Arts-Scènes
Slogan du site

Cinéma Danse Expositions Musique Opéra Spectacles Théâtre

Film de mars 2008 : “Max & Co“

Samuel et Frédéric Guillaume nous livre une jolie fable sous forme de film d’animation

Article mis en ligne le mars 2008
dernière modification le 3 mars 2012

par Firouz Elisabeth PILLET

Max & Co


de Samuel et Frédéric Guillaume, avec Lorànt Deutsch, Sanseverino, Virginie Erfira. Suisse/France. 2008.

Chez Bzz & Co, usine de tapettes à mouches, les affaires ne marchent plus très bien : il n’y a pas suffisamment de mouches ! Alors que les actionnaires inquiets décident de rationaliser l’usine et de licencier à tour de bras, un savant fou se penche sur un projet de mouches mutantes qui ne tardent pas à attaquer les habitants de la ville. Max, un jeune garçon à la recherche de son père, est décidé à découvrir les manipulations de Bzz & Co et, accompagné de sa nouvelle amie Félicie, il part contrer leur plan.
Ce film d’animation est une fable que l’on doit à la ténacité des frères Guillaume, réalisateurs autodidactes originaires de Fribourg, qui ont déjà beaucoup fait parler d’eux au dernier Festival international du film d’animation d’Annecy, en juin 2007.

« Max & Co »
© Wild Bunch Distribution

En effet, rien n’était gagné d’avance. Après avoir réalisé plusieurs spots publicitaires courts métrages, ils soumettent au producteur leur scénario pour un nouveau court – du moins, c’est ce que les jumeaux croient – mais ce dernier ne convainc pas. Obstinés et prêts à remettre l’ouvrage sur le métier, les frères Guillaume ne se découragent pas pour autant. Grand bien leur fit puisque Max & Co est devenu un long métrage, une aventure helvétique initialement anodine qui a atteint des cimes internationales.
Les comédiens du doublage, Lorànt Deutsch, Sanseverino (qui s’était déjà prêté au jeu du film d’animation avec U, de Bruno Solotareff, en 2006), Virginie Efira, Patrick Bouchitey et Denis Podalydès, ont tous enregistré leurs dialogues ensemble, de façon à pouvoir réellement jouer leurs personnages. Patrick Bouchitey a même été plus loin en s’habillant comme Rodolfo, son personnage, lors de ses séances d’enregistrement.
Doté d’une équipe artistique de renom, le film bénéficie d’une équipe logistique tout aussi célèbre ; le fournisseur de poupée, le fabriquant de décors et d’accessoires, ainsi que l’équipe d’animateurs présents sur Max & Co sont les mêmes que pour Chicken Run et Wallace et Gromit le mystère du lapin-garou. Max & Co est une véritable folie devenue la preuve empirique que le cinéma suisse « populaire et de qualité » si cher à Nicolas Bideau peut s’exporter avec les lauriers de la gloire et de la reconnaissance internationale. Internationale ? En effet, séduit par la passion et la persévérance des frères fribourgeois, le producteur lausannois a réussi à convaincre la France, la Belgique et l’Angleterre de le suivre dans l’aventure. La suite se résume à une série de chiffres vertigineux et peu habituels pour notre petit pays : 30 millions de francs de budget, 38 semaines de tournage, 27 plateaux construits dans les anciennes usines de Tetra Pak à Romont, 200 techniciens et animateurs, 135 marionnettes fabriquées par Mackinnon Saunders, firme anglaise connue pour avoir collaboré sur Chicken Run et Mars Attacks.
Une entreprise extraordinaire qui se devait encore de faire appel aux plus grands noms afin de tenir ses ambitions. L’animation globale est supervisée par la Belge Guionne Leroy, qui a travaillé sur Toy Story et Chicken Run, alors que les personnages sont manipulés par l’Anglais Andy Gent, déjà au générique des Noces funèbres de Tim Burton. D’autres noms fameux sont associés à cette aventure : connu pour son travail sur Au revoir les enfants, On connaît la chanson ou Le promeneur du champ de Mars, le Tessinois Renato Berta signe la lumière de Max & Co. Auteur de la partition de Microcosmos et du Peuple migrateur, le Français Bruno Coulais a créé la musique.
Les enfants seront vite séduits par la poésie des personnages, leurs parents s’amuseront du groupe de Jonnhy Bigoude, sosie cocasse des Rolling Stones. La critique étrangère a déjà manifesté son intérêt à Annecy, l’an dernier. Reste à voir quelle sera la réponse du public européen.

Firouz-Elisabeth Pillet