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Film de novembre 2010 : “Les petits mouchoirs “

Un troisième film qui s’impose comme un des événements de la rentrée...

Article mis en ligne le novembre 2010
dernière modification le 11 décembre 2011

par Firouz Elisabeth PILLET

Les Petits Mouchoirs


de Guillaume Canet, avec Marion Cotillard, Gilles Lellouche, Pascale Arbillot, Jean Dujardin, François Cluzet. France, 2010.

A la suite d’un événement bouleversant, une bande de copains décide, malgré tout, de partir en vacances au bord de la mer comme chaque année. Alors qu’un de leurs amis est entre la vie et la mort à l’hôpital, leur amitié, leurs certitudes, leur culpabilité, leurs amours sont soudain mis à l’épreuve. Ils vont enfin devoir lever les “petits mouchoirs“ qu’ils ont posés sur leurs secrets et leurs mensonges. S’inspirant de sa propre expérience – alors que, victime d’une infection, Guillaume Canet s’est retrouvé bloqué sur son lit d’hôpital – le réalisateur avoue signer ici un film-bilan sur sa vie, ses convictions, et les travers du genre humain. C’est un film fait par des copains et entre copains ; le jeu des acteurs s’en ressent, ces joyeux lurons étaient tous amis à la ville. Comme à l’accoutumée, Canet fait jouer son acteur fétiche, François Cluzet, ainsi que sa compagne, Marion Cotillard.

« Les petits mouchoirs » de Guillaume Canet

Depuis trois films, le réalisateur s’est imposé comme une valeur majeure du paysage français et ses Petits Mouchoirs sont un des films les plus attendus de l’année. C’est devenu tendance dans l’Hexagone : tout acteur trentenaire dans le vent passe derrière la caméra… Mais cela ne réussit pas à tout le monde. Depuis Mon Idole, comédie aussi drôle que grinçante – et portée par un François Berléand en pleine forme – puis Ne le Dis à Personne, polar amoureux plus que convaincant, Canet s’est imposé avec succès. Avec les Petits Mouchoirs il aborde encore un nouveau genre, le film choral façon film de potes, où tous les personnages sont la majorité du temps tous ensemble, sans récit éclaté et destins croisés. En effet, les acteurs sont tous réunis dans le Sud-Ouest, profitant de la mer et du soleil, chantant à l’unisson alors que leur pote dépérit à Paris.
Annoncé comme extrêmement personnel, porté à bout de bras par Guillaume Canet pendant de longues années, ce film offre une magnifique description de la fragilité de l’amitié et une véritable sincérité dans la description des liens sociaux, amicaux et amoureux. La caméra de Canet avoue un amour admiratif pour tous ses acteurs, tous excellents sans exception.

François Cluzet dans « Les petits mouchoirs »
© Jean-Claude Lother

Même si les Petits Mouchoirs ne se veut pas un film autobiographique, il contient pourtant des tranches de vie de son réalisateur qui met un peu de lui dans chaque personnage. Faire un film pour ses potes et avec ses potes pourrait agacer, et donner aux spectateurs l’impression d’être exclus de ce huis clos si bien rôdé. Autre ombre à ce tableau ensoleillé : la tentative assez maladroite et plutôt agaçante de manipuler et forcer l’émotion dans la dernière demi-heure qui, du coup, manque de naturel et rate son effet.
Malgré ces travers, le film de Canet s’avère pourtant séduisant sur de nombreux points et s’annonce clairement comme un véritable succès populaire. En effet, pendant deux bonnes heures, on ne voit pas le temps passé et on rit de bon cœur devant ces amis en train de se déchirer sans même s’en rendre compte ; cela ne peut que nous rappeler nos propres vacances entre amis. Effet miroir garanti, donc efficace. Les petites histoires des potes nous entraînent, avec leurs rires et leurs peines. En tête François Cluzet, génial en chef d’entreprise au bord de la crise de nerfs et qui pique des colères monstrueuses, et Gilles Lellouche lui aussi très bon en mari volage et éternel adolescent. Mais le plus fort c’est Jean Dujardin, quasiment invisible puisqu’accidenté. Le récit reste assez linéaire et donc classique mais la photographie, très travaillée, illumine le film.

Firouz-Elisabeth Pillet