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Film de septembre 2010 : “600 kilos d’or pur“

Le nouveau film d’Eric Besnard nous rappelle avec nostalgie l’époque où le cinéma français n’avait pas peur de l’exotisme.

Article mis en ligne le septembre 2010
dernière modification le 23 septembre 2011

par Firouz Elisabeth PILLET

600 kilos d’or pur


de Eric Besnard, avec Clovis Cornillac, Bruno Solo, Patrick ChesnaisAudrey Dana. France, 2010.

Un groupe d’aventuriers entreprend de faire le casse d’une mine d’or au cœur de la Guyane française en volant les lingots d’or fraîchement coulés pour l’Etat. Mais l’opération tourne au fiasco et, lors de leur fuite, leur hélicoptère doit se poser en catastrophe au milieu de la jungle. Ils ont mis la main sur 600 kilos d’or... mais doivent maintenant les porter sur leurs dos au milieu des plantes urticantes et des serpents venimeux. Le butin devenant fardeau, ils décident d’en cacher une partie. Les sept fuyards, cinq hommes, deux femmes dont une Indienne d’Amazonie enceinte, s’enfoncent dans la jungle. Le climat humide, les insectes agressifs, la fatigue croissante, la menace des multiples poursuivants – les militaires, les trafiquants, les autochtones en quête d’une prime... Leur fuite semble de plus en plus compromise : marche impossible, forêt infranchissable et cohésion du groupe compromise.

« 600 kilos d’or pur » de Eric Besnard

Le nouveau film d’Eric Besnard, qui offre les rôles principaux à Clovis Cornillac et Audrey Dana, nous rappelle avec nostalgie et bonheur la bienheureuse époque où le cinéma français n’avait pas peur de l’exotisme. Dès le générique d’ouverture, on se laisse entraîner par un scénario bien balancé, sachant entraîner les spectateurs dans cette folle course-poursuite. 600 kilos d’or pur atteste, preuve à l’écran, que le cinéma français peut encore financer des films ambitieux, tournés dans les territoires d’Outre-mer, et servis par un casting conséquent. Ce film s’inscrit dans la lignée des vrais films d’aventure, avec des scènes d’action époustouflantes, des explosions à profusion, des fusillades, des acteurs judicieusement choisis et tous convaincants – On songe à un Bruno Solo exécrable et détestable, méconnaissable par rapport à son habituel registre comique, Patrick Chesnais affichant la classe du gentleman cambrioleur ... Bref, le film de Besnard regroupe avec brio tous les ingrédients qui font habituellement la saveur du cinéma nord-américain.

A priori, le film pouvait laisser perplexe. A posteriori, il rappelle les belles heures du septième art de l’Hexagone des années 50 et 60. Quand Yves Montand jouait dans les films de Clouzot, Ventura poursuivait cent mille dollars chez Verneuil et que Belmondo et sa gouaille servaient De Broca. Des plats appétissants, dont on avait semble-t-il perdu la recette... Avec 600 kilos d’or pur, Eric Besnard n’a pas lésiné sur l’investissement pour mener son entreprise à bien. En un peu moins de deux heures, le réalisateur alterne avec aisance les scènes d’action, avec succession vertigineuse de cascades, et les phases posées où les comédiens peuvent incarner avec intensité leurs personnages (excellents Bruno Solo et Patrick Chesnais).

Au-delà de ce judicieux équilibre, le film propose une réflexion sur la condition des travailleurs clandestins amérindiens, exploités par des chercheurs d’or peu scrupuleux, plus préoccupés par leurs lingots que par les conditions salariales de leurs employés illégaux. Le film invite ainsi à une réflexion sur les minorités exploitées, que ce soit en Guyane ou ailleurs.

Firouz-Elisabeth Pillet