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Film de novembre 2007 : “ De l’autre côté“

Fatih Akin se lance dans un road-movie tant géographique qu’émotionnel.

Article mis en ligne le novembre 2007
dernière modification le 4 mars 2012

par Firouz Elisabeth PILLET

De l’autre côté - Auf der anderen Seite


de Fatih Akin, avec Baki Davrak, Patrycia Ziolkowska. Hana Schygulla. Turquie/Allemagne, 2007. Festival de Cannes 2007.

Malgré les réticences de son fils Nejat, Ali, veuf, décide de vivre avec Yeter, une prostituée d’origine turque comme lui. Mais Nejat, jeune professeur d’allemand à l’Université de Hambourg, se prend d’affection pour Yeter lorsqu’il comprend qu’elle envoie son argent à sa fille en Turquie, pour lui payer des études. La mort accidentelle de Yeter éloigne durablement le père de son fils. Nejat se rend à Istanbul dans l’espoir de retrouver la trace d’Ayten, la fille de Yeter. Alors qu’il placarde des affiches portant le portrait de Yeter sur les murs d’Istamboul, Nejat tombe sur une librairie allemande qui est à vendre. Il décide de laisser l’enseignement pour se consacrer à sa passion, les livres. Entre-temps, Ayten, menacée par les forces militaires à causes de ses activités politiques, fuit en Allemagne sur les traces de sa mère.

« De l’autre côté », de Fatih Akin
© Collection AlloCiné

A Hambourg, Ayten sympathise avec Lotte, une étudiante allemande aussitôt séduite par le charme et l’engagement politique de la jeune Turque. Lotte propose même à Ayten de l’héberger chez elle, malgré les réticences de sa mère, Susanne. Une passion complice naît entre les deux jeunes femmes. Arrêtée et placée en détention car elle est sans papiers, Ayten est finalement reconduite à la frontière puis incarcérée en Turquie. Sur un coup de tête, Lotte décide de tout abandonner et de se rendre en Turquie pour venir en aide à sa compagne. Susanne, désemparée par cette décision qu’elle ne comprendra que bien plus tard, coupe les vivres à sa fille.
Avec De l’autre côté, Fatih Akin réalise un film touchant qui traite de sujets universels : la mort, la vie, l’amour, l’exil, le retour aux sources. Deux morts pour deux familles étroitement mêlées par l’intermédiaire d’une troisième. Un père et son fils, des mères et leurs filles, qui se croisent et se perdent dans les rues de Brême, d’Hambourg et d’Istanbul. Il y est question d’amour, de passion, de combat et d’engagement. Les relations entre l’Allemagne - et plus généralement l’Europe - et la Turquie sont au cœur de ce chassé-croisé. Le propos est juste et la forme, propre à Fatih Akin, aime semer la confusion et le trouble.
Il est difficile de relater l’histoire de ce film sans se perdre dans les méandres de ces diverses quêtes, mais à l’écran l’histoire se déroule limpide et fluide. Six personnages mènent la ronde : le jeune prof allemand de souche turque Nejat, fils du vieux grigou immigré Ali, lui-même amant de la prostituée hambourgeoise Yeter, cette dernière étant la mère de la belle activiste kurde Ayten, qui deviendra à Brême la maîtresse de Lotte, dont la mère Susanne fera, et dans les circonstances les plus tragiques , la connaissance de Nejat. A l’écran, ce sextett ne sera jamais réuni, ce qui crée la dynamique du film qui s’attache à ces poursuites, ces frôlements, ces ratages, ces coïncidences ; le film est soutenu par une musique omniprésente. Parfois un peu long, Afu der anderen Seite est un road-movie tant géographique qu’émotionnel, magnifiquement traité, dont les problématiques poursuivent le spectateur bien après sa sortie de la salle obscure !
Une dernière précision : présenté au 60e Festival de Cannes en Compétition Officielle, De l’autre côté a été récompensé du Prix du scénario, décerné à Fatih Akin. Alors, convaincus ?

Firouz-Elisabeth Pillet