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Film de juin 2011 : “Au revoir Taipei“

« Au revoir Taipei » est comme un bonbon acidulé. A savourer avec douceur …

Article mis en ligne le 1er juin 2011
dernière modification le 29 novembre 2011

par Firouz Elisabeth PILLET

Au revoir Taipei


(Yi ye Tai Bei), de Arvin Chen, avec Jack Yao, Amber Kuo Tai Pei, 2010.

Le jeune cinéma peut être délicieux, souvent empli de surprises, et il demeure sous la loupe des cinéphiles comme des professionnels de la banche tant il recèle de talents…. La découverte de l’année s’appelle Arvin Chen. Il nous conte l’histoire de Kai, qui passe la moitié de ses nuits dans une grande librairie de la capitale de Taiwan, Taipei, sans jamais rien acheter… Seulement pour y dévorer des méthodes d’apprentissage du français. Avec la complicité malicieuse d’une jeune employée, intriguée par le jeune homme, il y passe la plupart de son temps, quand il ne doit pas seconder ses parents dans leur restaurant. Avec passion, il parcourt des livres de français pour apprendre la langue de Molière, car sa petite amie a déménagé à Paris. « Sans vous, Taipei est très triste. » Sans elle, il est triste. Un vieux gangster le prend sous sa protection et lui propose alors un billet pour Paris contre un petit service. A cette heureuse perspective, Kai fait le compte-à-rebours des jours qui le sépare de sa dulcinée. Dans les méandres de parcours nocturnes et rocambolesques de la capitale qui regorge de restaurants, les protagonistes nous entraînent dans une comédie pleine de fraîcheur, de couleurs joyeuses, d’imagination, d’audace, aux images irrésistibles, tout comme les plats qui défilent sous nos yeux.

« Au revoir Taipei » de Arvin Chen
© Trigon distribution

Le scénario est « habité » par deux amis, un libraire, une poignée de voleurs en costume orange, ainsi qu’un flic avec une vie amoureuse plutôt agitée. Kai découvre aussi l’amour, et réalise que le bonheur est souvent sous nos yeux. Ce petit film, qui n’a pas la prétention d’être un chef-d’œuvre, a pourtant fait salle comble lors de sa présentation au Festival de Berlin. Retranscrivant avec une minutie savoureuse la carte postale de cette ville, ce film se laisse regarder agréablement. Cœur du dernier festival du film asiatique de Deauville, récompensé d’un prix du jury ex-æquo, ce film est une bouffée d’air vivifiante, revigorante, qui explore la palette des sentiments, de la tristesse, au désarroi, à la naissance d’un nouveau sentiment. On suit le parcours de plusieurs personnages perdus dans les néons bleus d’une ville moderne où chacun poursuit sa propre solitude sans jamais voir l’autre qui pourrait tant lui apporter. Les images sont d’une beauté picturale, la mise en scène, tout en nuances initialement, finit par s’électriser dans les séquences de course. Entre les personnages règne une douceur poétique, teinté d’une auto-dérision. En effet, c’est ici le grand mérite de ce film : ne pas se prendre au sérieux. L’authenticité des dialogues enivre les sens et les acteurs nous sont immédiatement attachants, y compris les malfrats. Au revoir Tai Pei n’est pas sans rappeler Lost in translation de Sofia Coppola, avec cette atmosphère évanescente, parfois triste, et souvent d’une légèreté communicative. A savourer avec douceur, comme un bonbon acidulé…

Firouz-Elisabeth Pillet