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Cinémathèque suisse, Lausanne
Cinémathèque suisse - octobre 2016

Programme

Article mis en ligne le 4 octobre 2016
dernière modification le 21 septembre 2016

par Raymond SCHOLER

Ce mois, coup de projecteur sur Pedro Almodovar, et projection d’un film de Dang Nhat Minh.

Carmen Maura et Penelope Cruz dans « Volver »

Pedro Almodovar
Il est utile, l’année où Almodovar livre son film le plus lisse et le moins passionné, Julieta , de rappeler quelle importance capitale ses premiers films ont eue pour le cinéma ibérique. Quand Pepi, Luci, Bom y otras chicas del monton (1980) fait son apparition sur les écrans madrilènes, avec son cortège de masochistes, lesbiennes et autres drag-queens, Franco est mort depuis 5 ans et l’Espagne aspire à vivre libre : Pedro sera un de ses éclaireurs. Pour commencer, il faut suivre ses pulsions, quand bien même elles ne seraient pas celles de tout le monde. L’amour fou est plus important que le reste, fût-il simplement platonique : ce sera le sujet de Laberinto de pasiones (1982), film manifeste de la Movida. Dans Entre tinieblas (1983), même les bonnes sœurs connaissent la drogue et le sexe. Avec Qu’est-ce que j’ai fait pour mériter ça ? (1984), une citoyenne lambda, femme de ménage et maîtresse de maison, ne peut survivre qu’en inhalant des produits ménagers. Matador (1986), son premier chef-d’œuvre, est d’une complexité peu commune, tournant autour de l’impuissance des mâles, de la tauromachie et du meurtre comme couronnement de l’acte sexuel. Autant dire qu’Almodovar sonde la psyché des Espagnols dans ce qu’elle a de plus intime. La ley del deseo (1987) fait s’entredéchirer deux amants homosexuels. Mujeres al borde de un ataque de nervios (1988) est le premier grand film d’Almodovar sur les femmes, une galerie de portraits montés en vaudeville librement inspiré de La Voix Humaine de Cocteau. Dans Atame ! (1990), un marginal séquestre une actrice porno à dessein de la séduire.

Victoria Abril et Bibiana Fernandez dans « Tacos Lejanos »

Tacones lejanos (1991) raconte les relations entre une fille et sa mère qui se partagent le même amant jusqu’au jour où celui-ci est assassiné. L’enquête s’avère passionnante. Kika (1993) étudie la jalousie entre deux femmes dans le milieu de la télévision, l’une mettant la main sur les images du viol de l’autre. La flor de mi secreto (1995) entre dans l’intimité douloureuse d’une femme écrivain dont le mari est en mission militaire en Bosnie. Carne trémula (1997) est un film noir, où un homme ayant fait de la prison pour avoir aimé se venge de ceux qui ont causé sa perte. Baroque et sensuel, totalement indépendant de la nouvelle de Ruth Rendell qui en fut l’inspiration. Dans Todo sobre mi madre (1999), Manuela voit son fils de 17 ans mourir sous ses yeux et fait transplanter son cœur sur un inconnu. Puis elle s’occupe d’une religieuse sidaïque engrossée par son ex-mari, qui est devenu une transsexuelle qui se prostitue. L’enfant qui va naître portera bien sûr le même prénom que le fils mort et Manuela va l’élever. Hable con ella (2002) traite des relations d’un infirmier avec une patiente dans le coma.

Gabriel Garcia Bernal dans « La Mala Educacion »

La mala educacion (2004) évoque une adolescence passée dans un internat catholique où sévit un prêtre pédophile. Dans Volver (2006), une mère doit trouver un moyen de se débarrasser du corps de son mari, tué par sa fille qu’il allait violer. Le dernier chef-d’œuvre d’Almodovar est sans conteste le sublime La piel que habito (2011) où un chirurgien esthétique impose de multiples opérations au vil suborneur de sa fille pour lui faire changer de sexe et le transformer en sosie parfait de sa femme. Dans Los Amantes pasajeros (2013), un Airbus en route pour Mexico n’arrive plus à sortir son train d’atterrissage et les passagers, croyant leurs derniers instants venus, s’adonnent à leurs fantasmes en toute liberté. On ne s’ennuie en fait jamais dans les films d’Almodovar, mais on s’en approche dangereusement dans le tout dernier.

Antonio Banderas et Elena Anaya dans « La Piel que Habito »

Vietnam-Suisse
Depuis 45 ans, Berne et Hanoï ont des relations diplomatiques suivies. Pour célébrer cet anniversaire, l’Ambassade du Vietnam présente le 14 octobre au cinéma Capitole Nostalgie de la campagne (1995) de Dang Nhat Minh qui remporta en 1995 le Prix du public au Festival international de films de Fribourg. Il s’agit d’une exquise ode à la naissance du sentiment amoureux et au passage à l’âge adulte chez un adolescent passionné de poésie.

LUFF : Lausanne Underground Film & Music Festival
La 15e édition de ce festival qui recèle année après année des œuvres originales, voire sublimes (comme Evolution de Lucile Hadzihalilovic l’année passée), se déroule du 19 au 23 octobre et vaut le détour pour les cinéphiles aventureux.

Raymond Scholer