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Films de septembre 2008

Commentaires sur les films : The Bank Job - Wall-E - Pure Coolness - Saturno contro - Sangue pazzo.

Article mis en ligne le septembre 2008
dernière modification le 23 mai 2012

par Firouz Elisabeth PILLET

The Bank Job


(Braquage à l’anglaise), de Roger Ronaldson, avec Jason Statham, Saffron Burrows, Stephen Campbell Moore. Grande-Bretagne/Australie, 2007.

Jusqu’à ce jour, Terry s’était toujours contenté de vols de voitures et de petites magouilles, mais lorsque Martine lui propose de participer au braquage infaillible d’une prestigieuse banque londonienne, il y voit la chance de sa vie. Le duo se retrouve à la tête d’une escadrille de petites frappes, tous démunis, qui voient miroiter un avenir sans souci à travers cette entreprise alléchante. Les braqueurs en herbe ne se doutent pas que Martine, prise avec de la drogue à son retour en Angleterre, s’est vu proposer ce braquage par des malfrats bien plus rôdés qu’eux. En effet, l’enjeu est une salle des coffres remplie de millions en liquide et en bijoux extraordinaires, mais Terry et son équipe ignorent que la salle des coffres renferme aussi quelques secrets que les plus puissants dignitaires du royaume ne veulent à aucun prix voir étalés au grand jour…

« The Bank Job » de Roger Ronaldson

Encore un film d’action à la sauce américaine, me direz-vous ! Nenni non point ! Braquage à l’anglaise se base sur l’audacieux « cambriolage au talkie-walkie » dont avait été victime la banque Lloyds de Londres en septembre 1971. C’est à cette époque que des cambrioleurs ont percé un tunnel, via des catacombes datant de l’épidémie de la peste, qui les a conduits dans la salle des coffres d’une banque de Baker Street. Ils ont emporté argent et bijoux pour plusieurs millions de livres sterling. Rien n’a jamais été retrouvé.
Personne n’a été arrêté. L’affaire a fait les gros titres pendant quelques jours, puis les médias n’en ont plus parlé car ils avaient reçu du gouvernement une "D-Notice", une demande exceptionnelle de ne rien publier sur un sujet pouvant compromettre la sécurité de l’Etat. Et pour cause : le butin regorgeait de photographies sulfureuses de politiciens en pleine séance sado-masochiste, de clichés compromettant de la Princesse Margaret en pleins ébats, de carnets de pots-de-vin versés à certains ministres, bref, de quoi ébranler la placide Albion et lézarder l’institution des Lords.
Contrairement à ce que laisse penser son titre, Braquage à l’Anglaise n’est absolument pas la suite de Braquage à l’Italienne où l’on trouvait déjà Jason Statham en train de remuer ciel et terre avec son pote Mark Walhberg pour piquer tout le joli pognon de ce salaud d’Edward Norton. Rien à voir donc avec ce Bank Job qui s’inspire d’une histoire vraie, une affaire qui faisait trembler de peur tant de personnes haut placées qu’il a fallut attendre presque quatre décennies pour qu’un film en soit tiré. Avant les producteurs de Braquage à l’anglaise, personne n’avait jamais réussi à rencontrer les personnes impliquées dans cette affaire. La moitié de ces gens avaient reçu de nouvelles identités et disparu, et les autres étaient morts. Après avoir retrouvé certaines de ces personnes, le producteur Steven Chasman et son équipe ont pu discuter avec elles et utiliser leurs témoignages pour donner plus d’authenticité au film. Plusieurs de ces cambrioleurs sont même venus visiter le plateau et y ont travaillé comme consultants. Par souci de véracité, le film a entièrement été tourné à Londres malgré un coût plus élevé.
Malgré la complexité de l’affaire et la toile de suspects qui se tisse progressivement, les spectateurs ne perdent jamais le fil conducteur, la tension ne descend à aucun moment et chaque implication ou sous-intrigue trouve une résolution satisfaisante. Pour servir ce film fort réussi, à la tête d’une brochette d’acteurs qui s’amusent bien, Jason Statham trouve enfin un rôle qui le valorise. Moralité : la cagoule ne fait pas le malfrat, et courez voir ce film, sans doute le meilleur film de braquage depuis Ocean’ s Eleven. God save the Queen !
Firouz-Elisabeth Pillet

Wall-E


film d’animation de Andrew Stanton, Studios Pixar. Etats-Unis, 2008.

