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A Lausanne
Cinémathèque suisse - mars 2015

A l’affiche...

Article mis en ligne le 8 mars 2015
dernière modification le 23 février 2015

par Raymond SCHOLER

La programmation affiche des films de Jean-Luc Godard, Christophe Honoré, Pier Paolo Pasolini, ainsi que des opus du cinéma alémanique...

Godard et Honoré
La mage de Rolle, Jean-Luc Godard, voit sur le tard les récompenses pleuvoir sur son chef. Après le prix du Jury à Cannes pour Adieu au Langage , ce dernier (on peut rêver) opus (en 3D, Messieurs Dames !) a été plébiscité meilleur film par la « National Society of Film Critics » des États-Unis. Beaucoup de « spécialistes » de par le monde le classent parmi les top 5 dans leur bilan annuel (cf. numéro de janvier de la revue britannique Sight & Sound). Pour J. Hoberman, le film est tellement fort qu’il pourrait occuper les 5 premières places (sic). Grégory Valens de Positif (numéro juillet-août 2014) estime toutefois qu’il n’y a rien là de novateur ou surprenant : « L’idée de composer les dialogues d’un collage de citations littéraires ? C’est sa méthode depuis plus de vingt ans. Les interférences sonores, chevauchements de dialogues, au service d’une restitution fidèle de l’expérience auditive de la vraie vie ? Il les pratique depuis Tous les garçons s’appellent Patrick (1957). Adieu au Langage est un foutage de gueule XXL, une arnaque, le pied de nez ultime, après sa consternante installation à Beaubourg, d’un gourou sachant qu’auprès de ses adorateurs, l’élucubration passera pour un coup de génie. » (loc. cit.) La Cinémathèque a décidé de montrer le film 19 fois au mois de mars, sans doute pour pallier l’absence de sortie commerciale, mais aussi pour justifier l’installation passagère d’un dispositif 3D dans la salle du Cinématographe.

« Adieu au langage » de J.L. Godard

Christophe Honoré, qui avait choqué le landerneau de la critique parisienne avec sa dérangeante et sublime adaptation de Bataille, Ma Mère (2004), et qui nous avait ensuite ennuyés à mourir avec Dans Paris (2006), un fac-similé dans le style de la Nouvelle Vague Vaseuse sur des frères déprimés, s’est attaqué à un sujet de taille, les Métamorphoses d’Ovide. Une lycéenne se fait aborder par un garçon très beau, mais très étrange. Un dieu tombé amoureux de la jeune mortelle ? À explorer le 31 mars !

Pour une histoire permanente du cinéma : 1966 (suite)
Deux indispensables : Seconds de John Frankenheimer, où le héros signe un pacte faustien avec une mystérieuse entreprise qui lui offre, moyennant un testament signé et grâce à la chirurgie esthétique, une nouvelle identité, une nouvelle vie. Car un cadavre à sa ressemblance sera trouvé dans un accident. The Chase d’Arthur Penn, où le masochisme de Marlon Brando atteint le paroxysme lorsque, shérif d’une petite ville texane, il se fait longuement tabasser jusqu’au sang par quelques concitoyens fortement avinés qui lui reprochent de ne pas les laisser lyncher un évadé du pénitencier (Robert Redford tout jeune et fringant), qui est venu revoir sa femme (Jane Fonda) que tous les mâles du bled convoitent.

« The Chase » d’Arthur Penn

Trésor des Archives
Roland Cosandey présente le 10 mars Finnland im Kampf qui fut tourné sur le terrain entre mi-février et début mars 1940 par les Suisses E.O. Stauffer et Charles Zbinden et décrit la Guerre d’Hiver qui vit la Finlande résister à l’URSS entre le 30 novembre 1939 et le 12 mars 1940. Montré en 1941 au Metropol à Berne, le film n’a guère été revu depuis.

Trans-Sarine-Express
Sous cette désignation se cachent quelques petits bijoux d’un cinéma alémanique quelque peu délaissé par l’institution, notamment Die Herbstzeitlosen (Bettina Oberli, 2006), Jeune Homme (Christoph Schaub, 2006), Mein Name ist Eugen (Michael Steiner, 2005), Das Schweigen der Männer (Clemens Klopfenstein, 1997) et surtout Dällebach Kari (1970) de Kurt Früh. On fête cette année le centenaire de la naissance de Früh : une rétrospective globale de son œuvre serait la bienvenue.

Franco Citti dans « Edipo Re » de Pasolini

Pier Paolo Pasolini
Les 14 longs métrages réalisés en 15 ans par le poète assassiné seront montrés ce mois, qui plus est, à deux exceptions près, en 35 mm. Chaque œuvre est fascinante, car chacune est en prise sur son époque et en même temps profondément pasolinienne. Par cet adjectif , il faut comprendre « ce mélange de réalisme et de mythologie imaginaire, de sculpture moderne et de fausse préhistoire, toute cette féerie sous-prolétarienne, ce bric-à-brac de tiers monde, cet exotisme hétéroclite et superlatif, ce style d’Eisenstein marocain ou de Fellini de banlieue ouvrière » (Dominique Noguez) qui donne lieu à une combinaison singulière d’amateurisme et de maniérisme : « ces terrains vagues et ces dunes à perte de vue, ces accoutrements baroques et ces jeunes blondinets folâtrant, ces trognes tannées de figurants, ces chairs féminines lourdement étalées, voilà qui ne convainc pas toujours, et ne saurait satisfaire les tenants d’un art de générosité et d’harmonie, auquel pourtant il n’a cessé d’aspirer » (Claude Beylie). Pasolini a été le seul cinéaste à confier un rôle quasi muet à Maria Callas (Medea, 1971) : c’est tout dire.

Raymond Scholer