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Film de mai 2011 : “Vincere“

« Vincere », ou le destin dramatique d’une jeune femme...

Article mis en ligne le 1er mai 2011
dernière modification le 29 janvier 2012

par Philippe BALTZER

Vincere


(Italie 2009) de Marco Bellocchio, avec Giovanna Mezzogiorno et Filippo Timi (2h08)

Marco Bellocchio est un cinéaste italien d’importance. Depuis 40 ans, il pose un regard d’enfant révolté sur les fondements, les grandeurs et les errements de l’histoire son pays.
A l’occasion d’une rétrospective consacrée au réalisateur transalpin par la cinémathèque suisse, son dernier film, pourtant déjà disponible en DVD, sort avec deux ans de retard sur les écrans de Suisse Romande.
Très bien accueilli à sa sortie en 2009 par la critique et le public, Vincere fut même pressenti pour une palme d’or au Festival de Cannes 2009. Il n’obtint aucun prix. Il est des titres de film plus difficile à porter que d’autres !
Vincere, c’est l’histoire tragique de la relation amoureuse entre Ida Dalser et Benito Mussolini. Le destin dramatique d’une jeune femme, séduite et abandonnée par l’homme à qui elle avait pourtant donné toute sa fortune pour qu’il puisse fonder son journal. Ce placement ne fut pas le plus judicieux de l’histoire du journalisme, car « Il Popolo d’Italia » fut le point de départ du futur parti fasciste.

« Vincere » de Marco Bellocchio

Vincere, c’est surtout l’histoire d’une femme éperdue d’amour qui s’emploie à faire reconnaître par son père, Benito Albino, le fils né de cette union illégitime. Bien entendu, le Duce était déjà marié, et futur père de 5 enfants. Il lui fut facile de faire disparaître les traces de cette aventure et d’ordonner l’internement de la malheureuse pour troubles de la raison.
Deux heures aux côtés d’une femme dont l’amour impossible confine à la bêtise, c’est long. A plusieurs reprises, des médecins essaient de convaincre Ida « d’économiser la vérité » pour lui permettre de sortir de l’asile psychiatrique et de revoir son enfant. Il lui suffirait par exemple de dire que Benito Albino n’est pas le fils ainé du Duce. Elle refuse obstinément tout compromis, et le spectateur fini par se lasser de l’entêtement d’une héroïne aussi peu pourvue d’intelligence pratique.
Une excellente idée de mise en scène est à mettre au crédit de ce film : quand le Duce est physiquement présent pour Ida, il est incarné à l’écran par l’excellent Filippo Timi. En revanche, lorsqu’il est devenu inaccessible pour elle, il n’apparaît qu’au travers d’images d’archives, accentuant encore le fossé entre les deux amants. On redécouvrira à cette occasion les postures burlesques et les mimiques grotesques du dictateur au verbiage abscons.
Les intentions de Bellocchio nous semblent un peu cousues de fil blanc ; on ne dépeint pas aujourd’hui la vie sentimentale dissolue d’un homme politique italien … sans arrières pensées.

Philippe Baltzer