Venez à la rencontre de Wall-E (prononcez "Walli") : Wall-E est le dernier être sur Terre et s’avère être un... petit robot ! 700 ans plus tôt, l’humanité a déserté notre planète laissant à cette incroyable petite machine le soin de nettoyer la Terre. Mais au bout de ces longues années, Wall-E a développé un petit défaut technique : une forte personnalité. Extrêmement curieux, très indiscret, il est surtout un peu trop seul... Il rêve du grand amour en regardant le ciel étoilé.

« Wall-E », film d’animation de Andrew Stanton
© Walt Disney Studios Motion Pictures France

Cependant, sa vie s’apprête à être bouleversée avec l’arrivée d’une petite "robote", bien carénée et prénommée EVE. Tombant instantanément et éperdument amoureux d’elle, WALL-E va tout mettre en œuvre pour la faire rire, l’amuser, bref, la séduire. Et lorsqu’EVE est rappelée dans l’espace pour y terminer sa mission, WALL-E n’hésite pas un seul instant : il se lance à sa poursuite... Hors de question pour lui de laisser passer le seul amour de sa vie... Pour être à ses côtés, il est prêt à aller au bout de l’univers et vivre la plus fantastique des aventures ! Pour le plus grand bonheur des petits et des grands, Wall-E promet une odyssée intergalactique fort réussie.
On l’avait annoncé et on l’a affirmé avec un aveuglement total : Wall-E serait un chef-d’œu-vre. C’est effectivement le cas, mais c’est aussi beaucoup plus, et nous n’aurions jamais pu imaginer à quelle hauteur Pixar mettrait la barre. Vers l’infini et au-delà peut-être, mais le studio s’est ici surpassé plus que jamais et livre son dernier-né avec fierté, dans un constant défi de perfection. Dans cette bluette insolite entre une boîte de conserve rouillée et un Ipod multifonctions dans une aventure spatiosidérale intergénérationnelle sur les degrés de technologie, l’usage que l’on peut en faire et surtout la façon de s’en détacher. En filigrane, Wall-E sous-tend un discours écologique d’actualité sur l’excès de déchets, leur élimination, la préservation de notre environnement à long terme.
Le plus simple est encore de laisser opérer la magie du spectacle parce que c’est ainsi que nous avons vécu l’expérience du film. Fait devenu de plus en plus rare à la sortie d’une projection de presse, le spectateur lambda que nous sommes – journalistes – est resté pantois quelques minutes, le regard vague, cherchant le secours dans l’œil du collègue ou du confrère pour se dénouer la gorge. Une sensation généralisée qui laisse tout le monde un peu stupide, même les critiques les plus acerbes, avant de reprendre ses esprits, et à laquelle on ne pouvait franchement pas s’attendre.
Ratatouille est un chef-d’œuvre et rien ne pourrait lui ôter ce titre, mais il n’avait clairement pas atteint une telle puissance émotionnelle. Surtout de la part de Andrew Stanton, à la mise en scène moins maîtrisée que son confrère Brad Bird et déjà réalisateur du sympa mais très infantilisant Monde de Némo, retenu à juste titre comme le film le moins mémorable – artistiquement – du studio. Essai de jeunesse… Entre-temps, le réalisateur a acquis une maturité et brille avec maestria dans les images 3D.
Les spectateurs ne sont délibérément pas pris pour des idiots et, une fois encore, il n’est pas possible d’éviter l’éternelle comparaison avec le faux frère de toujours, Dreamworks. Un concurrent qui trouve ici un coup de grâce fatal et qui peut reprendre le chemin des Coulisses avec ses Shrekeries redondantes. L’énième épisode du gentil monstre vert ne saura démentir ce constat : Pixar bat à plates coutures son rival, servant de véritables petits chefs-d’œuvre que chaque génération appréciera selon ses références. Quant aux parents, ils sauront savourer les nombreux clins d’œil tant musicaux que cinématographiques ; Andrew Stanton fait se côtoyer Les Temps modernes avec un Star Wars quelconque, en passant par Vol au-dessus d’un nid de coucou, ou plus explicitement Les Lumières de la ville avec 2001 L’odyssée de l’espace, offrant une relecture ludique et riche de sens.
Firouz-Elisabeth Pillet

Pure Coolness


(Boz salkyn), de Ernest Abdyjaparov avec Tynchtyk Abylkasymov, Osnura Asanalieva, Siezdbek Iskenaliev. Kirghistan, 2007.

