel il est destiné, les enfants et les adolescents que leurs parents.

Les autres prix attribués sont les suivants : la Mention spéciale : Feast of Villains, de Pan Jianlin (Chine), qui abordait le sujet délicat du trafic d’organes, à travers la chronique d’un jeune manutentionnaoire qui se bat pour sauver son père malade. On citera aussi la Mention spéciale : Daytime Drinking, de Noh Young-seok (Corée du Sud), et le prix Netpac pour la promotion du cinéma asiatique.
Le Léopard de la meilleure première œuvre a été attribué à März, de Händl Klaus (Autriche).

Dans la COMPÉTITION CINÉASTES DU PRÉSENT, Le Léopard d’or, attribué à La Forteresse, de Fernand Melgar (Suisse), a permis au cinéaste lausannois de rappeler que la Suisse, terre d’immigration, accueille les forves de travail sans pour autant leur donner le droit de vote. Le réalisateur a dédié son film à son père, disparu avant d’avoir découvert le film de son fils.
Le Prix Spécial du jury a été remis à Alicia en el País, d’Esteban Larrain (Chili) et la Mention spéciale à Prince of Broadway, de Sean Baker (USA).
Quant à la section des LÉOPARDS DE DEMAIN (courts-métrages), dans la Compétition internationale, le Pardino d’oro a été remis à Dez Elefantes, d’Eva Randolph (Brésil), le Pardino d’argent à Kaupunkilaisia, de Juho Kuosmanen (Finlande).
Pour la Compétition nationale, le Pardino d’oro est revenu à La Délogeuse, de Julien Rouyet (Suisse) et le Pardino d’argent à Un Dia y nada, de Lorenz Merz (Suisse).

Dans les “coulisses” du Festival, à savoir les pavés de la Piazza Grande, les festivaliers avouaient s’être plus enthousiasmés pour la programmation de la Piazza que pour la compétition internationale. Frédéric Maire, actuel Directeur artistique, a assuré diversité, éclectisme et prise de risque, comme le faisaient remarquer certains cinéastes. Fernand Melgar l’a d’ailleurs chaleureusement remercié d’avoir osé programmer son film La Forteresse, alors qu’il était encore à l’étape du montage.
Frédéric Maire a annoncé dans les colonnes de la presse ses nouvelles responsabilités à venir, dès 2009, en tant que nouveau directeur de la Cinémathèque de Lausanne. Quant au nouveau nom à la direction artistique du festival, cela reste un mystère*.
Une seule certitude : le rendez-vous est donné en 2009, du 5 au 15 août.

Firouz-Elisabeth Pillet

* Le nouveau directeur artistique du Festival a été nommé en la personne d’Olivier Père, qui prendra ses fonctions après le Festival 2009.