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En direct de Cannes 2011 : “Midnight in Paris“

Un grand cru de Woody Allen, certainement très inspiré par la capitale parisienne.

Article mis en ligne le 19 mai 2011
dernière modification le 29 octobre 2011

par Firouz Elisabeth PILLET

Midnight in Paris


de Woody Allen, avec Owen Wilson, Rachel MacAdams, Marion Cotillard. Etats-Unis, 2011.

Le film, présenté en Sélection Officielle (Hors Compétition), a fait l’ouverture du Festival de Cannes 2011. Annoncé depuis plusieurs mois comme l’un des meilleurs Woody Allen, Midnight in Paris a séduit presse et festivaliers. Après le discours de la maîtresse de cérémonie – Mélanie Laurent - et la présentation du jury – présidé cette année par Robert De Niro-, le public a donc eu la joie de découvrir le dernier opus du maître new-yorkais.

« Midnight in Paris »
© Frenetic films

Après Londres, Barcelone et bien évidemment New York, fief du cinéaste, Woody Allen fait escale à Paris. Il filme avec un amour non dissimulé la capitale française, qu’il déclare aimer presque autant que Big Apple. Quant à la Première Dame de France, il sera difficile de juger de ses talents d’actrice puisque les deux séquences où elle apparaît restent furtives, juste le temps de quelques répliques. Carla Bruni y incarne un guide de musée, et n’apparaît que quelques minutes à l’écran, ce qui implique quelle n’a touché qu’un cachet de figurante, soit 150 euros la journée. C’est lors d’un petit déjeuner à l’Elysée que Woody Allen aurait fait cette proposition au Président Sarkozy et à sa femme, qui aurait accepté aussitôt. Woody Allen souhaitait déjà tourner à Paris en 2006, mais y a renoncé en raison du coût trop élevé. Il avait cependant déjà réussi à filmer dans la capitale Tout le monde dit I love you en 1996 et Midnight in Paris, film optimiste à la bande musicale joyeuse, méritait bien ces quelques années d’attente.

« Midnight in Paris » avec Owen Wilson & Rachel McAdams
© Frenetic films

Un jeune couple d’Américains dont le mariage est prévu à l’automne se rend pour de brèves vacances à Paris. La magie de la Ville-Lumière ne tarde pas à opérer, tout particulièrement sur le jeune homme amoureux de longue date de Paris – ses années de fac - et qui aurait voulu y vivre dans les années vingt. Ce scénariste hollywoodien, admirateur d’Hemingway, vivote de ses scenarii et est décidé à s’établir à Paris mais sa fiancée prend cela pour une lubie. Plus jeune, Gil y avait déjà séjourné. L’actrice canadienne Rachel McAdams incarne Inez, la fiancée, désireuse de mener une vie stable et confortable, elle se contente de sa relation amoureuse avec Gil et ne comprend pas les fantaisies artistiques et littéraires de celui-ci, qu’elle considère comme un trouble mental.
Une autre femme séduit Gil : Marion Cotillard incarne Adriana, le genre de femmes « hors du commun que les artistes aimaient peindre, ces femmes qui vivaient avec eux et qui leur faisaient beaucoup de bien », affirme le cinéaste. Muse d’artistes célèbres, elle est attirée par Gil dès leur rencontre et sera le déclencheur d’une remise en question existentielle. Kathy Bates, qui avait déjà tourné avec Woody Allen, incarne Gertrud Stein, confidente des artistes.
Le film se déroulant à Paris, de nombreux acteurs français apparaissent, même dans de petits rôles, aux côtes de Marion Cotillard : Léa Seydoux comme antiquaire, Manu Payet, Guillaume Gouix, et Gad Elmaleh comme détective prive qui s’égare sous le règne de Louis XIV.

« Midnight in Paris » avec Marion Cotillard et Owen Wilson
© Frenetic films

Le protagoniste principal, magnifiquement filmé, et mis en valeur par la photographie lumineuse, demeure Paris ; des lieux magnifiques de la capitale défilent sous nos yeux, comme la Galerie des Glaces du château de Versailles, le Musée Rodin, le pont Alexandre III ou encore le jardin Jean XXXIII de la cathédrale Notre-Dame.
L’histoire d’amour entre Paris et Woody Allen date de plusieurs décennies puisque la Ville-Lumière avait séduit Woody Allen lors du tournage de Quoi de neuf, Pussycat ? en 1965, film dont il était scénariste et interprète. Le réalisateur regrette de ne pas s’être installé à Paris à l’époque : « Cela aurait été trop risqué pour moi à l’époque. Mais avec du recul, je me dis que j’aurais pu y vivre, ou au minimum, j’aurais pu y prendre un appartement et me partager entre les deux villes. Or, je ne l’ai pas fait, et je le regrette. » Est-ce ce regret qui stimule tant de créativité et d’originalité dans un scénario savoureux et rocambolesque ? Le résultat est jubilatoire, délicieux et pictural, doté d’une joyeuse bande-son et d’une luminosité à faire pâlir les grands peintres qui apparaissent dans cette histoire loufoque. Un grand cru de Woody Allen, certainement très inspiré par les lieux.

Firouz-Elisabeth Pillet, de Cannes