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Film d’avril 2011 : “Conviction“

L’histoire vraie du dévouement inaltérable d’une sœur pour son frère...

Article mis en ligne le avril 2011
dernière modification le 26 août 2011

par Firouz Elisabeth PILLET

Conviction


de Tony Goldwyn, avec Hilary Swank, Sam Rockwell, Minnie Driver. Etats-Unis, 2010.

L’histoire vraie du dévouement inaltérable d’une sœur pour son frère : lorsque Betty Anne Waters voit son frère aîné Kenny, innocent, être arrêté pour meurtre et condamné à perpétuité en 1983, elle choisit de consacrer sa vie à prouver son innocence. Mère de deux enfants, elle reprend ses études abandonnées au collège pour obtenir un diplôme de droit tout en reprenant l’enquête et devient avocate afin de plaider la cause de son frère qui croupit dix-huit ans en prison avant d’être reconnu innocent... Dans un autre état que le Massachusetts, Kenny serait déjà passé sur la chaise électrique.

« Conviction » de Tony Goldwyn
© Frenetic films

Tony Goldwyn, repéré comme acteur dans Ghost dans le rôle du méchant copain de Patrick Swayze et depuis réalisateur, s’illustrant désormais dans des épisodes de séries télévisées à succès comme Dexter, marque son retour au cinéma quelques années après Last Kiss ; son dernier film est servi par un script exceptionnel dont l’argument est tiré d’un fait-divers passionnant : une avocate (Hilary Swank) lutte pendant dix-huis ans pour prouver l’innocence de son frère (Sam Rockwell) et le sauver d’un guet-apens orchestré par une policière en mal d’ascension sociale et professionnelle, et administré par une justice aveugle. Au départ, tous les indices semblent l’accuser mais la conviction inébranlable de l’héroïne (qui sert de titre au film) remet en question un système bien établi. En filigrane, il s’agit du sempiternel combat de David contre Goliath : celui d’une personne ordinaire broyée par les rouages d’une institution judiciaire gangrénée. Voici donc un autre opus du genre tant affectionné par le public nord-américain, une histoire vraie, portée sur grand écran et dont le cas d’école a permis aux opposants au système judiciaire des États-Unis d’unir leurs forces pour venir à la rescousse de nombreux prisonniers innocents. Le propos du film ne réside donc pas dans les scènes de procès, peu nombreuses, mais dans le parcours exceptionnel d’une femme qui s’est oubliée pour sauver la peau de son frère, parcours hors du commun, extraordinaire, comme les adorent les Américains mais qui ne peut guère laisser indifférent le public européen.

« Conviction »
© Frenetic films

Le réalisateur Tony Goldwyn et la scénariste Pamela Gray se sont rendus chez la vraie Betty Anne Waters. Pendant une semaine, ils l’ont écoutée parler de son histoire et de la vie de son frère. Le soin apporté à la dimension véridique et authentique du film est conforté par le jeu des acteurs qui est tout simplement excellent, à tel point qu’on en oublie les acteurs derrière des personnages qu’on aime ou que l’on hait. Goldwyn aborde l’intrigue de manière frontale, sans détours ni fioritures, laissant libre cours à la spontanéité des interventions qui font oublier qu’il y a un scénario bien éprouvé pour soutenir cette histoire. L’interprétation des comédiens offre au film une véracité troublante. On pourrait reprocher le pathos dans lequel baigne la seconde partie du film mais cela n’altère fort heureusement pas le découpage très chirurgicale de la reconstitution et les flashbacks, servis comme les pièces détachées d’un puzzle, que les spectateurs reconstituent aux côtés de Betty Waters, l’accompagnant dans son combat, partageant ses doutes et ses moments de déprime, savourant les victoires successives qui l’amènent vers la catharsis finale.
Soulignons les prestations remarquables de Hilary Swank (irréprochable), Juliette Lewis (dont chaque apparition est marquante), et de Sam Rockwell qui joue tous les registres, du fanfaron intouchable à l’homme bafoué et blessé.

Firouz-Elisabeth Pillet