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Film de mars 2009 : “Ricky“

Ricky, fable fantastique de François Ozon, offre à Alexandra Lamy un rôle à la mesure de son talent.

Article mis en ligne le mars 2009
dernière modification le 3 février 2012

par Firouz Elisabeth PILLET

Ricky


de François Ozon, avec Alexandra Lamy, Sergi Lopez. France, 2009.

Quand Katie, une femme ordinaire, rencontre Paco, un homme ordinaire, quelque chose de magique et de miraculeux se produit : une histoire d’amour. De cette union naîtra un bébé extraordinaire. Et vu le regard angélique de ce mignon bébé sur l’affiche, on comprend aussitôt qu’il s’agit d’un être vraiment extra–ordinaire…. Ricky a été sélectionné pour la compétition du 59e Festival de Berlin qui vient de se dérouler. François Ozon est d’ailleurs un habitué de ce festival : en 2000 Gouttes d’eau sur pierres brûlantes y a décroché le Teddy (prix gay) ; en 2002, un prix d’interprétation collectif a salué les comédiennes de 8 femmes ; en 2007, Angel a fait la clôture du festival. Bref, le cinéaste français noue une réelle histoire d’amour avec le festival allemand.
Pour cette fable fantastique, le cinéaste avoue s’être librement inspiré de Moth (ce qui signifie "Papillon de nuit"), une nouvelle de la romancière anglaise Rose Tremain, parue dans le recueil The Darkness of Wallis Simpson (2005). En français, le titre de la nouvelle est devenu Léger comme l’air. Ce récit fantastique, qui devrait ressembler, selon Ozon, à d’autres sous-genres comme le thriller, l’horreur, la science-fiction, la comédie et le conte de fées, raconte l’histoire d’un enfant muni de pouvoirs surnaturels. Alexandra Lamy (qui, grâce à Ozon, accède enfin à un rôle moins stéréotypé que ceux qu’elle avait connus jusqu’à présent) et Sergi Lopez (parfait, comme à l’accoutumée) incarnent les parents anxieux qui, entre doute et raison, ne savent pas comment gérer les facéties de leur progéniture autoproclamée extraterrestre.

« Ricky » de François Ozon

Après nous avoir rappelé qu’il n’y avait pas d’amour heureux dans la parenthèse britannique de Angel, film en costumes entre raideur théorique et pastiche ironique où planaient les ombres de Sirk et de Fassbinder, François Ozon revient donc dans l’Hexagone avec Ricky, un film fantastique. De manière générale, le film plaît à la critique qui se laisse porter (sans vouloir faire de jeu de mots faciles) par le scénario. Quant à votre humble serviteur, Ricky l’a laissé de glace. A-t-il vendu son âme au diable pour ne pas succomber aux facéties charmantes de cet angelot ? Votre serviteur, qui ne jurait que par Ozon depuis qu’il avait empoigné une caméra, qui se passait en boucle Huit femmes dans ses périodes de spleen, n’est pas parvenu à prendre son envol, entraîné par les battements d’ailes de Ricky. On le sait, François Ozon a toujours été un artiste prolifique et inclassable qui rebondit de film en film avec la même aisance, ne redoutant jamais de relever chaque nouveau film comme un défi, assassinant toujours le précédent. Pour preuve : le cinéaste travaille déjà sur un nouveau projet qui, non, ne sera pas le film érotique tant fantasmé (le cinéaste a toujours eu envie de tourner une fiction avec des acteurs qui ne simulent pas les relations sexuelles). Enfin, si Ricky doit laisser une trace cinématographique dans nos mémoires, c’est sans doute car il aura permis à Alexandra Lamy de révéler ses talents d’actrice, la libérant enfin de l’étiquette comique qui lui colle à la peau depuis Un gars, une fille.

Firouz-Elisabeth Pillet