Le Kirghizistan est un pays qui fait rêver : ses verts pâturages, ses cimes enneigées, sa nature préservée, ses femmes aux tenues traditionnelles colorées, ses troupeaux de moutons. Quel paysage bucolique ! Sur ces terres à la beauté intense, des traditions singulières continuent pourtant à être respectées, transmises de génération en génération. Il existe en effet, dans les villages de montagne retirés du Kirghizistan rural, la coutume de l’enlèvement des épouses. Atavisme suranné ou anachronisme culturel ? Cette coutume peut-elle encore se justifier aujourd’hui, même si les époux semblent mener une vie heureuse ? C’est le thème principal de Pure Coolness, un conte contemporain, dérangeant mais chaleureux, sur la loyauté familiale, la tromperie, la trahison et l’amour. Après Saratan, son premier long métrage très remarqué, Ernest Abdyjaparov réussit une nouvelle fois, formidablement, à aborder un sujet sérieux avec légèreté.

« Pure Coolness » de Ernest Abdyjaparov

Asema vit à Bichkek avec ses parents et y travaille dans une banque. Lassée par son travail, elle décide de quitter la ville pour suivre son copain, Murat, à la campagne. Avant de partir, elle se décide à présenter Murat à ses parents ; sa mère est très inquiète car, connaissant les traditions pratiquées dans ces contrées, elle redoute que sa fille ne se fasse enlever. Asema part confiante et sereine. Mais son séjour à la campagne tourne mal car elle découvre que Murat aime toujours son amie d’enfance. Asema arrête une voiture en espérant ainsi rentrer à la capitale ; or, elle se retrouve enlevée, étant prise pour une autre jeune fille, et mariée de force à un berger des montagnes. Résignée, et farouchement décidée à ne plus adresser la parole à Murat qui tente de la récupérer, Asema se met à vivre au rythme des troupeaux que garde son époux, se pliant au dur labeur de la vie à l’alpage. Dans une description presque anthropologique, le cinéaste s’intéresse à cette coutume désuète mais pourtant encore en vigueur, tout en soulignant l’évolution qui s’opère dans la société kirghize.
Ce quatrième long métrage pourrait presque se voir comme un documentaire, une sorte de petit ouvrage sociologique qui intéresse certes mais laisse perplexe quant à la qualité cinématographique : en effet, le jeu des acteurs est catastrophique, la direction de ces derniers absente, le scénario très convenu et prévisible, et surtout le cadrage tout droit sorti des films communistes des années septante. Dommage, Ernest Abdyjaparov nous avait habitués à mieux !
Firouz-Elisabeth Pillet

Saturno contro


de Ferzan Ozpetek, avec Stefano Accorsi, Margherita Buy, Pierfrancesco Favino. Italie, 2006.

