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En direct de Cannes 2011 : “Polisse“

Maïwenn venait présenter son troisième long-métrage sur La Croisette.

Article mis en ligne le 19 mai 2011
dernière modification le 29 octobre 2011

par Firouz Elisabeth PILLET

Polisse


de Maïwenn, avec Karin Viard, Marina Foïs, Joey Starr et Nicolas Duvauchelle.

Un an et demi après la sortie du Bal des actrices, Maïwenn passe de nouveau passer derrière la caméra pour réaliser Polisse, son troisième long métrage ; coproduit par Arte, le film est présenté en Compétition officielle durant la 64e édition du Festival de Cannes.

« Polisse »

Lors de la conférence de presse, la réalisatrice est apparue aux côtés de Karin Viard, Marina Foïs et Joey Starr, trois acteurs qui étaient déjà à l’affiche du Bal des actrices. Également au casting, Nicolas Duvauchelle, qui n’avait encore jamais été dirigé par l’actrice/scénariste/réalisatrice, ainsi que Emmanuelle Bercot et Jérémie Elkaïm. Pour réaliser ce film, Maïwenn a passé plusieurs mois en immersion avec la Brigade de protection des mineurs.
Le quotidien des policiers de la BPM (Brigade de Protection des Mineurs) est constitué par les gardes à vue de pédophiles, les arrestations de pickpockets mineurs, mais aussi par la pause déjeuner lors de laquelle on se raconte ses problèmes de couple. Font également partie du quotidien les auditions de parents maltraitants, les dépositions des enfants, les dérives de la sexualité chez les adolescents, mais aussi la solidarité entre collègues et les fous rires incontrôlables dans les moments les plus impensables ; c’est savoir que le pire existe, et tenter de faire avec… Comment ces policiers parviennent-ils à trouver l’équilibre entre leurs vies privées et la réalité à laquelle ils sont confrontés, tous les jours ? Fred, l’écorché du groupe, aura du mal à supporter le regard de Melissa, mandatée par le ministère de l’intérieur pour réaliser un livre de photos sur cette brigade.

« Polisse »

La réalisatrice a défendu ses motivations quant au choix d’un sujet si difficile et délicat à porter sur grand écran : « ce qui m’a transcendée, c’est le thème de l’enfance, point commun entre mes films. » Intimidée par le nombre impressionnant de journalistes, Maïwenn a en tout cas montré une solide connaissance de son sujet et une véritable empathie pour ces policiers « qui ne restent jamais plus de dix ans à la Brigade des mineurs ». Elle a aussi insisté sur la dimension plus personnelle, à savoir les coulisses de la brigade, la vie privée des policiers qu’elle tenait à mettre en valeur. « Les policiers de la brigade des mineurs ont en tout cas tous des raisons personnelles d’être dans cette brigade  ». Maïwenn est également revenue sur son rôle dans le film, reconnaissant que la photographe qu’elle interprète est un personnage très renfermé, en contradiction avec l’énergie que nécessite la réalisation, et confesse regretter d’avoir fait partie de la distribution.

« Polisse »

Durant son immersion, la réalisatrice a été étonnée de constater que, le soir, les policiers ne voulaient pas se quitter, ce qu’elle a tenu à retranscrire fidèlement dans son film. Quand on la questionne sur son travail – impressionnant d’authenticité – avec les enfants, Maïwenn a souligné que « ce qui motivait les enfants, c’est lorsque je leur disais qu’il s’agissant d’histoires vraies. Ce sont des choses très pures et dignes qui les poussaient à jouer.  » Et Maïwenn de préciser qu’elle a été continuellement accompagnée d’une psychologue et d’une représentante de la Dass, qu’elle devait respecter le texte scrupuleusement pour les enfants afin d’éviter toutes éventuelles séquelles ultérieures pour ceux-ci.
Même si Polisse nous immerge dans un monde insoupçonné et brutal, à l’image des violences faites aux enfants, la chute du film reste optimiste et laisse entrevoir une possible résilience, le « seul moment du film où grâce à la parole et un pardon on comprend qu’un enfant peut se reconstruire. » d’après la réalisatrice, l’occasion aussi de raconter l’histoire réelle et effrayante du petit garçon qui lui a inspiré ce film.

Firouz-Elisabeth Pillet, de Cannes 2011