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En marge du festival de Cannes
Entretien : Jean-Stéphane Bron

Rencontre avec Jean-Stéphane Bron, dont le troisième film est en compétition au Festival de Cannes.

Article mis en ligne le septembre 2010
dernière modification le 5 décembre 2010

par Firouz Elisabeth PILLET

Le cinéaste lausannois Jean-Stéphane Bron monte les célèbres marches rouges du Festival de Cannes avec son film « Cleveland versus Wall Street ».

Dans Cleveland Vs. Wall Street (voir critique), documentaire qui figure dans la sélection de la Quinzaine des réalisateurs, Jean-Stéphane Bron suit la défense par le cabinet d’avocats de Josh Cohen à Cleveland, des victimes de la crise des subprimes ; ces dernières assignent en justice les banques au cours d’un faux procès, mis en forme par le cinéaste lausannois. Le troisième film de Jean-Stéphane Bron est en compétition au Festival de Cannes, qui s’est ouvert avec un autre film inspiré par le monde de la finance, Wall Street, money never sleeps, de Oliver Stone. Jean-Stéphane Bron est l’un des trois Suisses en course pour une récompense cette année sur La Croisette.

Jean-Stéphane Bron

Pouvez-vous nous parler de la genèse de votre dernier film, Cleveland versus Wall Street, présenté dans la sélection de la Quinzaine des Réalisateurs ?
Les sujets qui suscitent des réflexions et stimulent la discussion m’intéressent. Depuis la crise financière de 2008, les médias nous parlent beaucoup des subprimes mais les gens ne savent pas vraiment quelle réalité se cache derrière ce mot. Je suis un grand consommateur de journaux et d’informations radiophoniques. A force d’entendre parler de ce sujet, j’ai voulu l’approfondir, d’autant que le monde des finances et de l’économie n’est que peu vulgarisé pour le grand public ; je voulais donc le rendre accessible par un film en donnant la parole aux petites gens, aux victimes de ces subprimes. Mon intention est de réaliser un triptyque qui comprendra le documentaire de 2003, Le génie helvétique consacré au processus démocratique en Suisse, Cleveland Vs. Wall Street, sur la finance et l’économie, et un troisième film, La guerre, consacré au lien entre politique et économie à l’Organisation mondiale du commerce. Je travaille actuellement sur ce projet, susceptible de sortir en 2012.

La 63e édition du festival de Cannes présente plusieurs films liés au monde des finances et des banques ; votre film s’inscrit-il dans cette préoccupation dominante ?
En effet, la crise financière touche tous les pays du monde mais nous restons éloignés de la période militante des années septante. Selon moi, les films documentaires correspondent aux attentes du public qui souhaitent que l’on parle de l’époque et du monde dans lequel on vit. Mon film a rencontré le vif intérêt des festivaliers car il parle de nos vies et de nos préoccupations. Il existe effectivement une préoccupation universelle liée aux banqueroutes et aux chutes des bourses. Wall Street est un film incroyable sur les années quatre-vingt et le nouveau film d’Oliver Stone, Wall Street, money never sleeps son homologue pour la période actuelle.

« Cleveland versus Wall Street » de Jean-Stéphane Bron

Comment vivez-vous votre présence à Cannes dans le cadre de la Quinzaine ? Votre sentiment à la montée des marches ?
Figurer parmi la sélection d’une section cannoise pour tout réalisateur équivaut à la consécration pour un joueur de tennis de jouer sur le central de Wimbledon. J’ai surtout eu une vive émotion quand Barbara Anderson, une activiste du Empowering and Strengthening Ohio’s People (ESOP), présente avec de nombreux autres témoins de mon film à Cannes a été ovationnée à l’issue de la projection. Je connais le quartier d’où vient Barbara, les millions investis pour raser les maisons abandonnées suite à la crise afin de rendre ce quartier à nouveau habitable, je sais quel est le combat de Barbara qui représente la population de Cleveland qui s’est insurgée contre ces 21 banques de Wall Street. Ces gens sont une magnifique exemple de résilience et mettent en garde les banques.

Quel a été le financement de votre film et quel bilan retirez-vous de cette sélection cannoise ?
Mon film a coûté cher puisqu’il y avait parfois quatre-vingt personnes sur le tournage à prendre en charge et à nourrir. Le financement est à majorité française, avec le soutien de Canal+ et Arte. Le fait d’être sélectionné à Cannes offre une grande visibilité à mon film et l’attachée a pu établir des contacts fructueux en trois heures, ce qui équivaut à cinq mois de travail depuis la Suisse. Tous les représentants du cinéma international sont présents à Cannes ; c’était donc un avantage certain d’y être aussi.

De Cannes, Firouz-Elisabeth Pillet