Davide, écrivain de contes pour enfants, et son compagnon, Lorenzo, un publicitaire jeune et ambitieux, ont pour habitude de réunir autour de leur table un cercle d’amis qui se retrouvent pour partager leur quotidien. Il y a là Antonio, un banquier en pleine crise existentielle, en proie au fameux démon de la quarantaine, et sa femme Angelica, psychologue de renom qui ne soupçonne pas la relation adultère de son mari ; une traductrice turque prolixe et indiscrète, Neval, qui materne tout ce beau monde, et son mari, un policier timide ; Sergio, un homosexuel quinquagénaire, amer et sarcastique, ancien compagnon de Davide ; Roberta, une jeune femme passionnée d’astrologie et éternellement célibataire, et Paolo, diplômé en médecine, qui vient de se découvrir bisexuel. Malgré leurs différences, ils partagent ensemble un profond sentiment d’amitié et de respect mutuel.
En 2001, le cinéaste d’origine turque Ferzan Ozpetek réalise Tableau de famille, énorme succès public en Italie pour lequel il obtint de nombreuses récompenses dont quatre Nastri d’Argento, trois Globi d’Oro et le Prix du Meilleur Film au New York Gay and Lesbian Film Festival (Festival du film gay et lesbien de New York) en 2002. Sept ans plus tard, il signe Saturno contro, dont l’ambiance peut faire penser à Tableau de famille.
Ferzan Ozpetek dresse un parallèle nuancé entre ces deux films : Ce sont deux films très différents même si, à première vue, on peut penser qu’ils ont des points communs. Tableau de famille racontait l’histoire d’une femme et de sa rencontre avec un groupe d’individus qui étaient exactement son contraire. De cette rencontre naissait et se produisait le changement et la guérison de cette femme. Le groupe de Tableau de famille était un groupe alternatif, non bourgeois. À la différence de ce film, Saturno contro ne raconte pas l’histoire d’un personnage par rapport à un groupe différent mais parle directement du groupe, assez homogène et résolument bourgeois. Le noyau central du groupe est formé de personnes, plus ou moins proches de la quarantaine.

« Saturno contro » de Ferzan Ozpetek

Comme à l’accoutumée, le cinéaste se concentre essentiellement sur ses personnages et sur les dynamiques qui les animent. Pour ce faire, le monde autour des personnages n’est presque jamais représenté de manière objective, on ne voit pas la société. C’est comme s’ils étaient sur une scène où il n’y a pas de place pour les autres, ni même à la limite pour les figurants. Le film se déroule majoritairement dans l’appartement de Davide, avec quelques incursions dans les couloirs de l’hôpital, dans un fragment de rue qui sert uniquement de support à l’action, comme par exemple, devant la façade d’un immeuble où Lorenzo fait apposer une affiche.
Pour Saturno contro, le cinéaste Ferzan Ozpetek a reformé le couple vedette de Tableau de famille, composé de Stefano Accorsi, le charmeur à qui l’on sait tout pardonner, et Margherita Buy, la parfaite épouse trahie. Un film de Ozpetek n’existe pas sans la présence de son actrice fétiche, la Turque Serra Yilmaz, bonne vivante à la bonne humeur contagieuse. A travers la disparition d’un des leurs, aimé de tous, Ozpetek raconte une histoire pleine d’humanité et de douleur, proche du public qui s’identifie aisément à cette palette bigarrée de personnages. Ce microcosme évolue dans le respect de ses différences, soudé par un sentiment d’appartenance à la même famille malgré des préférences sexuelles très opposées. Ozpetek de souligner : Pour moi, ce n’est pas la sexualité des gens qui compte mais les gens eux-mêmes, leurs droits.
Ce que l’on retient de ce cercle d’amis, c’est ce monde créé par le cinéaste, à la fois réaliste et radical, mais aussi poétique et fantaisiste, proche de notre univers contemporain. On ne peut que se laisser porter par ces personnages si proches de nous… Saturno contro a été récompensé en Italie. Le Syndicat National Italien des Journalistes Cinéma a décerné le Prix du Meilleur scénario au long-métrage, alors que Margherita Buy a reçu le Prix de la Meilleure actrice. Quant à Ambra Angiolini, elle a reçu le David di Donatello Award (équivalent transalpin des César) du Meilleur second rôle féminin.
Firouz-Elisabeth Pillet

Sangue pazzo


(une histoire italienne), de Marco Tullio Giordano, avec Monica Bellucci, Luca Zingaretti, Alessio Boni. Italie, 2008.

