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Film de juin 2011 : “Water for Elephants“

Ce troisième long métrage du cinéaste Francis Lawrence laisse perplexe...

Article mis en ligne le 1er juin 2011
dernière modification le 29 novembre 2011

par Firouz Elisabeth PILLET

Water for Elephants


de Francis Lawrence, avec Robert Pattinson, Reese Witherspoon, Christopher Waltz. Etats-Unis, 2011.

Alors qu’il est sur le point de passer son examen final à l’école vétérinaire de Cornell, Jacob Jankowski, fils d’émigrés polonais, perd ses parents dans un accident de voiture. A la suite de cette tragédie, il laisse tout tomber et rejoint les Frères Benzini, un cirque ambulant qui tente de survivre à la Grande Dépression.
Après Constantine (2005) et Je suis une légende (2007), De l’eau pour les éléphants est le troisième long métrage réalisé par le cinéaste Francis Lawrence, un cinéaste prometteur qui nous laisse quelque peu perplexe avec cette adaptation – De l’eau pour les éléphants est l’adaptation du roman homonyme, écrit par Sara Gruen pendant le National Novel Writing Month (un concours littéraire qui consiste à rédiger un roman de 5’000 mots en un mois seulement). S’élevant rapidement au rang de best-seller mondial, cette histoire d’amour et d’aventure a su séduire les lecteurs de tous les horizons.

« Water for Elephants » de Francis Lawrence
© 2011 Twentieth Century Fox Film Corporation

Orphelin livré à la rudesse des routes américaines, ou plutôt des chemins de fer, Jacob (Robert Pattinson) n’a pas eu un parent protecteur pour lui recommander de ne pas s’enticher de la femme (Reese Witherspoon) de son patron (Christoph Waltz). Il aurait dû rester à sa place, à s’occuper de cet éléphant maltraité et apeuré par les coups incessants du maître des lieux, Rosie, la vedette du cirque. Mais comme le vieil adage le souligne si justement, le cœur a ses raisons que la raison ne connaît point ; donc les problèmes surgissent et se multiplient comme les petits pains.
Hollywood raffole des romances à la guimauve, sirupeuses à souhait. Ce troisième opus de Francis Lawrence réunit donc tous les ingrédients pour séduire de manière inconditionnelle le public... avec cette fameuse recette de la romance, celle qui fonctionne comme dans Titanic et Moulin rouge. Un réalisateur qui a déjà su convaincre, une actrice oscarisée au minois craquant, un héros qui déplace les hordes d’adolescentes hystériques, des animaux faméliques et maltraités, un contexte politico-historique difficile – La grande Dépression – qui favorise la solidarité et les épanchements de sentiments, le tout saupoudré d’une morale qui rend victoire aux plus faibles ! Alors, quel ingrédient manque-t-il à cette recette rodée et infaillible ? La sauce ne prend pas, on reste dans l’attente de ce “petit plus“ qui ne viendra jamais ! Le bouquin de Sara Gruen avait toutes les qualités pour attirer un public essentiellement féminin dans les salles, comme, par exemple, les adolescentes séduites par le vampire si attachant de Twilight et leur maman.. Robert Pattinson est d’humeur moins mélancolique et nettement plus coloré ici que dans Remember Me et tous les Twilight. Face à lui se trouve la resplendissante Reese Witherspoon, désirable et surtout malmenée par un odieux époux.
Ponctué de dialogues à l’eau de rose et de situations rocambolesques, le scénario ne convainc guère, malgré la magnifique partition musicale de James Newton Howard, qui ne manque pas de souffle lyrique. Le contexte de l’époque (la prohibition lors de la Grande Dépression) est suggéré dans le décor, sans être exploré puisque le propos du film est cette impossible romance. Les messages moralisateurs sont légions - il faut prendre soin des animaux, se souvenir que les vieilles personnes peuvent encore travailler, être solidaire...
Bien que le tableau soit mitigé, soulignons la performance de Christoph Waltz qui mérite à elle seule que l’on prête attention à ce film ; en effet, l’acteur, impressionnant, semble surgir de La Strada et rend son personnage détestable en oscillant avec brio entre le rôle du tortionnaire et l’être angélique. Sans égaler l’interprétation remarquable qu’il livrait dans Inglourious Basterds, l’acteur parvient avec maestria à se muer en incarnation du diable.
Bref, le tant attendu Water for Elephants s’adresse surtout aux adolescentes férues de Twilight, qui gloussent de plaisir à chaque apparition de Robert Pattinson. Les coulisses du tournage nous permettent de découvrir que Reese Witherspoon a été choquée par l’aspect négligé de l’acteur britannique adulé les « teenagers »... celui-ci arrivait chaque jour avec le même jeans qui tenait tout seul plus grâce à la crasse que par l’amidon, les cheveux gras, la goutte au nez... Bref, le cinéma prouve encore une fois son immense capacité à embellir le monde !

Firouz-Elisabeth Pillet