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Film de juin 2010 : “Cinco dias sin Nora“

Une comédie qui tord le coup aux protocoles religieux et sociaux.

Article mis en ligne le juin 2010
dernière modification le 24 septembre 2011

par Firouz Elisabeth PILLET

Cinco dias sin Nora


de Mariana Chenillo. Mexique, 2009.

Nora et José forment un couple d’âge mûr. Divorcés depuis vingt ans, ils vivent dans deux appartements mitoyens dans un quartier huppé d’une ville mexicaine. Nora planifie sa mort méticuleusement, préparant la Pessah dans la plus stricte obédience à la tradition et contraint son ex-mari à lui rendre une dernière faveur. Il devra s’occuper des formalités de l’enterrement. A priori, rien de trop fastidieux… Mais c’est sans compter la rigidité des divers rabbins consultés qui se refusent à enterrer une des leurs en raison de son suicide. Cette tâche, de prime abord simple, va s’avérer compliquée et pleine de rebondissements. Pourtant, le plan de Nora semble sans faille jusqu’au moindre détail : livraison en masse de viande surgelée pour le chat, divers plats préparés pour le repas de la pâques juive, avec “post-it“ comportant les indications de préparation à l’attention de la bonne. Alors qu’il prépare la chambre de la défunte, José découvre une photo mystérieuse sous le lit de Nora. La photo montre Nora, épanouie et riant aux éclats dans les bras d’un inconnu… Cette découverte va alors faire surgir de l’ombre un vieux secret, nous rappelant que les plus grandes histoires d’amour sont souvent bien gardées et disparaissent au départ de ceux qui l’ont vécue.

« Cinco dias sin Nora » de Mariana Chenillo

S’il existe bien un cinéma capable de rire avec finesse et poésie de thèmes aussi délicats que la mort, c’est le cinéma hispanique, et tout particulièrement le cinéma latino. En même temps doux et cocasse, Cinco dias sin Nora, le premier long métrage de Mariana Chenillo, raconte une histoire sur des moments importants de la vie, comme la mort, les relations interpersonnelles – et leurs méandres insoupçonnés - et la rigueur absurde et anachronique de la religion. Une comédie rafraîchissante et enjouée qui touche par le sentiment de proximité qu’elle suscite en nous, et qui se transforme en un véritable plaidoyer pour plus de tolérance et moins de rigidité dans les étapes fondamentales de la vie humaine.

Fort remarquée lors du dernier Festival de cinéma de Mar de Plata (Argentine), cette comédie dramatique teintée d’humour noir, dosée avec justesse, tord le coup aux protocoles religieux et sociaux. Invités à accompagner le protagoniste dans sa quête de la vérité, les spectateurs sont plongés dans cette énigme par le biais de flashbacks et l’arrivée progressive des proches de la défunte qui amènent chacun une pièce au puzzle. Emplie d’humour et d’amour, cette première réalisation de la jeune cinéaste mexicaine disserte sur le doute, la foi et la famille, sur les conventions, avec un ton sarcastique, un humour pince-sans-rire et une juste équilibre entre le drame et l’humour. Ce petit film sans prétention, réalisé avec des moyens limités, est grand par sa qualité tant formelle que qualitative et les thèmes abordés vont droit au cœur. Un premier film prometteur d’une jeune réalisatrice à suivre …

Firouz-Elisabeth Pillet