A l’aube du 30 avril 1945, cinq jours après la Libération, on retrouve à la périphérie de Milan deux cadavres ensanglantés. Une pancarte fraîchement peinte les identifie : Osvaldo Valenti et Luisa Ferida, exécutés quelques heures auparavant par les partisans. Mais qui étaient Osvaldo Valenti et Luisa Ferida ? Adulé du grand public, le couple, aussi célèbre à la ville qu’à l’écran, faisait partie des acteurs de premier plan du cinéma des téléphones blancs que le régime fasciste avait voulu encourager. Parfaits dans les rôles du voyou séduisant et de la femme perdue et amorale, ils scandalisaient la petite bourgeoisie italienne en incarnant ces personnages anarchistes et dissolus. En proie aux démons classiques du milieu artistique, ils vivaient leur passion ponctuée de drogues, de sexe torride, de scandale sulfureux.
Comme le rappelle le réalisateur, qui planche depuis trois décennies sur ce projet : Après l’armistice du 8 septembre 1943, ils avaient adhéré à la République de Salò et étaient montés au Nord de l’Italie. Dans des conditions mouvementées, ils avaient tourné quelques films à Venise, dans les établissements de la Giudecca où Mussolini se flattait de recréer les fastes de Cinecittà. Là commença un rapide déclin. Valenti s’enrôla dans la Xème MAS de Junio Valerio Borghese, où on le chargea de la contrebande dans un but, dirait-on aujourd’hui, d’autofinancement, puisque la Xème MAS était mal vue des fascistes de la République de Salò. On n’a pas de preuves qu’il ait participé, comme le disait la rumeur, à des actions de ratissage, mais il est vrai que, pour s’approvisionner en cocaïne, il fréquentait assidûment Pietro Koch, un homme sinistre qui sévissait à Milan à la tête d’une police parallèle responsable de toutes sortes d’atrocités. C’est précisément dans les souterrains de la villa Triste, siège de la bande de Koch, qu’est née la légende de la participation d’Osvaldo Valenti aux tortures et de Luisa Ferida qui dansait à demi nue pour exciter les désirs effrénés des tortionnaires. Leur participation n’est pas avérée mais en temps de guerre, les rumeurs vont bon train, et leur mode de vie débridée eut tôt fait d’attiser les commérages. Leur attitude opportuniste et ambiguë, par laquelle ils s’amusaient à ébranler les convenances de la bourgeoisie bien-pensante, a eu raison de leurs personnes puisque les partisans les sacrifieront pour l’exemple. Le film de Giordano explore à merveille cette ambigüité, montrant comment il est aisé de basculer d’un côté comme de l’autre.

« Sangue pazzo » de Marco Tullio Giordano
© Paradis Films

Pourquoi avoir attendu tant de temps pour réaliser un tel projet ? D’une part, le cinéaste n’avait alors qu’un film à son actif, donc peu d’arguments pour convaincre les financiers. De plus, à l’époque, la télévision ne voulait absolument pas intervenir dans un projet jugé dangereux. Mieux valait laisser tomber une telle entreprise afin de ne pas s’attirer d’ennuis. Les acteurs italiens étaient peu désireux d’endosser de tels rôles et les proposer à des vedettes américaines aurait dénaturé l’histoire. Portés aujourd’hui à l’écran par deux acteurs magnifiquement complémentaires, Luca Zingaretti qui se surpasse dans le rôle d’un Osvaldi provocateur et fanfaron, à l’opposé du caractère discret de l’acteur, et Monica Belluci qui excelle dans ce rôle de femme fatale sacrifiée, un rôle qui dévoile toutes ses qualités d’interprétation et la met en valeur, contrairement aux films français qui la cantonnent éternellement dans des personnages de bimbo écervelée. Le réalisateur a pris quelques libertés par rapport à l’histoire réelle de ces deux protagonistes, affirmant n’avoir pas fait un film d’enquête visant à reconstruire « la véritable histoire de Luisa Ferida et d’Osvaldo Valenti », mais une œuvre de fantaisie inspirée par des événements et des personnages réels. Grâce à cette prise de distance, le cinéaste rend ces personnages intéressants, libérés de la polémique morale qui les poursuit. Une histoire italienne a été projetée en séance spéciale au Festival de Cannes 2008, un passage sur la Croisette devenu presque une habitude pour Giordano qui y a déjà présenté en 1980 Maudits, je vous aimerai ainsi que Nos meilleures années, Prix Un Certain Regard 2003, et Une fois que tu es né en Compétition en 2005.
Firouz-Elisabeth Pillet