Arts-Scènes
Slogan du site

Cinéma Danse Expositions Musique Opéra Spectacles Théâtre

Cinémathèque suisse, Lausanne
Cinémathèque suisse - novembre 2016

Agenda

Article mis en ligne le 9 novembre 2016

par Raymond SCHOLER

Le programme de la Cinémathèque consacre de nombreuses projections à Kirk Douglas, qui sera centenaire en décembre prochain, et s’intéresse également au chef opérateur et cinéaste Peter Mettler.

Kirk Douglas
Le 9 décembre 2016, Kirk Douglas sera centenaire. Pour fêter l’événement, la Cinémathèque montre 16 de ses 72 longs métrages de cinéma. Les seuls grands titres manquant à l’appel semblent être Ulisse (Mario Camerini, 1954), The Vikings (Richard Fleischer, 1958), The Last Sunset (Robert Aldrich, 1961) et cette bijou d’opéra de cruauté qu’est The Light at the Edge of the World (Kevin Billington, 1971). Pour Spartacus (Stanley Kubrick, 1960), n’hésitez pas à chronométrer la version montrée : si elle ne fait que 184 min, vous avez été blousé ! Car vous avez droit à la version de 197 min, qui contient notamment une scène de drague entre Laurence Olivier (Crassus) et Tony Curtis (son esclave Antoninus) aux dialogues très gustatifs sur l’orientation sexuelle qui valent leur pesant d’or. À l’heure où l’Amérique risque de passer aux mains des grandes brutes épaisses, Seven Days in May (John Frankenheimer, 1964), où des militaires US préparent un coup d’état dans leur propre pays, est un guide utile pour les démocrates qui se méfient des bellicistes. Dans Lonely are the Brave (David Miller, 1962), Douglas incarne un cowboy individualiste qui descend de ses montagnes sauvages lorsqu’il apprend que son ami a été mis en prison pour avoir aidé des migrants à traverser la frontière. Cela se passait il y a plus de 50 ans !

Kirk Douglas dans « Ace in the Hole »

Ace in the Hole (Billy Wilder, 1951) - où un homme coincé dans un éboulement devient la victime d’un reporter avide de sensations - reste d’une actualité confondante sur la presse à scandale, le voyeurisme des lecteurs, la déformation de la réalité au service du spectacle et l’exploitation des plus bas instincts du public à des fins financières. Dans The Big Sky (Howard Hawks, 1952), deux trappeurs se font damer le pion commercial par une grande compagnie de fourrures. Le capitalisme était déjà bien sur les rails en 1832. The Bad and the Beautiful (Vincente Minnelli, 1952) reste un des plus acerbes autoportraits de l’univers du cinéma. 20,000 Leagues Under the Sea (Richard Fleischer, 1954), la plus fidèle des adaptations de Jules Verne, a dû faire furieusement envie à Jacques-Yves Cousteau : Nemo ne semble pas avoir de soucis financiers avec le Nautilus, alors que la Calypso était un gouffre à fric. Et puis, il faut voir Douglas chanter "And the Moon grew brighter and brighter" en s’accompagnant au banjo. Il paraît que l’acteur avait de la peine à remiser l’identité de Van Gogh au vestiaire lors du tournage de Lust for Life (Vincente Minnelli, 1956), tant il était habité par l’esprit de l’artiste. Jacques Dutronc ne lui arrive en tout cas pas à la cheville, n’en déplaise aux thuriféraires de Pialat.

Kirk Douglas and Lana Turner dans « The Bad and The Beautiful »

Peter Mettler
L’autre grand chantier du mois est l’œuvre du chef opérateur/cinéaste suisse-canadien Peter Mettler, surtout connu pour des documentaires-poèmes tels que Picture of Light (1994), sur le cercle arctique, Petropolis (2009), sur l’exploitation des sables bitumineux du Canada, et The End of Time (2012), un essai cinématographique "aux limites de ce qui peut être exprimé". Il est donc question dans son œuvre de transcendance, de sensations visuelles et sonores, d’intuition, de méditation et de métaphysique. L’impermanence des choses, la résilience de la nature et le danger d’asservissement lié aux nouvelles technologies : voilà des thèmes qui lui sont chers. Il a aussi été le chef opérateur d’Atom Egoyan pour Next of Kin (1984) et Family Viewing (1987).

Autres événements
Le 28 novembre, au cinéma Capitole, Alejandro Jodorowsky présente, si tout va bien, la deuxième partie de son autobiographie. Après le magistral La danza de la realidad (2013), voici donc Poesia sin fin (2016) qui montre le Chilien, qui a atteint la vingtaine, décider de devenir poète contre la volonté de sa famille et fréquenter la bohème artistique de Santiago. Effervescence garantie.

Pamela Flores dans « Poesia sin fin »

Le 17 novembre, toujours au Capitole, c’est le tour aux rédacteurs du livre Rex, Roxy, Royal - Un tour de Suisse à la découverte des salles obscures qui accompagnent la présentation de leur ouvrage (111 cinémas répertoriés avec photos et carte géographique) par la projection de Matinee (1993), le classique de Joe Dante sur une salle obscure en Floride à l’époque de la crise des missiles à Cuba.
Le 20 novembre, mais cette fois à la salle du Cinématographe, Dial M for Murde r (Alfred Hitchcock, 1954) sera projeté en 3D, tel qu’il avait été tourné.

Raymond Scholer