Arts-Scènes
Slogan du site

Cinéma Danse Expositions Musique Opéra Spectacles Théâtre

Film de juillet 2007 : “Le scaphandre et le papillon“

Julian Schnabel adapte au cinéma l’histoire de Jean-Dominique Bauby. Mathieu Amalric est bluffant dans ce rôle !

Article mis en ligne le juillet 2007
dernière modification le 4 mars 2012

par Firouz Elisabeth PILLET

Le scaphandre et le papillon


de Julian Schnabel, avec Mathieu Amalric, Emmanuelle Seigner. France, 2007.

Le titre vous est familier…Et pour cause puisqu’il s’agit de l’adaptation – fort réussie il faut le reconnaître, malgré les difficultés du sujet – du livre éponyme de Jean-Dominique Bauby.
Le 8 décembre 1995, un accident vasculaire brutal a plongé Jean-Dominique Bauby, journaliste et père de deux enfants, dans un coma profond. Quand il en sort, toutes ses fonctions motrices sont détériorées. Atteint de ce que la médecine appelle le "locked-in syndrome", il ne peut plus bouger, parler ni même respirer sans assistance.

« Le scaphandre et le papillon »
Photo Etienne George

Dans ce corps inerte, seul un oeil bouge puisque le deuxième se nécrosant, les médecins ont décidé de le suturer. Cet œil devient son lien avec le monde, avec les autres, avec la vie. Il cligne une fois pour dire "oui", deux fois pour dire "non". Avec son oeil, il arrête l’attention de son visiteur sur les lettres de l’alphabet qu’on lui dicte et forme des mots, des phrases, des pages entières... Un alphabet que l’orthophoniste a spécialement élaboré pour lui, en fonction de la fréquence de l’occurrence des lettres dans les mots. Avec son œil, il écrit ce livre, Le Scaphandre et le papillon, dont chaque matin pendant des semaines, il a mémorisé les phrases avant de les dicter.

Le livre est poignant et c’est souvent un défi impossible à relever que d’adapter avec brio ce genre de littérature sur le grand écran. Le film de Julian Schnabel vient nous prouver que le défi peut être relevé. Pour réussir, le cinéaste s’est entouré d’une solide équipe d’acteurs : Mathieu Amalric tient le rôle à la fois difficile et passionnant de Bauby ; à ses côtés ne défilent que de grands noms du cinéma hexagonal : Patrick Chesnais, Emmanelle Seignier, Niels Arestrup, Anne Consigny, Jean-Pierre Cassel, pour ne citer qu’eux. Le Scaphandre et le Papillon est le dernier film dans lequel figure Jean-Pierre Cassel, décédé le 19 avril 2007 à l’âge de 74 ans.

Le scaphandre évoque bien évidemment la paralysie presque totale de Bauby qui emprisonne son corps tandis que le papillon évoque son esprit libre et le mouvement de son oeil gauche grâce auquel il a pu rester en contact avec le monde. La métaphore de ce titre – qui permet aux lecteurs du livre de s’immerger progressivement dans le monde interne de Jean-Dominique Bauby – n’a rien perdu de sa valeur dans le film, qui est servi magnifiquement bien par cette impressionnante palette d’acteurs.

Le Prix de la mise en scène a été remis par Michelle Yeoh à Julian Schnabel pour Le Scaphandre et le Papillon lors de la dernière édition du Festival de Cannes, l’occasion pour le cinéaste d’ôter ses fameuses lunettes noires.

Fayrouz-Elisabeth Houchi-Pillet