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Cinémathèque suisse - février 2017

Compte-rendu

Article mis en ligne le 2 février 2017
dernière modification le 27 janvier 2017

par Raymond SCHOLER

Comme d’autres institutions, la Cinémathèque rend hommage au bicentenaire de Frankenstein en projetant en février une sélection de films autour de ce “monstre“ ; d’autre part aura lieu une rétrospective consacrée au cinéaste calatan Isaki Lacuesta, en plus de la projection de films du cinéma québécois contemporain.

Frankenstein
Le bicentenaire de la création littéraire du monstre de Frankenstein par Mary Shelley est fêté par un hommage un tantinet timide, car si le corpus des films influencés par un des premiers vrais ouvrages de science-fiction n’est pas une mince affaire (plus de 180 titres sur IMDB), nous en voyons ici à peine une douzaine. Il ne faudrait surtout pas laisser germer l’idée que la Cinémathèque est en train de s’encanailler dans le genre !

Xavier Samuel dans « Frankenstein » de Bernard Rose

Des grands chefs-d’œuvre de James Whale ( Frankenstein (1931) et The Bride of Frankenstein (1935)), on passe comme chat sur braise sur la série des films de la Hammer (seul le premier du lot, The Curse of Frankenstein (1957) de Terence Fisher, a trouvé grâce aux yeux du programmateur) pour aboutir à la parodie ( Young Frankenstein (1974) de Mel Brooks et Frankenweenie (2012) de Tim Burton) et aux métarécits autour de la genèse du mythe ( Gothic (1985) de Ken Russell et Haunted Summer (1988) d’Ivan Passer). Il reste juste la place pour le remake sensationnel de Kenneth Branagh, Mary Shelley’s Frankenstein (1994), la plus fidèle adaptation de l’œuvre originelle, pleine de bruit, de fureur et de passion. Quant à Frankenstein (2015) de Bernard Rose et Victor Frankenstein (2015) de Paul McGuigan, il s’agit de deux versions toutes récentes, inédites en Suisse comme tant de films fantastiques. Il convient donc de ne pas les manquer.

Teri Garr, Gene Wilder et Marty Feldman dans dans « Young Frankenstein »

Isaki Lacuesta
L’œuvre, inconnue pour moi, d’Isaki Lacuesta, cinéaste catalan de 41 ans, fait l’objet d’une rétrospective intégrale, à l’occasion de l’avant-première, le 26 janvier au Capitole, de son dernier film, La propera pell (2016), troisième coproduction hispano-suisse dans son parcours. Auteur de documentaires sur le neveu d’Oscar Wilde, Arthur Cravan, le légendaire poète et boxeur mystérieusement disparu dans le Golfe du Mexique ( Cravan vs Cravan , 2002), sur Ava Gardner, l’étoile hollywoodienne follement amoureuse de l’Espagne ( La noche que no acaba , 2010), mais aussi sur des objets observés au microscope électronique ( Microscopias , 2003) ou sur le cinéma de Chris Marker ( Las variaciones Marker , 2007), Lacuesta se targue de faire un cinéma poétique entre fiction et réalité. Le fait qu’il se sent des accointances avec le cinéma de Naomi Kawase n’est pas pour nous rassurer !

Àlex Monner et Emma Suárez dans « La propera pell »

Trois fictions éventuellement à explorer : Los condenados (2009) sur des retrouvailles d’ex-guérilleros à l’occasion de l’exhumation d’un compagnon d’armes, La propera pell (2016) sur le doute d’identité que provoque un enfant retrouvé huit ans après sa disparition, et Muriero por encima de sus posibilidades (2014) où cinq citoyens voient leur vie se briser suite à la crise économique et élaborent un plan pour sauver leur peau : à ce qu’il paraît, un humour très noir et un portrait terrible de L’Espagne corrompue.

Cinéma Québécois contemporain
Les temps où Denys Arcand semblait représenter à lui tout seul le cinéma québécois avec des œuvres comme Le Déclin de l’empire américain (1987) ou Jésus de Montréal (1990) sont définitivement révolus. Aujourd’hui, le foisonnement de cinéastes du cru est impressionnant : les 24 films de ce programme en sont la preuve. L’accès facile de certains de ces réalisateurs aux festivals de haute renommée laisse quelquefois perplexe. Xavier Dolan et Denis Côté, pour ne citer qu’eux, réussissent rarement leurs films et pourtant ils sont des habitués de Cannes, Venise ou Berlin. Tom à la ferme (2013) pour le premier et Vic + Flo ont vu un ours (2013) pour le second sont leurs seuls films passables.

« Rebelle » de Kim Nguyen

Films à ne pas manquer : Rebelle (Kim Nguyen, 2012), puissante évocation de destins d’enfants soldats en Afrique centrale ; Le Démantèlement (Sébastien Pilote, 2013), où un éleveur de moutons est acculé par la crise à une décision dramatique. Denis Villeneuve est sans doute le cinéaste le plus doué de sa génération, même si son Arrival/Premier Contact (2016) est gâché par une stupide trame secondaire sur la non-linéarité du temps, concept aussi absurde que les distances négatives. Le programme nous donne l’occasion de voir Polytechnique (2009), son troisième long métrage, encore inédit en Suisse. Comme le sont six autres films de cette rétrospective, à commencer par Les Mauvaises Herbes (2016) qui a ouvert le programme en présence de son réalisateur, Louis Bélanger, le 31 janvier au cinéma Capitole. La consultation du bulletin de la Cinémathèque est donc indispensable.

Raymond Scholer