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Film d’octobre 2007 : “ L’invité“

Rebondissements, coups de théâtre, bévue et imprévus, quiproquo... Laurent Bouhnik nous gâte !

Article mis en ligne le octobre 2007
dernière modification le 4 mars 2012

par Firouz Elisabeth PILLET

L’invité


de Laurent Bouhnik, avec Daniel Auteuil, Valérie Lemercier, Thierry Lhermitte, Hippolyte Girardot. France, 2007.

Cinquante ans, dont trois de chômage, des indemnités en chute libre... Gérard est au bout du rouleau, quand s’offre à lui un poste en Indonésie. Pour se donner toutes les chances lors de l’entretien d’embauche, Gérard invite son futur patron à dîner à la maison.

Erreur fatale ! Affolé à l’idée de ne pas être à la hauteur, de ne pas correspondre aux critères de l’employé recherché, Gérard ne sait plus comment faire marche arrière. Sa femme Colette supplie Alexandre, leur voisin de leur venir en aide. Gourou de la communication, Alexandre connaît tous les rouages de la mécanique des grandes entreprises, du moins c’est ce qu’il prétend. Ce dernier relève le défi et relooke le couple en vingt-quatre heures : appartement, décoration, style de vie, menu du dîner, tenues vestimentaires, culture générale, même les vieux vinyls des années 70 y passent !!!
Rebondissements, coups de théâtre, bévue et imprévus, quiproquo... Tout s’en mêle jusqu’à ce que, les nerfs à vif, au comble de l’angoisse, notre couple ouvre enfin sa porte à l’invité pour se montrer sous son vrai jour : Moralité, rien ne vaut l’authenticité.

« L’Invité », avec Daniel Auteuil, Valérie Lemercie
photo Martial Lorcet © 2007 Europacorp Distribution

Il s’agit de l’adaptation de cinématographique de la pièce éponyme de David Pharao. Celle-ci, jouée en 2003 à Paris au Théâtre Edouard VII, reçu quatre nominations pour les Molières 2004 dont celle du Meilleur Auteur francophone. Patrick Chesnais, Evelyne Buyle et Philippe Khorsand en étaient les principaux interprètes. Les spectateurs qui connaissent déjà Laurent Bouhnik seront surpris de le retrouver aux commandes d’une comédie, lui habituellement à l’œuvre dans des films plus sombres (Select Hotel, Zonzon, 24 heures dans la vie d’une femme). Il s’explique sur ce virage artistique : « J’ai trouvé ce texte particulièrement intelligent et j’ai immédiatement eu envie de le mettre en scène, notamment parce qu’il traitait de personnages touchants à l’intérieur d’une histoire drôle. Pour moi qui viens d’un univers plus sombre, et qui n’écris que des choses très torturées, ce scénario est l’occasion idéale de parler d’un thème grave de façon légère, et de toucher ainsi le plus grand nombre. »

Le cinéaste a choisi un ton soutenu, enjoué avec souvent des répliques cocasses aux sujets délicats, voire douloureux : le chômage, la chute inexorable dans la précarité, la déprime croissante, l’humiliation, le regard méprisant d’autrui. Pour servir ce trio de personnages hauts en couleurs, un tandem déjà rôdé est apparu comme une évidence pour Bouhnik : Auteuil et Lhermitte qui se sont déjà donné neuf fois la réplique au cinéma. A leurs côtés, Valérie Lemercier n’a pas hésité à accepter le rôle de cette Colette désemparée, dépassée par les événements car la pièce l’avait enthousiasmée.
Une fois de plus, qualité et saveur ne riment pas avec longueur. Ce petit film – 82 minutes – emporte le public dans une comédie bien enlevée, aux répliques savoureuses et aux situations souvent burlesques. Une évasion courte mais réussie dont on savoure bien après la projection les multiples rebondissements.

Firouz Elisabeth Pillet