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Film de mai 2007 : “Goodbye Bafana“

Nelson Mandela côtoyé pendant 25 ans par son gardien.

Article mis en ligne le mai 2007
dernière modification le 17 mai 2012

par Firouz Elisabeth PILLET

Goodbye Bafana


de Bille August, avec Joseph Fiennes, Dennis Haysbert. Film allemand, belge, sud-africain, britannique, luxembourgeois, 2007.

La vie d’un militaire sud-africain blanc, James Gregory, gardien de prison en charge de Nelson Mandela, de l’incarcération de ce dernier dans les années 60 à sa libération en 1990.
Pendant 25 ans, Gregory s’est occupé de Mandela jour après jour. Il a été son geôlier, son censeur mais aussi son confident, de Robben Island à Pollsmoor, et enfin jusqu’à Victor Verster d’où il fut libéré en 1990.
Le scénario de Goodbye Bafana est basé sur le livre Le Regard de l’antilope écrit par James Gregory, gardien de la prison de Robben Island. Il a entretenu pendant 24 ans une relation privilégiée avec Nelson Mandela. Bille August a choisi de raconter l’histoire de Nelson Mandela à travers le regard de James Gregory, comme Salieri pouvait parler de Mozart dans Amadeus de Milos Forman. Le cinéaste a été séduit par les thèmes dévelopés dans l’ouvrage et les a utilisés comme fil conducteur de son film : le pardon et la réconciliation sont omniprésents dans les dialogues entre les divers personnages.
Mis à part la difficulté d’aborder un sujet aussi sensible que l’Apartheid, encore très proche dans le temps, Goodbye Bafana relève un défi de taille : dresser le portrait crédible de la figure la plus emblématique de la résistance anti-Apartheid et certainement l’une des plus marquantes du 20e siècle, Nelson Mandela, Prix Nobel de la Paix en 1993. Le film tient ses promesses et captive de bout en bout : pas une seconde de répit, même les pauses sont placées à propos. Très documenté, le réalisateur a poussé le zèle jusqu’à rencontrer la femme et de la fille du défunt James Gregory et de ses anciens collègues de Robben Island.

Goodbye Bafana

L’originalité et la réussite du film résident dans le fait d’avoir opté pour un point de vue extérieur pour relater ces quelques vingt-cinq de la vie de Mandela plutôt que de s’orienter vers le format conventionnel de la biopic, si chère aux studios hollywoodiens.
Le thème si délicat de l’Apartheid n’est pas nouveau au cinéma ; Cry Freedom de Richard Attenborough, qui relate l’amitié naissante entre un journaliste blanc (Kevin Kline) et un leader noir d’un mouvement extrémiste (Denzel Washington) qui sera assassiné dans des conditions étranges, comme la plupart des militants. Les autorités tenteront de dissimuler le meurtre. Un Monde à part réalisé par Chris Menges et produit par Shawn Slovo traite également du même sujet. Slovo, dont le père était le leader de la section militaire de l’ANC, écrira par la suite le scénario de Au nom de la liberté de Phillip Noyce. Le film trouve son inspiration dans l’histoire de Patrick Chamusso, arrêté puis envoyé en prison pour un crime qu’il n’a pas commis.
Mais Goodbye Bafana s’attaque au pilier de la résistance et de la lutte anti-apartheid, lui rendant un vibrant hommage sans attendre de le faire de manière posthume !

F.-E. Houchi-Pillet