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Film de février 2011 : “Nowhere Boy“

Un film qui tente d’évoquer la jeunesse difficile de John Lennon. Les inconditionnels ne sont pas convaincus !

Article mis en ligne le février 2011
dernière modification le 27 août 2011

par Firouz Elisabeth PILLET

Nowhere Boy


de Sam Taylor Wood, avec Aaron Johnson, Kristin Scott Thomas, Anne-Marie Duff. Angleterre, 2010.

John Lennon a grandi dans une famille pleine de secrets. Élevé par sa tante Mimi, il retrouve à l’adolescence sa mère, Julia. Arrivé en âge de comprendre le mystère qui a déchiré ces deux sœurs, John veut réconcilier sa famille. Une paix fragile s’instaure, aussitôt ruinée par une tragédie. Mais sa mère a légué à John un don précieux : la musique, dotée d’un indémontable enthousiasme. Un jeune homme tourmenté trouve un exutoire dans le chant et la guitare.

« Nowhere Boy » de Sam Taylor Wood

Certains ont reproché au film un scénario convenu et opportuniste, utilisant le nom du légendaire John Lennon pour attirer les adeptes de l’ex-Beatles dans un premier long-métrage concernant les Fab Four, accusant la réalisatrice Sam Taylor-Wood – qui s’était distinguée avec un court métrage, Love You More sélectionné à Cannes en 2009 – de ne pas tenir ses promesses avec ce premier long-métrage. Si la reconstitution de la ville de Liverpool de l’après-guerre est réussie, elle ne parvient pas à combler les attentes d’un public acquis à la cause des Beatles et qui attendaient un biopic de longue date. La prestation que Kristin Scott Thomas, certes caricaturale, mais convaincante, symbolisant tout ce qui révolte John Lennon : la musique classique, les valeurs bourgeoises, la culture “supérieure“. Le reproche principal fait au film, et par conséquent à sa réalisatrice, est l’absence de signature visuelle ; le film reste très conventionnel même si aucune faute de goût notoire n’est commise.

Trois décennies après la mort de John Lennon, ce biopic se concentre donc sur sa jeunesse, meurtrie, à Liverpool, déchirée entre deux femmes qui s’arrachent son affection : sa mère, bohème instable et dépressive (Anne-Marie Duff), et sa tante, austère, contenue, mais stable (Kristin Scott Thomas). Le film se centre donc plus sur l’adolescence de Lennon que sur son exceptionnel talent. Les spectateurs finissent par voir Paul McCartney et son premier groupe, les Quarrymen, mais le propos du film demeure centré sur la relation entre John Lennon et ces deux femmes, une période de la vie du musicien peu connue, relatée avec détails et conviction grâce à la performance des deux comédiennes, notamment Anne-Marie Duff, très émouvante en mère inapte, qui parvient tout de même à transmettre à John le goût de la musique... Aaron Johnson – qui a les yeux bleus, contrairement à Lennon - incarne avec passion cet adolescent brisé que le drame affectif et l’abandon maternel rendront créatif.

« Nowhere Boy » de Sam Taylor Wood

Nommé aux BAFTA dans quatre catégories (meilleure actrice dans un second rôle pour Kristin Scott Thomas et Anne-Marie Duff, meilleure première œuvre pour Sam Taylor-Wood et meilleur film), Nowhere Boy est finalement reparti bredouille de la prestigieuse cérémonie. Kristin Scott Thomas a été nommée au BAFTA de la meilleure actrice dans un second rôle. Elle avait obtenu cette récompense en 1995 pour Quatre mariages et un enterrement. Anne-Marie Duff, qui interprète Julia Lennon, a aussi été nommée mais n’a pas été plus chanceuse que son aînée. La prestation d’Aaron Jackson n’est pas passée inaperçue : nommé au British Independant Film Award, il a en outre remporté l’Empire Award du jeune acteur. Auditionné pour le rôle de Lennon, Thomas Sangster (Nanny McPhee, Love Actually) a finalement été retenu pour incarner l’autre leader des Fab’ Four, Paul McCartney. Quant au personnage de George Harrison, il est tenu par Sam Bell, un jeune comédien dont c’est le premier film.
Reste à voir si le public romand sera plus clément que la communauté des fans inconditionnels.

Firouz-Elisabeth Pillet

La bande-originale du film a été enregistrée dans les mythiques studios d’Abbey Road qui ont accueilli au cours des années 60 plusieurs enregistrements d’albums des Beatles.
Le film est sorti aux Etats-Unis le 8 Octobre 2010, la veille du 70ème anniversaire de John Lennon.