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Film de février 2011 : “Somewhere“

Un “quelque part“ qui ne convainc pas... mais la photographie est belle !

Article mis en ligne le février 2011
dernière modification le 27 août 2011

par Firouz Elisabeth PILLET

Somewhere


de Sofia Coppola, avec Stephen Dorff, Elle Fanning, Chris Pontius. Etats-Unis, 2010.

Scène d’ouverture : une Ferrari, « somewhere » dans le désert américain, exécute une série de tours en faisant vrombir le moteur. La scène se répète inlassalablement… les spectateurs redoutent le pire. Finalement, la Ferrari finit par prendre la route… Ouf ! Nous voilà rassurés !
Passant ses journées dans sa chambre d’hôtel en compagnie de jeunes femmes libertines et d’amis de débauche, l’acteur hollywoodien Johnny Marco voit sa routine quotidienne bien huilée subitement perturbée par l’irruption dans sa vie de sa fille Cleo dont il ne s’est jamais véritablement occupé. Cette pré-ado de onze ans, mature et très indépendante, va s’adapter à un papa égocentrique qui doit apprendre à mieux la connaître.

« Somewhere » de Sofia Coppola

Après plusieurs réalisations nombrilistes, Sofia Coppola semble s’intéresser au monde extérieur… Mais certains ont décelé dans le personnage de Cleo (Elle Fanning) le reflet de la réalisatrice Sofia Coppola – qui, jeune fille, suivait son père à travers le monde et dans des hôtels de luxe –, et dans celui de Johnny Marco (Stephen Dorff), acteur italo-américain, celui de Quentin Tarantino, qui fut le compagnon de la réalisatrice… et qui, pris dans les rouages du star system nord-américain, se terre dans le célèbre château Marmont de Los Angeles entre deux tournages et autres devoirs promotionnels.

A l’instar de la caméra disjonctée de Tarantino, celle de Sofia Coppola semble ne plus savoir où se diriger, esquissant diverses directions sans jamais aller au bout de ses intentions… Bref, finissant par dépiter, voire lasser le public. Certes, Somewhere se revendique. Si Marie-Antoinette semblait intrinséquement liée à Virgin Suicides, Somewhere s’affiche scandaleusement comme double de Lost in Translation : décor parallèle, héros au bout du rouleau, irruption d’un élément extérieur comme stimulus, incursion similaire dans les coulisses de l’industrie du septième art, préférence pour les sous-entendus… Que de similitudes, sauf pour l’affection qui émanait du premier et semble avoir disparu du second. La scène d’ouverture était donc prémonitoire de la suite du film et devait être prise pour ce qu’elle est, au premier degré : au volant de sa voiture de luxe, Johnny fait des tours de circuit mais il termine sa course sans but dans l’encadrement d’un plan immobile… En d’autres termes, Sofia Coppola nous entraîne dans une voie sans issue.
Marquant une pause surprenante dans le parcours de la réalisatrice, Somewhere reste insipide et peu convaincant, sauvé seulement par la magnifique photographie et une bande originale aux tonalités subtiles. Mais aller jusqu’à lui déployer le tapis rouge à la Mostra de Venise et lui remettre, avec les honneurs, le Lion d’Or… C’est, à n’en pas douter, le vertige de la scène d’ouverture qui a altéré le sens critique des membres du Jury !

Firouz-Elisabeth Pillet