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Film de février 2010 : “Avatar“
Article mis en ligne le février 2010
dernière modification le 26 novembre 2011

par Philippe BALTZER

Avatar


(USA 2009) de James Cameron avec Sam Worthington, Zoe Saldana et Sigourney Weaver.

Une nouvelle espèce de bipède brachycéphale est apparue à la surface de la planète au début de ce millénaire, il s’agit de l’« homo avatarus ».
Physiquement, ce mammifère ressemble à son cousin l’homo sapiens à quelques détails près : sa longue station debout, passée à attendre l’ouverture des salles de cinéma, lui a dessiné une silhouette voutée et a accéléré l’effondrement de sa voûte plantaire. Il porte d’affreuses lunettes rouges aux verres teintés, parfaitement mises en valeur par son teint blafard et ses dents jaunâtres.

« Avatar » de James Cameron

Racketté par des producteurs avides, des distributeurs sans scrupules et des exploitants vénaux, l’« homo avatarus » est pauvre et survit chichement. Il se nourrit bruyamment de maïs explosés ou d’improbables spécialités mexicaines et se désaltère uniquement avec la quintessence de la chimie occidentale gazéifiée. Cette alimentation hybride engendre rapidement une hypertrophie de sa masse adipeuse qui diminue grandement son espérance de vie, mais permet à son corps de rester chaud pendant les saisons froides.
Son écosystème, communément appelé « fauteuil de cinéma » est jonché d’emballages divers et de reliefs de repas. Certains chercheurs ont longuement décrit cette « prédisposition innée à la maculation des fauteuils en milieu obscure ». Mais rassurez-vous, une fois à l’air libre, l’« homo avatarus » est animé par une belle conscience écologique galvanisée par la tonsure de Nicolas Hulot et la moustache de Yann Artus.

« Avatar » de James Cameron

Son mode d’expression principal est l’onomatopée. Lorsqu’il n’éructe pas, il utilise pour communiquer un vocabulaire riche d’une centaine de mots dont il connaît l’orthographe phonétique.
L’aptitude à l’utilisation du pouce opposable aux autres doigts de ce grand singe est sans égale chez les hominidés. Il déploie l’essentiel de ces facultés sur un outil qui ne le quitte jamais : le « smart phone ». Ce téléphone portatif est appelé ainsi car il est vendu plus cher que les autres. Le « smart phone » lui permet, par exemple, d’entretenir des relations sociales virtuelles en envoyant de courts messages rédigés dans un sabir proche de l’auvergnat et d’utiliser ses prédispositions aux représentations abstraites pour exceller dans des jeux d’arcades violents et régressifs.

« Avatar » de James Cameron

Cet « homo avatarus » c’est vous, c’est moi.
Nous nous sommes pressés pendant les fêtes pour rêver en bleu et communier avec James Cameron, ce nouveau roi mage de la 3D animiste. Quelques semaines plus tard, que reste-il de ce « Pocahontas à la sauce Guerre des Etoiles » ? Rien ou si peu.
Les premiers pas de Jack Scully dans la forêt magique et poétique de Pandora demeureront tout de même la première émotion cinématographique de la décennie.
Toujours ça de pris !

Philippe Baltzer