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Film de mai 2009 : “Easy Virtue“

Avec Easy Virtue, Stephen Elliot adapte une pièce de Noël Coward.

Article mis en ligne le mai 2009
dernière modification le 29 janvier 2012

par Firouz Elisabeth PILLET

Easy Virtue


de Stephen Elliot, avec Jessica Biel, Kristin Scott Thomas, Colin Firth, Ben Barnes. Angleterre, 2009.

Stephan Elliot, ce nom ne vous est guère familier… Et pourtant, la folle épopée transautralienne de Priscilla, Reine du désert, sur les rythmes endiablés d’Abba, c’était lui. Voyeur, thriller esthétique avec Ewan McGregor et Ashley Judd, c’était encore lui. Le réalisateur australien aime changer de genre et se plaît à le démontrer. Pour ce long-métrage, Elliot adapte Easy Virtue, une pièce des années 20 de Noël Coward. Fidèle à l’original, les répliques succulentes du film use et abuse d’un humour très « pince sans rire ». Elliot réussit ici une fresque caustique, à l’orée des années 30, d’une famille aristocratique britannique que le mariage soudain du fils prodigue avec une aventurière américaine plonge dans le plus grand désarroi. Le Nouveau Monde affronte le vieux continent, la franche camaraderie yankee s’oppose à l’étiquette de la tradition anglaise, et tous les coups sont permis.
En 1929 John Whittaker, fils héritier d’une riche famille britannique épouse, dans le Sud de la France, à l’insu des siens, une jeune aventurière américaine, pilote de course automobile de 10 ans son aînée, prénommée Larita. En arrivant au manoir familial en Angleterre, la bru découvre la vie de l’aristocratie anglaise, entre chasse à cour et réceptions mondaines, et doit bientôt déchanter face à l’animosité grandissante de sa belle-mère. Ne se laissant pas engloutir par l’ennui croissant, Larita décide de prendre les armes, tout en subtilité, à l’instar de Mme Whittaker mère.

Jessica Biel et Colin Firth dans « Easy Virtue » de Stephen Elliot

Loin du road movie haut en couleurs incarné par des drag queens exubérantes (Priscilla), Stephan Elliott plonge ici dans le monde feutré et bien élevé de la haute société britannique. Un monde qui tente de perdurer à l’orée des années 30, où les mots-clefs sont progressisme et émancipation. Vaille que vaille, ces aristocrates revendiquent leur légitimité et exigent l’allégeance d’autrui. Le film se veut donc une comédie mais aussi une critique sociale.
A l’origine donc, la pièce éponyme de Noël Coward, un véritable feu d’artifices verbal qui séduit largement. Pour preuve, la pièce a déjà été adaptée au cinéma, en 1928, par Alfred Hitchcock. Restitué avec brio par une distribution judicieuse, dont Colin Firth impeccable en chef de famille narquois, et rebelle aux charmes irrésistibles d’une Jessica Biel sulfureuse ; on pourra par contre se fatiguer du jeu surjoué de Kristin Scott Thomas.
A mesure que s’officialise l’affrontement entre la belle-mère acariâtre et la bru rebelle, se dissipe le vernis de la bienséance et se creuse le fossé entre ces deux mondes que tout oppose, si ce n’est l’amour pour un même homme. Les propos sont de plus en plus irrévérencieux et exacerbés entre Larita l’Américaine, provocatrice et enveloppée d’une sensualité enivrante, et la pudibonde et amère belle-mère au maintien so british.
Presque quinze après son fort réussi Priscilla, Elliot s’aventure donc dans la comédie anglaise et offre un spectacle jubilatoire rondement servi par une palette d’acteurs soigneusement sélectionnés et soumis à une direction calculée au millimètre près. Les lecteurs de Coward ne seront pas déçus et retrouveront la verve savoureuse de la pièce !

Firouz-Elisabeth Pillet