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Festival International du Film Fantastique de Neuchâtel (NIFFF) 2008
Entretien : Anaïs Emery

Anaïs Emery, directrice artistique et co-fondatrice du festival, nous parle de la programmation de l’édition 2008.

Article mis en ligne le juillet 2008
dernière modification le 28 juillet 2008

par Caroline BRINER

Le Festival International du Film Fantastique de Neuchâtel (NIFFF) se confirme en tant que plateforme du fantastique en Suisse. En plus de donner la parole à une jolie panoplie de genres (film d’horreur, comédie horrifique, science-fiction, cinéma d’auteur fantastique), la 8e édition
propose des ateliers sur les images digitales et une exposition de design hollywoodien. En outre, un concours d’art vidéo voit le jour. Entretien avec la directrice artistique et co-fondatrice du festival, Anaïs Emery.

Comment s’annonce l’édition 2008 ? Plutôt gore ou plutôt gentil fantastique ?
Notre rôle est de montrer la diversité de la production internationale et de suivre les tendances actuelles, qui sont aujourd’hui le cinéma d’auteur fantastique, la comédie horrifique et les films de torture, très radicaux. Par rapport à ces derniers, nous n’avons pour l’heure aucun film qui y est rattaché. Nous valorisons aussi les pays émergents, comme la Scandinavie, les pays de l’Est, la Malaisie et l’Indonésie.

Quelles nouveautés nous concoctez-vous ?
Une salle de projection va être ouverte au Théâtre du Passage pour accueillir un concours d’art vidéo suisse. Organisé en collaboration avec le Centre d’art de Neuchâtel, « ACTUAL FEARS » porte sur l’imaginaire des artistes liés au fantastique, mais aussi sur le travail autour de l’industrie hollywoodienne. Concourront des films expérimentaux, des performances filmées, des montages de performance, etc. En plus d’un Narcisse, le gagnant aura le droit à une exposition personnelle au CAN l’année suivante. Le centre d’art ouvre le 13 juin une exposition sur le thème du fantastique pour marquer le coup.

Anaïs Emery

Peut-on se réjouir d’une autre innovation ?
Oui ! Une soirée spéciale va lancer le prix Animago, qui démarrera dès 2009. Ce concours d’animation, qui existe déjà en Allemagne, décernera onze distinctions. Il sera une extension du symposium. La soirée de lancement sera marquée, entre autres, par le vernissage d’une exposition sur les designers suisses à Hollywood produite par la Maison d’Ailleurs.

Le symposium dont vous venez de parler porte sur les images digitales. A quel public s’adressent-ils ?
Les workshops sont gratuits et s’adressent aussi bien aux professionnels qu’à un large public. Nous avons un peu réorienté ces ateliers pour qu’ils soient moins académiques.

Qu’y a-t-il au programme ?
Trois moments. Une après-midi se concentrera sur le thème du design et le monde imaginaire. Comment des mondes sont-ils créés ? Seront là Syd Mead, le producteur designer de Blade Runner, Christian Lorenz Scheurer, un Suisse qui a travaillé sur Matrix, et Ivan Engler qui sortira l’an prochain le premier grand film suisse de science fiction. Nous organisons encore une journée sur le jeu vidéo et une autre sur l’animation numérique.

Elément phare du festival, la rétrospective porte cette année sur le profundo giallo, mouvement italien des années 1960-1970 qui tire son nom d’une collection de romans populaires à couverture d’or. Pourquoi avoir pensé à lui ?
Ces films sont des intrigues policières, qui prennent racine sur des mystères ou un personnage qui a une application un peu maléfique. Ils se situent à la charnière entre le crimy et le supernaturel. C’est donc un cinéma de mystère.

Le maître du giallo est un certain Dario Argento…
Tout le monde connaît son nom, mais peu ont vu ses films. Avec cette rétrospective, nous souhaitons montrer comment le cinéma italien et Cinécittà influencent encore aujourd’hui des réalisateurs, tel Quentin Tarantino. Le NIFFF proposera aussi une nuit sur l’Italie cannibale, une autre sur l’Italie bizarre, genre vampire lesbien.

Pionnier du fantastique japonais, Nakagawa Nobuo est l’invité d’honneur de l’édition 2008. Dites-nous en davantage.
Ce réalisateur a beaucoup influencé la nouvelle génération de cinéastes japonais qui font de l’horreur, tel que Hideo Nakata (The Ring). Ses films sont des histoires de fantômes ou des explorations autour de la réincarnation et du karma. Pour traiter des contes et légendes locales, Nakagawa Nobuo s’est servi de l’imagerie gothico-occidentale, de ses vampires, de ses éclairages dramatiques, etc. La construction de ses films est vraiment époustouflante.

Ce précurseur du J-horror fait-il vraiment du cinéma d’épouvante ?
Ses films datent des années 1950 et 1960. Avec les standards de violence actuels, on ne peut pas les définir comme étant horrifiques. A l’époque, la censure était très active.

« Narcisse » du meilleur court-métrage suisse : « Vincent le Magnifique » de Pascal Forney

Le NIFFF en quelques chiffres


Le NIFFF ou Neuchâtel International Fantastic Film Festival a organisé sa première édition en 2000. Présentant de nombreuses premières suisses (66 en 2007) et quelques premières internationales (9 en 2007), la manifestation se consacre au fantastique, mais aussi à l’Asie et aux images numériques. Son prix propre est le Narcisse, petite statuette créée par H.R.Giger et représentant une caméra se regardant dans un miroir.
Comme membre de la Fédération européenne des Festivals du film fantastique, le NIFFF décerne également des Méliès d’argent (meilleur long métrage européen et meilleur court européen). Le manifestation neuchâteloise se démarque de ses « confrères » par la diversité des genres cinématographiques qu’elle promeut, ainsi que par sa traditionnelle rétrospective.
Cette année, l’Office fédéral de la culture (OFC) a décidé de ne privilégier plus que certains festivals de films. Bien que le fantastique ne soit pas son genre de prédilection, la section cinéma de l’OFC a renouvelé pour une durée de trois ans son soutien financier au festival.
L’identité claire de la manifestation explique ce choix, estime la directrice Anaïs Emery.
Quelque 100 films sont projetés chaque année. Ils s’insèrent dans une série de programmes, à savoir : une compétition internationale (4 prix), une compétition asiatique (3 prix), une compétition du court métrage suisse (1 prix), une compétition du court métrage européen (1 prix), un concours d’art vidéo suisse (1 prix), des open air, des rétrospectives, des expositions et un programme sur le futur en images comprenant un symposium et une sélection de films (3D, troisième type, etc). En 2007, le NIFFF a accueilli 17’000 spectateurs, dont 8% d’étrangers.

Caroline Briner

La 8e édition du NIFFF aura lieu du 1er au 6 juillet 2008 à Neuchâtel (www.nifff.ch)