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Cinémathèque suisse, Lausanne
Cinémathèque suisse en octobre 2014

Programmation d’octobre

Article mis en ligne le 9 octobre 2014

par Raymond SCHOLER

Le programme prévoit une rétrospective Amos Gitai, les projections liées au festival KINO et un aperçu sur l’Histoire Permanente du Cinéma : 1965.

Amos Gitai
La rétrospective Gitai entre dans son deuxième mois. Des 18 films de fiction que le cinéaste a tournés depuis 30 ans, seule une poignée a été montrée en Suisse : Kadosh (1999), Kippur (2000) et Free Zone (2005), pour ne citer que ceux qui ont eu un certain retentissement. Le moment est donc venu pour les cinéphiles de combler leurs lacunes en cinéma israélien, quand bien même ce dernier ne saurait être ramené à son auteur le plus prestigieux. La participation de stars européennes pourrait constituer un attrait supplémentaire : par exemple, Hanna Schygulla et Anne Parillaud impliquées dans la traite de blanches Estoniennes en terre bédouine ( Promised Land , 2004) – ce qui donne à Gitai l’occasion de peindre Israël comme un vaste bordel capitaliste en ces temps de globalisation ; Juliette Binoche jouant une Française d’origine israélienne qui cherche sa fille à Gaza au moment du retrait de Tsahal en 2005 ( Disengagement , 2007) ; Hippolyte Girardot, en fils de Jeanne Moreau, se penchant sur le sort de ses grands-parents morts dans les camps ( Plus tard tu comprendras , 2008) ; Léa Seydoux en Française ayant survécu à l’Occupation pour devenir une consommatrice effrénée, constamment aux aguets pour acquérir de nouvelles possessions matérielles ( Roses à crédit , 2010).

« Promised Land » d’Amos Gitaï

Parmi les documentaires, celui qui concerne sans doute le plus directement la vie de l’auteur, est Kippour, souvenirs de guerre (1997) : « En 1973, pendant la guerre du Kippour, un hélicoptère transportant une unité de secouristes israéliens est abattu au-dessus du plateau du Golan. Amos Gitai figurait parmi les sept hommes à bord. Vingt ans plus tard, il réunit les membres de l’équipage et retourne sur les lieux. » Dans Milim/Mots (1996), trois itinéraires se croisent : celui de Flavius Josèphe au moment de la destruction du temple de Jérusalem en l’an 70, celui de Yitzhak Rabin, assassiné en 1995, et celui de la solution finale. Dans Guerre et Paix à Vesoul (1997), l’Israélien Amos Gitai et le cinéaste palestinien Elia Suleiman parlent à bâtons rompus de la guerre et de la paix au Proche-Orient dans le train qui les emmène au festival de Vesoul.

« Kippour souvenirs de guerre » d’Amos Gitaï

Festival Kino
Pour sa deuxième édition, ce festival consacré aux cinématographies nouvelles issues des pays de l’ancienne URSS, aligne 7 films de provenances diverses. Nous avons retenu les suivants : Ekskursante (2013) du Lituanien Audrius Juzenas, un drame historique situé dans les années cinquante, à l’époque des déportations en masse de Lituaniens vers la Sibérie. Une petite fille de 12 ans et sa mère enceinte se retrouvent dans un wagon à bestiaux en route pour le goulag. La mère décède en route, son cadavre est largué sans procès. Des passagers (bienveillants ?) évacuent l’orpheline du train par un soupirail. Elle se sauve dans la taïga. Réussira-t-elle à survivre et rejoindre sa terre natale ? Classe de Rééducation (2014) du Russe Ivan I. Tverdovsky est une œuvre déchirante sur des ados physiquement ou mentalement handicapés que le système éducatif préférerait faire disparaître plutôt que de contribuer à leur insertion dans la société. Dans Love is Blind de l’Estonien Ilmar Raag, la jeune Kertu vit depuis 30 ans sous la férule de son père. Timide et réservée, elle a peur des étrangers ; un jour, prenant son courage à deux mains, elle décide de changer de vie et prend contact avec un marginal alcoolique et coureur de jupons. Blind Dates du Géorgien Koguashvili, prix du jury au festival d’Abou Dhabi, présente un enseignant quadragénaire qui vit toujours chez ses parents ; il se lie un jour avec une mère d’élève. Hélas, elle est mariée à un repris de justice dont la mise en liberté est imminente.

« Blind Dates » du Géorgien Koguashvili

Histoire Permanente du Cinéma : 1965
L’occasion se présente de voir sur grand écran le sensuel et rare Vaghe Stelle dell’Orsa/Sandra de Luchino Visconti, tourné - pour la petite histoire - sur la flambant neuve autoroute Genève-Lausanne, à peine inaugurée. Le récit concerne la réunion, après des années d’absence, entre un frère et une sœur liés par des sentiments incestueux, réunion qui confirme que la flamme de leur passion n’est pas éteinte. Le Premier Maître , le premier film d’Andreï Mikhalkov-Kontchalovsky, est le remake non avoué de Odna/Seule (1931) de G. Kozintsev et L. Trauberg, l’institutrice étant remplacée par un instructeur de l’Armée Rouge, et l’Altaï (mongol) par le Kirghizstan. Les costumes traditionnels diffèrent à peine.

Raymond Scholer