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Film de décembre 2008 : “L’Echange“

Nouveau chef-d’œuvre de Clint Eastwood.

Article mis en ligne le décembre 2008
dernière modification le 20 février 2012

par Frank DAYEN

L’Echange


(Changeling) de Clint Eastwood, long métrage de fiction, USA, 2008. Avec Angelina Jolie, John Malkovich, Jeffrey Donovan, Michael Kelly…

« Recherchons jeune garçon, 9 ans, prénommé Walter. A disparu de sa maison, dans une banlieue de Los Angeles, un samedi de mars 1928, ce qui est inhabituel d’après sa maman, Christine Collins, mère célibataire. » La teneur de ce message est diffusé en boucle durant cinq mois dans toute la ville et est relayée par Révérend Gustav Biregleb, qui condamne à la radio la passivité et la corruption de la police. Jusqu’à ce que, finalement, le LAPD retrouve Walter : la reddition de la progéniture est orchestrée sous les flashs des journalistes. Mais voilà, Mrs Collins ne reconnaît pas son enfant, qui pourtant ressemble beaucoup à son fils. La police, le capitaine J.J. Jones en tête, presse la mère, sous le coup de l’émotion, de prendre, "à l’essai", le garçon chez elle pendant quelques jours. Refusant de changer d’opinion, Christine Collins se voit ensuite considérée comme une mauvaise mère par le psychologue de la police, contrainte de se taire, emprisonnée sans autre forme de procès dans un asile psychiatrique pour femmes (en fait, toutes ont été victimes du système policier)…

« L’Echange » de Clint Eastwood

Pendant ce temps, à quelques miles de là, un enfant trouvé avoue à un inspecteur de police avoir dû participer au massacre de plusieurs garçons enlevés, orchestré par son cousin, un dangereux psychopathe…
L’histoire vraie que porte à notre connaissance Clint Eastwood, a fait grand bruit en Californie au début des années 30, forçant la police à changer son mode de fonctionnement (par exemple l’abolition du fameux "code 12" permettant trop arbitrairement au LAPD d’interner des suspects) et incitant la justice à se pencher sur les traitements en asile. Surtout, l’affaire mit un terme à la toute puissance du LAPD – dont le culte ressurgit aujourd’hui dans les séries TV –, corrompu jusqu’à l’extrême parce que le système mis en place durant ce moment de la Prohibition impliquait le remplacement de la pègre par la police.
Ce dernier chef-d’œuvre d’Eastwood confirme le talent de mise en scène et l’incroyable facilité avec laquelle le réalisateur de Mystic River (2003) ou de Million dollar baby (2004) parvient à jouer avec les sentiments de ses spectateurs en les modulant (peur, haine, révolte, attendrissements, doute, suspense dû aux rebondissements finaux…). Les décors, costumes et habitudes de tous les jours montrés restituent fidèlement l’ambiance des années 30 en Californie (prologue et long générique de fin en noir et blanc). Eastwood permet à Angelina Jolie de changer de registre et offre un superbe rôle, tout en retenue, à Malkovich (qu’on peut aussi apprécier dans le dernier Coen). Enfin, la musique est signée… Clint Eastwood. Forever surprising.

Frank Dayen