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Black movie, festival de films des autres mondes
Genève, Festival Black Movie 2008
Article mis en ligne le février 2008
dernière modification le 5 février 2008

par François ZANETTA

Black movie, festival de films des autres mondes se déroulera du 1er au 10 février 2008. L’occasion unique de s’immerger pendant 10 jours dans une cinématographie riche et stimulante, de voyager et de rêver peut-être.

Depuis 1999, le festival s’oriente vers des continents différents. Toujours fidèle à l’Afrique, la programmation s’élargit et se penche sur l’Amérique latine et l’Asie. Le monde est vaste, assez pour dénicher des films qui parleront de l’humain et de sa place sur cette terre.
Le cinéma comme toutes autres formes artistiques propose des réponses, des interrogations, des possibles. Le cinéma comme une fenêtre ouverte sur des réalités que la pellicule va fixer, révéler et diffuser. Les films programmés, films d’auteurs, pour la plupart en devenir ou confirmés, ne sortent que rarement en salle (trop peu en tout cas) ; l’occasion d’un festival pour les découvrir. Cette année, on dénombre 8 sections comprenant plus de 90 films ! Une offre impressionnante mais surtout une qualité de films impeccable. On passe alors de Taiwan au Mexique, de la Thaïlande à l’Iran, de la Corée du Sud à Hong Kong ; d’un film de genre au film d’action le plus flamboyant. De quoi se rassasier pleinement !

La saveur de la pastèque, de Tsai Ming LIang

Taïwan et Mexique à l’honneur
Black movie 08 fait la part belle au cinéma de Taiwan. Il y a déjà 25 ans qu’une vague nouvelle y déferla. On nommera ici Hou Hsio-Hsien, immense cinéaste et chef de file de cette Nouvelle Vague. Qu’en est-il aujourd’hui ? On repense à Edward Yang, récemment disparu et le formidable YiYi (programmé pendant la semaine) et grâce à la présence de l’école de Taipei, on se rendra compte de la vivacité de leur cinéma. L’occasion de découvrir des travaux de cette génération émergente (en lien d’ailleurs avec les Beaux-arts de Genève).
Le festival propose aussi de se plonger dans l’œuvre incontournable de Tsai Ming Liang ; découvrir alors un cinéma passionné et contenu. On se souvient peut-être des deux histoires parallèles de Et là-bas quelle heure est-il ? ou du dernier I don’t want to sleep alone qui narre la déambulation nocturne d’un homme et de son matelas… ! Poétiques et fragiles, ces films prennent leur temps, ose des narrations elliptiques, et nous pousse à repenser le cinéma, loin de tout formatage télévisuelle. Ce qui peut être dit sur ce cinéma taïwannais, pourrait être envisagé pour le cinéma de Carlos Reygadas. Ce cinéaste mexicain, bien connu des festivals internationaux (il vient de remporter le Prix du Jury à Cannes en 2007 avec Luz Silenciosa, qui sera projeté), est produit par la Mantarraya Producciones. Le festival lui consacre une rétrospective. Le Luz Silenciosa est le premier long métrage de la Mantarraya Producciones à être sorti au Mexique. Symptomatique de la difficulté de montrer un film d’auteur face à la grosse production américaine. Ces questions seront d’ailleurs abordées avec le cinéaste lors d’une table ronde.

Luz Silenciosa, de Carlos Reygadas

Iran et Malaisie
La sélection de Black Movie 08 permettra de savoir que Kiarostami n’est pas le seul porte-parole du cinéma iranien. A travers des fictions et des documentaires de ce pays, notamment ceux de Raksan Bani Etemad (présente lors du festival), nous découvrirons que son cinéma pose un regard sans concession sur l’Iran. Our times évoque le rôle de la femme dans la société iranienne, Quelques kilos de dattes est une fiction extravagante à l’humour noir sur une humanité en mal d’amour. Il faut mentionner enfin Cold Earth, un vrai conte incantatoire, où la nature est au centre de toutes les préoccupations.
De l’Iran à la Malaisie, c’est tout l’intérêt de Black Movie ; ces grands voyages au centre de la terre. Et à nouveau la découverte de films, malais cette fois-ci, à travers une maison de production, Da Huan Pictures : petite boîte de production basée à Kuala Lumpur, vers une recherche esthétique et thématique passionnante. A ne pas manquer dans cette sélection : le contemplatif The Elephant and the Sea.
L’Afrique, présente forcément, offre un regard dynamique, sans misérabilisme, sur la situation post-traumatique du Rwanda. La volonté de comprendre pour ne pas reproduire. Homeland de J. Kalimunda parle justement de cette problématique.
Il faut enfin citer quelques films incontournables, en vrac : le dernier opus de Naomi Kawase (souvenez-vous du magnifique Shara), La forêt de Mogari, le dernier film de Takeshi Kitano, le maître du thriller hongkongais Johnnie To qui met en scène deux films virtuoses : Triangle Mad detective. Night Train est un film de Yinan Dio à voir absolument, l’incontournable Hong Sang So avec Woman on the Beach, et enfin (un des meilleurs films de l’année dernière) Syndromes and a century de A.Weerasthakhul.
Tous ces films proposent des visions intéressantes à travers des rythmes différents ; il faut les voir comme pour se nettoyer le regard, se refaire un œil comme on se refait une santé.

François Zanetta

Lieux : CAC Voltaire, Bio, Les Scala, Spoutnik, Titanium, Centre d’Art en l’ìle. Et discuter, se retrouver à la Black Box dans les Halles de l’Ile.Carlos Reygadas